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- Style : Anal Stabwound, Suffocation, Disgorge [us], Wormed, Deeds Of Flesh
- Membre : Eternity's End

DEFEATED SANITY - Disposal Of The Dead // Dharmata (2016)
Par REMISSA le 30 Juin 2024          Consultée 513 fois

Évoluer dans un registre à haute exigence n'était manifestement pas assez compétitif pour DEFEATED SANITY. En effet, il leur faut désormais prendre des risques de zinzin pour étancher leur soif de création et s'enfoncer encore plus loin dans l'extrême et surtout l'inattendu. Résultat des courses, est-ce-que même ça c'est trop facile, ou alors la boîte de Pandore à conneries vient-elle d'être ouverte avec un premier fashion faux-pas au bout de cinq albums ?

Car "Disposal Of The Dead" ("DotD") est assurément singulier dans son approche. Enfin, c'est plutôt "Dharmata" qui l'est, je m'explique. Sous la forme d'un faux double-CD, nous avons le droit à six titres DEF SANiens classiques ("DotD") et cinq autres… dont je vous garde la surprise pour après. Après tout, quitte à sortir un split, autant le faire avec soi-même : au moins on sait à quoi s'attendre, c’est pas con. Toujours est-il que si vous trouviez les Allemands intenses sur leur format classique d'une demi-heure, vous êtes bons pour vous infliger ici un bon quart d'heure de plus et l’Efferalgan qui va avec. Allez, développons.

PARTIE I - DISPOSAL OF THE DEAD
Partie la plus classique, ou tout du moins ce qu'il est communément attendu lorsque l'on parle de DS, "DotD" propulse le quartette vers des sommets techniques que l'on pensait pourtant déjà atteints, et se permet de caracoler dans une aisance dérangeante, se permettant même le luxe de nous faire entrevoir des émotions plus profondes que de la simple admiration technique, approfondissant vers une extase aussi inaccessible que complexe. Bien évidemment la lourdeur et la violence sont plus que jamais de mise, mais si tant est d'oser l'effort de creuser au-delà des apparences, de cette brutalité en ressort une poésie démente où chaque lettre serait pourtant mesurée. La symbiose manifeste des membres, toujours rassemblés autour des fûts de Gruber produit ainsi des pépites absolues, en témoigne une danse de couteaux sur "Generosity Of The Deceased" entre le riffing de Kühn et le solo du batteur, inqualifiable, si ce n'est surhumain. Jusqu'à "The Bell", la montée de la puissance et de la technique se fait crescendo jusqu'à un "Suttee" (*) dantesque. La production est quasi-intacte au regard de l’effort précédent ("Passages Into Deformity"), avec cette ambiance caverneuse mais pourtant assez lisible, extirpant le mixage d’une impression de bruit de fond, suspendue pourtant comme une épée de Damoclès à ceux qui s’essayent à l’exercice. À ce stade de l’écoute, nous aurions eu un album de DEF SAN classique dans l'excellence du c'en était resté là. Et c'est pourtant là que la prise démesurée intervient.

* L'album aborde très largement les rites hindous et bouddhistes, et pour ne détailler que celui-ci, le Suttee (ou Sati) est une coutume funéraire où une veuve se suicide par immolation dans le bûcher de son défunt mari pour atteindre un stade de divinité et se voir prodiguer des pouvoirs posthumes, déclenchant un surcroît d’honneur sur la famille. Brutal, et passionnant.

PARTIE II - DHARMATA
N'ayant désormais plus rien à prouver à un auditoire émérite sur sa capacité à produire un Brutal Death Tech de très haute volée, Gruber et sa bande osent le virage au frein à main et s'essayent à un Death Prog perfusé à l’ATHEIST / DEATH / CYNIC, et pour cause. Même les plus bouchés d'entre-vous remarqueront que les borborygmes sourds de Lühring ne sont plus de mise, et les ouïes les plus aiguisées identifieront le timbre de Max Phelps (CYNIC donc).
Sans transition, et sans crier gare, ce Death Tech Prog aux influences jazzy plus que criardes (clin d'oeil vraisemblable au feu père de Gruber, lui-même batteur dans des formations de Jazz dans ses jeunes années) a de quoi déstabiliser. Sans être contre-nature, car génétiquement ancré dans l’ADN du seul membre fondateur restant, les morceaux sont imprévisibles, exagérément intriqués, et extrêmement subjectifs à l’appréciation. Les titres sont inévitablement plus longs, avec des soli de guitare plus lisibles et un Gruber en roue libre, essayant tous les éléments de son kit qui devaient prendre sacrément la poussière (cowbell et autre guiro pour ne citer que cela). Sans survoler l'exercice dans ce style inattendu comme lors de la première partie, l'expérience en vaut la peine, la difficulté de produire du premier coup une demi-heure tangible n'est clairement pas à la portée du premier quidam venu, donc respect oblige. La compréhensibilité des paroles est également profitable au sens plus profond qui leur est dédié, bien que tombant dans un registre cryptique, moins brut de fonderie en tout cas que "DotD", mécaniquement plus rentre dedans. Allez éructer sans tousser les paroles suivantes, on en reparlera :

"The power of its grace will separate thee from the tormenting furies and thou will wilt obtain ability to select the womb-door you desire" - "Return To Samsara".

Malgré tout, de son hétérogénéité se manifeste l'unique faiblesse de "DotD//Dharmata". Impossible, même pour un fan hardcore comme moi (je dois bien concéder mon biaisement) d'aimer autant la seconde partie que la première, comme on le ressentirait pour l'aîné d'un cadet. Allez ne faites pas semblant, vous préférez l'un de vos gamins ! Enfin, dans le cas présent, on préférerait son chiard qui a fait Polytechnique au détriment de celui qui a fait les Mines. Qu'il est bourgeois de s'accommoder aussi facilement de l'excellence !

Et merde, je me lave les yeux à la Javel lorsque je lis à plusieurs reprises des reviews qualifiant "Disposal Of The Dead" de bas de plafond ou de bourrinage sans corps ni âme… Bis repetita, DEFEATED SANITY n’est pas fait pour toutes les esgourdes, surtout les plus obtuses…

Note réelle : "DotD" : 5/5, "Dharmata" : 4/5, donc 4,5/5.

Morceaux préférés :
- "DotD" : "Generosity Of The Deceased", "Suttee", "Into The Soil"
- "Dharmata" : "The Quest For Non-Existence", "The Mesmerizing Light", "Return To Samsara".

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   REMISSA

 
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- Konstantin Lühring (chant sur 'dotd', backing vocals sur 'dharmata')
- Max Phelps (chant sur 'dharmata)
- Lille Gruber (batterie)
- Jacob Schmidt (basse)
- Christian Kühn (guitare)


1. Remotio Mortuorum
2. Into The Soil
3. Consuming Grief
4. Generosity Of The Deceased
5. Suttee
6. The Bell
7. Dharmata
8. The Mesmerizing Light
9. At One With Wrath
10. The Quest For Non-existence
11. Return To Samsara



             



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