Tremblez sombres lecteurs, TSJUDER est revenu et va vous botter le fondement à maintes reprises. De quoi peut-être vous voir surpris d’un plaisir coupable et d’en redemander. La nature humaine est si complexe… Voilà un petit bout de temps que notre duo diabolique n’avait pas montré ses tendres frimousses corpse « paintées ». Huit petites années ont été nécessaires – après la tempête brutale de "Antiliv" - pour que TSJUDER reprenne les choses en main et le bouc par les cornes. Le "Helvegr" de 2023 souffle sur nos gueules avec maestria et avec une fureur que nos chers norvégiens n’ont aucune envie de contenir.

Nag et Draugluin, notre duo norvégien en place depuis quasiment trente ans, aura su garder une production point opulente mais efficace. Six albums depuis leurs débuts en 1995 dont quelques-uns auront eu leur part dans la reconnaissance du groupe sur la scène Black Metal. Je pense notamment au plus fameux d’entre eux, "Desert Northern Hell", l’album du blasphème, vitupérant à souhait, envenimé et brutal sorti en 2004. TSJUDER s’est toujours conforté dans un Black Metal Brutal, un peu trop intangible à mon sens, une sorte de MARDUK ou de The LEGION mais en bien plus malsain et immoral. Le groupe a ainsi toujours conservé cette note satanique authentique, incommodante, portée par les éructations caustiques et fielleuses des vocaux de Nag. "Helvegr" s’impose, et malgré les années, le talent reste. Le duo diabolique nous propose ici des compositions davantage variées (serait-ce la voix d’une sagesse luciférienne ?), qui ravissent nos oreilles et augmentent quelque peu l'aura du groupe. Cela fait donc plaisir à entendre, bien plus par exemple que l’écoute décevante que j’ai faite du dernier AETERNUS, "Philosopher", qui peine à enthousiasmer.

Parce que morbleu, TSJUDER nous envoie une belle sauce dans la gueule, et des riffs mélodiques à souhait sont de la partie tout du long de l’album. Je pense notamment aux tracks tels que "Chaos Fiend", "Gods Of The Black Blood", et le génialissime title track, l’acmé de l’album à coup sûr, qui sont de beaux petits concentrés furibonds, destructeurs d’âme en puissance. Nulle inquiétude, TSJUDER ne s’est pas transformé ni lové dans la fange mélancolique et atmosphérique, le duo norvégien reste bestial et le fait savoir avec des titres survitaminés tels que "Iron Beast", ou bien encore "Gamle-Erik". TSJUDER reste TSJUDER.
La rythmique introductive de "Surtr" fait furieusement penser au riff de "At The Fathomless Depths" de DISSECTION. Sa conduite même fait ressortir, pour mon plus grand plaisir, les composantes rythmiques de l’émanation suédoise, entre leads mélodiques véloces et haute intensité. Néanmoins TSJUDER amoncelle dans ses compositions une agressivité féroce et un côté belliqueux fort prononcé, qu’il s’agisse de sa marque de fabrique ou d’un nouvel élan, "Helvegr" fait mouche.

J’aurais souhaité une production plus incisive avec une petite saillance d’aigus un poil plus prononcée, afin de me faire saigner davantage les oreilles. Je suis un peu nostalgique du son de "Desert Northern Hell", ceci explique cela sûrement. Les compositions sont cependant plus détaillées que sur l’album de 2004 mais le son étouffe quelque peu justement cette variété. Gagnant en puissance mais moins en transparence, ce "Helvegr" reste performant n’en doutons pas. À l’image de cette pochette, TSJUDER se répand et continue sa route inexorable vers le soleil des enfers, de jour comme de nuit. Les amateurs de Brutal Black Metal seront aux anges, les autres gagneront à être curieux en écoutant cet opus qui revient dans sa course à être quasiment à égalité avec le fameux "Desert Northern Hell". La version limitée de "Helvegr" comprend d’ailleurs un autre CD, qui est un EP Tribute à BATHORY nommé "Scandinavian Black Metal Attack" sorti en même temps. L’œuvre de Quorthon a toujours fait partie des influences de TSJUDER, ce n’est pas la première fois que des reprises apparaissent sur leurs œuvres, et cela double le plaisir.

Note réelle : 3,5/5.