Contrairement à des collègues plus âgés que moi (oui je suis la plus jeune de la team NIME), je n’ai pas vécu le Neo Metal, j’étais à l’époque bien trop jeune et en terme de passion musicale je me contentait de me passer en boucle le Greatest Hits de THE OFFSPRING et le "Meteora" de LINKIN PARK du grand frère. Donc autant dire que je n’ai pas de grande nostalgie envers cette période et si le Metal des années 90 et celui qui me fascine le plus, ce n’est pas forcément pour sa scène Neo. Néanmoins, j’ai appris à apprécier ce genre et un petit KORN de temps en temps est toujours un sacré plaisir. Et c’est là qu’intervient MEMORRHAGE, car si les années 10 ont baigné dans le revival des années 80, ces temps-ci on a tendance à en sortir pour aller fouiller dans les 90’s et les 2000, les exemples sont moults, mais en terme de revival Neo, il n’y a pas forcément foule. Tout au plus on reprends des éléments du genre en le mélangeant à autre (je pense à VEXED qui avait mis du Neo dans sa mixture Metalcore Indus). Et donc, MEMORRHAGE arrive, tout de jogging vêtus, pour nous rappeler à quel point c’est bon d’écouter du Neo.

Le Neo de MEMORRHAGE est donc un gros hommage au Neo Metal, vous y trouverez donc tout ce qui fait le sel du genre, des riffs turbo débiles mais ultra efficaces, une basse qui groove dans tout les sens, un mélange de chant hurlé et de chant clair, du scratch et la volonté de faire un truc direct, accrocheur et donnant envie de tout casser, le tout condensé en 36 minutes. Alors clairement, c’est le genre d’album où on s’amuse a repérer toute les influences, le chant est totalement calqué sur celui de Corey Taylor aussi bien dans le hurlé que dans le clair (même si sur ce point là, Garry Brent peine un peu à se montrer convainquant), la basse va alterner entre des lignes groovy à la KORN et des trucs un peu plus foufou jumpy à la MUDVAYNE, d’un point de vue riffing c’est un pot pourri d’absolument tout ce qui existe dans le genre donc je vais pas commenter chaque riff. Donc sur ce point, il s’en tire bien notre Gary (qui est seul derrière le projet et qui a aussi quelques autres projets assez sympa à côté), l’album est super fun à écouter, c’est effectivement ultra efficace et accrocheur et on passe un bon moment.

Mais du coup, si ce n’est qu’un simple pot pourri de Neo, quel est l’intérêt de cet album ? Pourquoi écouter ça plutôt que de retourner sur les valeurs sûres à qui il rend hommage ? Bon déjà parce que c’est un bon condensé du style sur une grosse demi-heure et ça s’enfile plus facilement que plusieurs albums mais aussi parce que MEMORRHAGE arrive quand même à se construire une véritable identité à partir de son patchwork de référence. Parce qu’en terme de Neo, MEMORRHAGE va chercher la violence, on est loin de la frange ultra radiophonique du genre, et dans un esprit très Fusion, on sent des influences extérieures au genre, notamment une bonne grosse dose de Grind. Écoutez "Lost" par exemple, ce morceau sonne totalement comme un morceau de NAPALM DEATH période "Diatribes" auquel on aurait rajouté un peu de scratch, ou même le chant de Garry de manière générale, si il est très Corey Taylor, il se rapproche pas mal de celui de Barney lors des passages les plus énervés. À côté de ça, on a le droit à quelques touches Électro et des riffs Indus de-ci de-là sur tout l’album (parce que les riffs Neo c’est déjà trop subtil pour l’album) ainsi que quelques passages plus posés sur la deuxième moitié de l’album, et c’est quitte ou double, sur "Knurl" je trouve qu’ils niquent totalement le rythme du morceau tandis que sur "Brain Wield" je les trouve très bien intégrés. Et merde en terme d’influence sortie d’un peu nulle part, écoutez aussi le refrain de "Lunge", on le dirait sorti d’un morceau d’IN FLAMES période "Soundtrack To Your Escape", et c’est juste tellement bien.

Enfin voilà, l’album est excellent et tiens vraiment bien la route. Néanmoins, il y a quand même deux trois trucs qui me chiffonne. Déjà le scratch, il est cool, bien mixé et tout, mais il est totalement en roue libre et dès fois j’ai l’impression qu’il est de trop (genre sur "Lost", il arrive vers le milieu du morceau qui était déjà excellent sans et je trouve qu’il ne lui apporte pas grand-chose). Et ensuite je trouve que l’album est structuré un peu connement en mettant en première moitié que des morceaux débilement fun et bourrin pour aligner sur la fin des trucs plus variés et tentant plus de trucs (les moments planant, une influence Indus plus prononcée, un truc presque radio-friendly avec "Utility") et je trouve ça dommage parce que j’ai quand même souvent décroché de l’album après "Lost" justement parce que j’avais ma dose, alors que ça me fait louper des morceaux vraiment excellents (l’enchaînement "Brain Wield" / "Lunge" / "Utility" est juste démentiel).

Donc voilà, MEMORRHAGE nous sort un album vraiment bon, direct, fun et sentant bon la fusion fin 90, début 2000. Alors qu’on peut s’attendre à un simple patchwork d’influences purement nostalgiques, il arrive à s’affirmer en se dévoilant bien plus que ça et c’est un album tout simplement jouissif malgré quelques défauts et son bourrinage de début d’album qui cache un peu trop bien les bonnes surprises de celui-ci.