Poursuivant la démarche initiée en 2017 avec le premier volet "Reforged", Piet Sielck et ses sbires continuent la quête de récupération sur les droits des titres de l'époque Noise Records. Et la formation hambourgeoise y aura été tellement fidèle que ce sont pas moins de cinq albums bloqués pour cette question. Mais en nous proposant une nouvelle double compilation de vingt-quatre titres, on peut se douter que le groupe a poussé le concept suffisamment loin. Tellement qu'il aura même parfois réenregistré certains de ses titres avant de se lancer dans ce projet fou, qui a au moins une qualité : donner une forme d'homogénéité au catalogue d'un groupe pas mal chahuté par les changements de personnel, et qui goûte une belle stabilité depuis quinze ans, quand bien même Thomas Nack a fini par raccrocher les baguettes en 2016.

Alors faisons le point. Concernant "Iron Savior", huit titres sur dix avec ces deux nouvelles reprises de "Children Of The Wasteland" et "Protect The Law". Pour "Unification", c'est tout l'album excepté "Forevermore" qui a désormais sa nouvelle existence, album le plus outrageusement représenté sur ce "Reforged – Ironbound" avec "Dark Assault", qui rattrape le déséquilibre du premier volet qui n'en avait récupéré que "I've Been To Hell". Sept sur onze. Quant à "Condition Red" c'est quasi le carton plein, le groupe n'ayant juste pas revu "Walls Of Fire". Et le dernier du peloton "Battering Ram" aura eu droit à six titres sur onze, et c'est particulier, car le dernier est un titre uniquement présent à l'origine sur la version japonaise de l'époque ("Living On A Fault Line").

Donc de ses cinq premiers disques, il ne reste plus que treize titres non actualisés de cette première époque. Après, si vous avez lu mon papier sur "Reforged – Riding On Fire", vous aurez remarqué que je n'avais pas toujours été laudatif envers les nouvelles versions, qui n'amélioraient pas substantiellement les enregistrements d'origine, dont certaines spécificités contribuaient à la personnalité, je pense notamment au jeu de batterie de Dan Zimmermann ("Unification") et Thomen Stauch ("Iron Savior"). Patrick Klose s'acquitte du job avec habileté mais sans faire oublier ses prédécesseurs. Et puis il faut noter que tout sonne plus grave, le groupe ayant progressivement abaissé son accordage d'un demi-ton.

Si certaines nouvelles versions de ce volet "Ironbound" accusent les mêmes défauts que sur le volet "Riding On Fire", notamment sur "Solar Wings" qui malgré l'inconsistance de sa production originale (notamment la batterie de l'ex GAMMA RAY Thomas Nack) reste plus appréciable dans sa version d'origine. Ce titre va forcément nous intéresser, tout comme l'inénarrable "Deadly Sleep"… parce que ces deux titres étaient pour tout ou partie interprétés par Kai Hansen à l'origine. Et là où j'ai regretté son absence (sur "Watcher In The Sky" surtout), il est revenu aux côtés de son vieil ami pour garder le lustre d'antan. Mais autant Piet Sielck a effectué de gros progrès vocalement en quinze ans, Kai Hansen a décliné même si depuis le début de la nouvelle décennie de sérieuses améliorations ont pu être observées tant avec HELLOWEEN que GAMMA RAY, quand bien même il est toujours suppléé par Frank Beck.

Donc "Solar Wings" c'est moyen. Mais il n'en est pas de même pour "Deadly Sleep" où le gnome à la RR rouge est excellent, avec toujours la conviction chevillée aux tripes, même si selon moi on n'atteint pas l'excellence de la revisite de "Valhalla" de BLIND GUARDIAN avec le même Kai. Et pour la peine, c'est son fiston Tim (INDUCTION) qui prend la suite du padre au solo, avec brio par ailleurs. On retrouvera Kai également aux solos sur les titres qu'il interprétait à l'origine. Et je dois bien admettre que ça fait sacrément du bien. Et ce disque va nous faire passer d'une impression à une autre assez régulièrement. Pour un "Made Of Metal" pas mieux refait, on a "Forces Of Rage" qui malgré la tonalité plus grave qui lui sied un poil moins, se révèle parfaitement dans cet exercice, ou encore ces deux versions de "Brothers" qui paraissent quasi identiques, si ce n'est le chant plus agressif de Piet.

Je vais pas vous faire un dessin, mais vous avez compris l'idée. Il sera très pratique de s'offrir les deux "Reforged" pour remplir un peu le frigo de Piet Sielck, qui s'est tout de même sacrément démené ces dix dernières années pour nous garder en haleine et nous proposer régulièrement du matériel, le plus souvent qualitatif, et revisiter d'un coup cinq albums et presque dix ans de carrière, avec un son homogène, et le bonus de retrouver sur ce deuxième volume la star qui accompagnait Piet à ses débuts. Ce deuxième volume me semble avoir un poil amélioré la sauce, complétant même son deuxième disque avec deux reprises pour le moins étonnantes, et la tracklist qui cette fois-ci est rigoureusement chronologique, comme quoi des fois, ça ne sert à rien de se prendre la tête pendant cent sept ans. Et puis IRON SAVIOR n'a pas le temps pour ça, car la rentrée 2023 est synonyme de nouvel album studio… son douzième recueil de compositions originales.