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The OFFERING - Seeing The Elephant (2022)
Par FREDOUILLE le 1er Avril 2023          Consultée 1410 fois

Après un tonitruant "Home" sorti en 2019, revoici le phénomène The OFFERING, groupe américain originaire de Boston avec son second album nommé "Seeing The Elephant" (*) et toujours estampillé sous Century Media. The OFFERING est certainement une des plus grosses curiosités ayant émergé ces dernières années avec son Metal moderne hybride et hors du commun. Toutes à la fois singulières, furieuses, chaotiques et plutôt techniques mine de rien, les compositions de The OFFERING en plus d’être originales sont in fine et la plupart du temps un joli bordel organisé piochant aussi bien dans le Heavy Metal, dans le Death Metal Mélo, dans le Neo Metal, que dans le Prog’, démontrant à juste titre que les Américains emmenés par non seulement un des chanteurs les plus incroyables et polyvalents de la scène Metal, Alex Richichi, mais aussi par un des plus créatifs et talentueux guitaristes de sa génération, Nishad George (alias Nish), ne se fixent aucune limite. "Home" fut une claque démentielle pour moi avec ce mélange incroyable des genres, inutile de vous dire que j’attendais ce second disque avec impatience.

Seulement voilà, "Seeing The Elephant" n’est pas un "Home" bis soyons clairs (et heureusement!). Là où "Home" avait tendance à être un mastodonte dans son ensemble, à partir aussi un peu dans tous les sens, on pourra notamment mentionner son point culminant avec le titre éponyme long de quinze minutes sur lequel The OFFERING déroulait avec beaucoup d'intelligence son Metal hybride, "Seeing The Elephant" opte pour une direction musicale un tantinet plus fine, plus sombre (le groupe couvre donc quelques sujets politiques cf. "Flower Children", "Rose Fire") et sans aucun doute un peu plus émotionnelle aussi (voire théâtrale sur "Esther Weeps"). Même si le titre d’ouverture pourrait me faire mentir. Car "WASP" massif comme rarement, d’une longueur de sept minutes et d’une violence et d’un chaos absolus où se côtoient non seulement le chant extrême d’Alex Richichi (qui a dit grognements hystériques ?) et les lignes guitaristiques ultra groovy de Nish, sans compter une rythmique des plus frénétiques, est pour le moins éprouvant. Très éprouvant même. On peut d’ailleurs en dire de même de "Flower Children", morceau lourd et bien groovy lui aussi et sur lequel Alex braille malheureusement un peu trop à mon goût (Deathcore ?) et où la mélodie est bien moins présente. Une nouvelle fois certains passages sont des plus virulents et pas forcément des plus accessibles pour nos chastes oreilles.

Seulement, The OFFERING est du genre intelligent et bien évidemment, comme sur "Home" d’ailleurs, il n’hésite pas à injecter dans ses compositions des doses homéopathiques de douceur, des passages presque apaisants à l’image des interludes que sont "Tipless" avec ce chant clair, ses touches indie avec l’utilisation d’un veena, ou bien de "Seeing The Elephant", dominé lui aussi par une batterie quelque peu martiale et un chant clair. C’est propre, c’est même beau. Deux interludes judicieusement positionnés sur le disque, qui font un bien fou, puisqu’ils nous laissent, auditeurs que nous sommes, respirer un tant soit peu entre deux salves massives, denses et virulentes. Fort heureusement, sur le disque tout n’est pas du même tonneau que "WASP", et que "Flower Children", même si ces dernières bénéficient de tout le savoir-faire et du sens de la mélodie de Nishad qui y propose des moments de répit salvateurs avec soit de l'acoustique, soit des soli très mélodiques, il y a aussi sur "Seeing The Elephant" des compositions certes, lourdes et puissantes, mais heureusement plus accessibles et surtout bien plus mélodiques.

Accessibles à l’image de ce "Rose Fire", titre un poil sombre et dramatique (la composition démarre par une fusillade et des sirènes de police avant que la batterie surpuissante de Steve Finn ne déboule avec force) qui bénéficie d’un break plutôt astucieux avec des riffs bien Heavy et quelques soli frénétiques de qualité alternant avec les éructations énergiques d’un Alex Richichi survolté. Mélodiques à l’instar du très lourd et groovy "With Consent" aux sonorités Neo Metal, limite même indus, offrant du même coup d’originales parties vocales ("Cause it’s gone, gone, my ego is gone"), d’un "Ghost Mother" (titre écrit à peine quatre mois après la sortie de "Home"), accrocheur à souhait avec des phrasés vocaux captivants, et du joli et puissant "My Heroine" magnifique dans le genre (ce titre contient probablement le meilleur refrain de l’album et possède aussi et accessoirement quelques beaux arrangements - instrument à percussion de l'Inde -le mridhangam- à l'appui), dominé une nouvelle fois par le chant clair et mélodique de l’ami Alex Richichi, qui montre là toute sa polyvalence, et agrémenté de quelques arpèges de toute beauté.

Parce que c’est cela aussi l’univers de The OFFERING, les Américains ne s’entêtent surtout pas dans des schémas de destruction massive du type "WASP" n’offrant par endroits que brutalité et chaos, ils cherchent aussi à varier le propos avec des titres plus mélodiques, plus aériens voire même planants. C'est le cas du presque touchant "Tiny Disappointments", titre de toute beauté, disposant de quelques orchestrations, et mettant en valeur une nouvelle fois, le chant clair et les trémolo si charmants d’Alex Richichi, mais également toute la dextérité de Nishad George délivrant ici un solo des plus expressifs, et de "Esther Weeps" composition plus émotionnelle, presque théâtrale voire même dramatique (chant féminin sur la fin avec la vocaliste ‎Becca Cadalzo du groupe CERCE, Punk Hardcore originaire de Boston), et balançant même de la guitare acoustique avant que le morceau ne passe la vitesse supérieure avec un passage un peu plus frénétique, pour ne pas dire extrême (tout est relatif) avant que Nishad George ne vienne de nouveau apaiser les mœurs avec cette fois un solo tout en finesse.

"Seeing The Elephant" malgré quelques défauts reste un album des plus intéressants et ne nous déçoit pas (ou si peu) puisqu’il s’appuie en partie sur les mêmes ingrédients présents sur "Home" à la différence près qu’il n’en possède pas l’éclat. Ce second disque est de toute évidence moins époustouflant que son prédécesseur. Personnellement, j’y ai moins accroché même si je le répète, nous sommes ici en terrain connu et toujours autant subjugués par l’originalité et la puissance des compositions balancées par The OFFERING. Le style est toujours aussi singulier, ne ressemble à aucun autre groupe mais reste reconnaissable entre mille, grâce principalement au chant d’Alex Richichi toujours aussi particulier mais impressionnant et à la créativité, au travail d’écriture et aux interventions toujours très judicieuses et brillantes de Nishad George. On sent tout de même la formation américaine évoluer. Elle affine son style, aère le propos aussi (ajout d’interludes notamment) donnant à l’ensemble une facette peut-être plus émotionnelle. "Seeing The Elephant" est attrayant mais reste néanmoins difficile d’accès pour les novices. Je préfère prévenir.

(*) "Seeing The Elephant" est une expression américaine qui signifie vivre quelque chose de très extrême, surtout la guerre. L'album enregistré pendant la pandémie relate justement les périls, les dangers de notre époque, de notre société...ce qui est et devrait être corrigé dans la société. Un reflet de ce qui ne devrait surtout plus être toléré aujourd'hui.

Note réelle : 3,5/5 arrondi à 4/5.

Morceaux préférés : "My Heroine", "Ghost Mother", "Tiny Disappointments".

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   FREDOUILLE

 
  N/A



- Alex Richichi (chant)
- Nishad George (guitare)
- Steve Finn (batterie)
- Spencer Metela (basse)


1. Wasp
2. Ghost Mother
3. Tipless
4. Rose Fire
5. Seeing The Elephant
6. My Heroine
7. Flower Children
8. Tiny Disappointments
9. With Consent
10. Esther Weeps



             



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