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- Style : Nine Inch Nails, Filter, Health

GODFLESH - Purge (2023)
Par ISAACRUDER le 27 Août 2023          Consultée 1492 fois

On peut compter sur GODFLESH pour trouver des noms d'album qui résonnent avec notre temps. "Purge" est certainement le mot qui convient en ces instants post-émeutes historiques où le terme a pu circuler dans les méandres des réseaux sociaux, inspiré par la saga de films d'horreur et une américanisation évidente des esprits. L'idée de "purge" a été utilisée des deux côtés du spectre de l'enfer, que ce soit chez les racailles apatrides ou chez les nationalistes radicaux fatigués des violences dans l'Hexagone. Qu'importe le camp, force est de constater que l'époque va vers davantage d'affrontements, de haine mutuelle et de ressentiment. Les amateurs du grand soir révolutionnaire, qu'ils soient de gauche ou de droite, ont chacun leurs fantasmes, et le terme de "guerre civile" était sur de nombreuses lèvres. Pourtant, ces émeutes n'avaient rien de politique. Ni liées à la misère, ni à des revendications quelconque, elles étaient le fruit d'un abêtissement généralisé, d'un désir de jouissance et d'une possession massive de la part du démon de la Fête. C'est ce constat qui rend le drame plus alarmant; il y a une génération pleine d'arriérés abreuvés aux battle royales et adeptes de la casse pour le prestige. Des bovins qui se défient par cités interposées, histoire de voir qui gère le meilleur loot en direct live via Snapchat. Le manque de profondeur ontologique sous-jacent et la brutalité d'une violence réelle sont à l'image de ce "Purge" de GODFLESH. La vie imite une nouvelle fois l'art, comme l'écrivait Wilde.

Avec un titre pareil et une pochette aussi sublime, rejouant le narratif du péché et de la tentation, on pouvait s'attendre à du lourd de la part de GODFLESH, comme sur le très bon "A World Lit Only By Fire", qui avait signé leur retour avec panache en mettant le riff de l'avant. "Post-Self" avait lui misé davantage sur l'atmosphère et l'expérimentation et restait une belle réussite. Il était donc logique que "Purge" soit une forme de synthèse. À l'évidence, il l'est, mais souffre d'un tiraillement qui l'entraine vers la division, l'album étant clairement séparé en deux grands actes. Le premier est un GODFLESH somme toute classique, avec des morceaux plus efficaces mais, disons-le nettement, ennuyants. On se fait chier sévère sur le début de "Purge", et c'est malheureux de l'écrire. La faute à des riffs peu inspirés, des facilités structurelles et un manque d'imagination global. "Nero" est peu intéressant, et "Land Lord", qui lui emboite le pas, fait peine à voir avec sa vieille dissonance entendue mille fois entre les mains de primitifs de la guitare. Il faut attendre "Army Of Non" pour enfin groover sur le riffing de GODFLESH, porté par des samples hip-hop du plus bel effet.

Ce qui aurait pu être un triumvirat imposant n'est qu'une entrée bien faible en matière, et à partir de là, GODFLESH s'enfonce dans les expérimentations, à mi-chemin entre ce que l'on avait aimé sur "Post-Self" et ce qui fait l'identité de JESU. Le débit semble ralentir méchamment avec un "Lazarus Leper" fadasse, que le beat implacable ne sauve pas, mais "Permission" vient relever la barre, excellent morceau entrainant très Post-Punk, dans lequel le chant de Broadrick envahit l'espace comme dans un rêve fumeux. Voilà enfin un titre au niveau du GODFLESH qu'on aime, hypnotisant, dissonant, malade et beau en même temps. L'aspect éthéré de cette seconde partie ne doit cependant pas induire en erreur, et "Mythology Of Self" est là pour remettre un coup derrière le crâne, comme un Carlos Bilongo en expédition en terre étrangère. La force de frappe de GODFLESH met cependant trop de temps à ré émerger et il est clair que "Purge" souffre de son rythme hasardeux. L'album est en dents-de-scie aussi bien du point de vue du rythme que de la qualité, en témoigne "The Father", très dispensable avec son rythme fatigant, ou "You Are The Judge, The Jury And The Executioner", intéressant dans sa démence suave, mais trop peu ambitieux dans son exécution.

Six années pour ça ! La déception est grande, je dois le reconnaître. "Purge" ne tient pas ses promesses, rabaissé par une cadence peu claire, écartelé entre l'envie d'en découdre et de construire des atmosphères. La synthèse des deux précédents essais n'est pas encore là, on sent GODFLESH moins inspiré, hésitant peut-être, répétitif certainement. Il y a finalement peu de titres à sauver de l'ensemble. "Army Of Non" et "Permission" sont les seuls qui me paraissent très solides, et sur un total de huit, ça fait mal! Voilà l'occasion de reprendre ma comparaison entre "Purge" et les événements qui se déroulent sous nos yeux: on croit avoir à faire à un scénario d'horreur, d'apocalypse, et on se retrouve avec des jeunes racailles qui dévalisent des magasins pour choper quelques sneakers et autres Prince de Lu. Il y a bien des bâtiments en feu, des symboles de la République ravagés et autres gens violentés dans la belle parade venue des copains de Boyard, mais au fond il n'y a pas de substance, juste un sentiment total de gâchis.

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   ISAACRUDER

 
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- Justin Broadrick (chant, guitare, programmation)
- G.c Green (basse)


1. Nero
2. Land Lord
3. Army Of Non
4. Lazarus Leper
5. Permission
6. The Father
7. Mythology Of Self
8. You Are The Judge, The Jury, And The Executioner



             



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