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2023 1 Fatal Encounter

AIR RAID - Fatal Encounter (2023)
Par GEGERS le 17 Avril 2023          Consultée 2502 fois

Cette nouvelle vague dite du Heavy Metal Traditionnel est plutôt gonflante. Avez-vous donc jeté une oreille à ce que propose une chaîne YouTube telle que NWOTHM Full Albums ? Pour une pépite, combien d’albums détestables, de morceaux insupportables, de guitaristes incompétents, de chanteurs de salle de bain ? Et puis, s’ajoute à cela la recherche de côté old school, qui revendique comme une démarche artistique authentique le fait d’adopter le même son pourri qu’à "l’époque" (d’ailleurs, de quelle époque parle-t-on ?). En 1984, lorsqu’un album de Heavy Metal sonnait de manière pourrie, ce n’était pas lié à un choix du groupe qu’à des contraintes de moyens, qui ne permettaient pas d’obtenir une production de qualité. Aujourd’hui, présenter une prod bâclée comme le summum de l’authenticité est au mieux du je m’en-foutisme, au pire une incompétence impardonnable.

Certains groupes rattachés volontairement ou malgré eux à cette vague NWOTHM ont néanmoins à cœur la volonté de ne pas salir leur nostalgie et de mettre en pratique leur art avec les moyens de notre époque. C’est le cas du groupe suédois AIR RAID, formé à Gothenburg en 2009 autour du guitariste Andreas Johansson (aucun lien). Issu du même moule que des groupes tels que SCREAMER, AMBUSH ou ENFORCER, AIR RAID ne tente pas d’émuler la production de l’époque dans laquelle il puise son inspiration, grosso-modo la première moitié des années 80. En effet, depuis sa formation, le groupe a eu à cœur de jouer la carte du rétro sur chacune de ses sorties (un EP et trois albums), tout en optant pour une mise en son et un habillage résolument moderne. La nostalgie pour une époque que certains qualifient de bénie est bien présente, mais le groupe ne tire pas sur la corde sensible de manière outrancière, et propose une musique que toute tentative de datation au carbone 14 ne permettrait pas de relier à une époque en particulier. Et surtout, cet album botte des fesses.

Car c’est bien là l’essentiel. Indépendamment de sa démarche, de sa proposition artistique, de son affiliation à l’une ou l’autre scène musicale, AIR RAID est surtout et avant tout un groupe qui propose ici une véritable leçon. Quelque part entre Hard Rock musclé et Heavy Metal mélodique (la frontière est ici ténue entre les deux genres), le groupe propose un album dense, court et ramassé, qui regorge de chansons de qualité. Il n’y a pas ici de tri à faire, puisque les neufs morceaux s’écoulent naturellement, explosant leur musculature toute en riffs ou leur richesse mélodique à qui veut les entendre. Le rapide "Thunderblood" qui ouvre l’album plante le décor. Porté par un chanteur exceptionnel, dont les intonations peuvent tour à tour évoquer le Don Dokken mordant des années 80 où un Blackie Lawless mélodique, ce morceau qui possède un petit côté RIOT est une véritable démonstration de force. Les guitares se font furieuses, les soli entreprenants, et surtout, tant au niveau des riffs que des refrains, AIR RAID parvient à éviter l’ornière de l’hommage trop appuyé. Oui, les années Mitterrand sont bien là, mais il y a un punch résolument contemporain, et surtout un savoir-faire qui ne souffre d’aucun amateurisme. Le talent du groupe ne se dément pas et l’écoute de petites speederies bien troussées à l’image du flamboyant "Lionheart" est un pur plaisir. Plus loin dans l’album, "One by One" œuvre dans une veine similaire et témoigne de cette envie du groupe de soigner sa musique, proposant des parties de guitares percutantes, des lignes de chant parfaitement calibrées sans être démonstratives, et des détails (quelques chœurs notamment) qui renforcent l’épaisseur des morceaux.

Lorsqu’il œuvre dans un registre plus mid-tempo, le groupe laisse poindre son amour du Hard Rock de papa, proposant par exemple avec "In Solitude" un titre résolument efficace, dont les couplets rappellent une nouvelle fois les travaux de DOKKEN. "See The Light", reprise de l’obscur groupe suédois TRAZY (une seule démo publiée en 1989 est à mettre au compte de ce groupe), témoigne de cette envie de jongler entre Hard et Heavy, jouant avec réussite sur les deux tableaux.

L’instrumental "Sinfonia", adaptation d’une pièce du compositeur suédois du XVIIIème siècle J.H. Roman permet à Andreas Johansson de prouver, comme Yngwie Malmsteen, Wolf Hoffmann et Uli Jon Roth avant lui, que la distorsion peut parfaitement mettre en valeur des compositions issues du répertoire classique. Même si le son est moins céleste et éthéré que celui des guitaristes cités, ce petit intermède se fait remarquable. L’adjectif fonctionne également pour décrire le morceau "Edge Of A Dream", qui s’inscrit dans une veine Power Mélodique à l’européenne. Le chant de Fredrik Werner n’est pas si éloigné de celui de Joe Lynn Turner, et les ambiances déployées, plus sérieuses, moins hédonistes, lorgnent du côté de groupes tels qu’AT VANCE ou DARK SKY. Le tout agrémenté d’un refrain imparable, et voici que le groupe ajoute une nouvelle réussite à son répertoire.

Totalement décomplexé, AIR RAID nous balance des mélodies épiques et grandiloquentes sur "Let The Kingdom Burn", et le groupe ose ici aller chercher des notes audacieuses, et des ambiances "larger than life", autant de choses rendues possibles par la présence d’un chanteur exceptionnel. L’album s’achève de manière plus légère, avec "Pegasus Fantasy", générique des Chevaliers du Zodiaque interprété ici en japonais. Divertissant et réussi.

Il n’y a guère de défauts à pointer du doigt sur ce "Fatal Encounter" qui voit la nostalgie des années 80 comme un tremplin plus que comme une finalité. Entre Hard et Heavy, voici un album concis et interprété avec brio par des musiciens qui bénéficient d’un sens aiguisé de la composition. C’est bien là l’essentiel, et dans le flot des sorties de revendiquant de cette NWOTHM qui ressemble souvent à un tsunami d’indigence, les albums de cette qualité doivent être salués.

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   (2 chroniques)



- Fredrik Werner (chant)
- Jan Ekberg (basse)
- William Seidl (batterie)
- Andreas “andy” Johansson (guitare)
- Magnus Mild (guitare)


1. Thunderblood
2. Lionheart
3. In Solitude
4. See The Light
5. Sinfonia
6. Edge Of A Dream
7. Let The Kingdom Burn
8. One By One
9. Pegasus Fantasy



             



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