La vie de SECRET SPHERE n'est pas un long fleuve tranquille. Après le départ de Marco Pastorino et Michele Luppi, le groupe malgré un "Nature Of Time" extrêmement riche, n'avait jamais autant brillé que ce jour de janvier 2021 où le single "Lifeblood" renouait avec les envolées Power Metal grandioses de l'ère Messina. Dans un marché où il faut toujours alimenter la machine, et dans un contexte où la reprise des concerts a été largement perturbée par les dérèglements du Covid et une inflation galopante, les Italiens ont décidé d'innover à leur niveau, en présentant une performance "live in studio" d'un florilège de titres, histoire d'entériner le retour du fils prodigue, avec lequel aucun enregistrement en concert officiel n'existe.

Ramassé pour tenir sur l'équivalent d'un très gros EP ou d'un mini-album, comme vous préférez, même si la question du format se pose, "Liveblood (The Studio Session)" est accessible par deux médias : YouTube, où la performance filmée est visible en intégralité sur la chaîne de son label Frontiers Records, et via les plateformes de streaming (ce qui explique aussi en partie pourquoi je ne l'ai pas chroniqué plus tôt, la sortie était passée sous le radar). Aucun format physique n'est envisagé pour l'instant.

Cela ne doit pas pour autant empêcher de prendre "Liveblood" comme un snack bien agréable, revisitant pour sa plus grande part le dernier album mais aussi pour quasi moitié des titres antérieurs à 2012. "The Scars That You Can't See" du modeste "Archetype" fait bien sa place, coincé entre les deux mastodontes de "Lifeblood". Si "Scent Of Human Desire" reste un album décrié, il n'est en définitive pas si loin de ce que le groupe a pu proposer sous l'ère Luppi. En choisissant "Rain" plutôt que "More Than Simple Emotions", SECRET SPHERE choisit une forme de cohérence artistique, tant ce titre semble bien plus récent et aurait pu trouver sa place sur "Lifeblood".

C'est la force de cet enregistrement, de montrer que le quintette (Antonio Agate a préféré conserver son rôle d'homme de studio) qu'on a souvent eu du mal à saisir au fil de ses sorties, semblant parfois manquer de cohérence outre des qualités mélodiques évidentes, reste cohérent, et que malgré les changements de personnel, le trio Lonobile-Burrato-Messina constitue l'âme de SECRET SPHERE.

La performance de trente-cinq minutes n'a ainsi pas le temps de nous lasser, et on peut saluer le travail du groupe, qui a eu l'honnêteté de ne pas retoucher massivement les bandes, quelques bruits parasites, et autres approximations de placement (légères) voire de justesse vocale (minime là aussi, et Ramon privilégiera de toute façon toujours l'intention à la propreté, même s'il propose une prestation de haut niveau). Un petit bonus pour les fans comme moi. Comme je le disais, du "snack content" à la mode.