Troisième album pour les suédois de Nostradameus qui, l’air de rien, continuent d’effectuer leur mue. On est désormais bien loin de leur premier opus et de son speed mélodique entraînant, voguant entre HELLOWEEN et Edguy. Un album de qualité qui avait constitué une très bonne surprise en 2000.

On avait déjà pu ressentir ce léger changement de cap sur l’excellent The Prophet Of Evil, le second album, avec des compos plus lourdes et plus sombres et il continue (ou s’achève, l’avenir nous le dira) sur The Third Prophecy, au point que Nostradameus se rapproche beaucoup d’Angel Dust. Les mauvaises langues pourront désormais se taire, car le groupe ne véhicule plus les clichés qui abondaient sur le premier album.

De même, le groupe ne cède plus autant à la facilité (le terme n’est pas péjoratif, car si les mélodies de Words Of Nostradamus étaient effectivement faciles, elles avaient le don de faire mouche à chaque coup) et les compositions, outre le fait qu’elles se durcissent notablement, s’enrichissent d’effets, de breaks et de changements de rythme, un peu à la manière du progressif. Des mélodies moins catchy, donc, et qui s’assimilent après de nombreuses écoutes.

Mais, pas de panique car le moins que l’on puisse dire, c’est que Nostradameus fait toujours montre du même talent, que ce soit dans un registre plus happy metal ou dans ce registre sombre qui prévaut sur leur nouvel album. Ceux qui avaient apprécié Words Of Nostradameus seront certainement quelque peu désabusés, c’est vrai, mais ils retrouveront chez Nostradameus la même capacité à exacerber le côté épique de leur musique ou à fournir des riffs incisifs et des soli passionnants. Le talent est toujours présent, seul le registre évolue.

Le premier titre met immédiatement dans l’ambiance avec son thème symphonique magnifique que l’on retrouve régulièrement, son tempo lourd, ses mélodies épiques lancinantes et son chant écorché. Un titre assez complexe et passionnant de bout en bout. La suite est sensiblement du même acabit, avec son lot de riffs incisifs (Those Things You Did, HMS Ulysses), ses mélodies épiques (If We Believe, In Harmony) ou sa noirceur omniprésente (1986, le splendide instrumental Towards The Sleep), même si cette dernière sait parfois s’effacer au profit de mélodies moins tourmentées, notamment sur les lignes vocales (l’excellent Future Will Show, HMS Ulysses) ou lors des refrains (Those Things You Did). En parlant de refrain, il y en a un à ne pas rater, c’est celui de In Harmony, magnifique et qui ponctue un superbe titre. Sans doute l’un des tout meilleurs de The Third Prophecy et qui pourrait faire de l’ombre à l’hymne du groupe, One For All, All For One. Hymne que l’on retrouve d’ailleurs en bonus dans une version live qui, le moins que l’on puisse dire, ne le met pas à l’honneur. Le son est trop pourri et gâche l’ensemble de manière désastreuse. Ce dernier contraste fort heureusement avec la production de l’album, impeccable, percutante et qui met bien en valeur l’aspect heavy de la musique de Nostradameus. C’est d’ailleurs une constante chez le groupe.

Un groupe qui se fait plutôt discret en France depuis son premier album mais qui mérite une attention toute particulière. Les qualités sont belle et bien là et cet album saura contenter les amateurs de metal lourd, épique et mélodique. Un groupe qui, pour ma part, ne m’a jamais déçu.