Cela fait quelques années que je ne fais quasiment plus de concerts (l’âge sans doute ! C’est triste hein !) mais sans aucun doute aussi la distance. En effet, j’habite Le Mans et lorsqu’il y a un concert intéressant c’est plutôt Paris voire Rennes en règle générale. Et en plus, la majeure partie du temps c’est en semaine donc autant dire que c’est compliqué pour moi. C’est donc niet de mon côté. Alors forcément quand j’ai appris qu’il y avait un concert de Metal au Mans le 9 février 2023 dans une petite salle locale (150 personnes à tout casser), ni une ni deux j’y suis allé, quand bien même le groupe en tête d’affiche, à savoir les Français de KLONE, ne se situe pas forcément dans le style que j’affectionne le plus.

Bien m’en a pris pourtant ! Puisque non seulement le concert était de grande qualité (KLONE a d’ailleurs un son bien plus massif et bien plus Metal en concert que sur disque – et leur guitariste Aldrick est un fou furieux, entendez par là qu’il ne ménage pas son énergie !) mais également parce que la première partie qui n’était autre qu’un petit groupe local, manceau donc, m’a complètement enthousiasmé et séduit, tant et si bien que j’ai terminé en fin de soirée au Merch pour acheter leur premier album "Ineffable", disponible en digipack s’il vous plait (l’artwork est d’ailleurs très soigné je trouve). "Ineffable" sortira le 03/03/2023 via Klonosphere/Season Of Mist.

Ce groupe c’est HAMASAARI (né des cendres du groupe SHUFFLE). HamaSaari qui n’est autre que le nom d'une île fictive perdue dans le grand nord de l'Europe, aux pays des aurores boréales, et inexplorée par l'espèce humaine. Elle évolue en parfaite harmonie, sans perturbation artificielle. Ses habitants, la faune et la flore décident de traverser l’océan pour observer le mode de vie de l’espèce humaine. En revenant sur leur île, ils racontent ce qu’ils ont vu. Voilà pour planter le décor. HAMASAARI, et compte tenu des compositions de ce premier album, est, serais je tenté de dire, pétri de talent. Talent dans l’écriture notamment. Les compositions sont en effet et pour la plupart intelligentes, particulièrement dans leur construction, et très nuancées au final. Elles prennent souvent le temps en tout cas de se développer, de déployer leurs idées, ce afin de nous transmettre de multiples émotions.

C’est le cas par exemple de "Different Time" qui démarre tout en délicatesse avec ces quelques notes succinctes à la guitare qui semblent d'ailleurs venir de loin. Probablement du fond de cette ile imaginaire justement, conférant alors un univers tout à la fois naturel et zen avant que le groupe ne se décide à entrer pour de bon en action avec un Post Prog classieux, inspiré et influencé par des groupes tels que PORCUPINE TREE, KARNIVOOL mais également PINK FLOYD et KLONE aussi. Longue montée en puissance, agrémentée du chant clair et lisse de Jordan Jupin, en anglais s’il vous plait, tantôt délicat ou en finesse, tantôt enlevé, avant que le morceau ne prenne une tournure plus véhémente et Metal avec des guitares plus lourdes, grondantes même, une batterie plus énergique et des claviers plus présents. Une facette Metal que l’on pourra parfois rapprocher de celle des Suédois de PAIN OF SALVATION mais en moins chaotique toutefois. Je pense notamment à "White Pinnacles" certainement le titre le plus musclé et le plus lourd d’"Ineffable", le plus tourmenté aussi, avec des riffs de guitares, plus lourds, un poil torturés et quelques growls/éructations qui font même leur apparition et qui du même coup confèrent à la composition un paysage plus inquiétant, menaçant voire virulent comme en témoigne la fin en apothéose du titre. Effets garantis !

Bien évidemment, sur "Ineffable", tout n’est pas aussi violent, bien au contraire. L’album est plutôt bien pensé, aéré, et varie judicieusement les plaisirs, fort du très joli chant de Jordan, de son jeu plutôt fin à la guitare ou bien encore des claviers de Sullivane créant par endroits un paysage presque sensoriel ("Bleak"). Et même si on pourra justement citer "Bleak" et ses quelques secousses telluriques et metalliques finales salvatrices, ou bien "Crumbs" (*), qui à l’image de "Different Time", est lui aussi un morceau particulièrement bien ficelé, marquant également une belle montée en puissance avec un final là aussi plus Metal mais toujours très aérien, l’album se veut aussi plus calme, parfois même un brin mélancolique avec ces quelques notes un tantinet jazzy (notes de clavier à l’appui lesquelles donnent ici et indiscutablement de la profondeur) sur ce "Lords" à l’atmosphère très feutrée, très éthérée. Car c’est aussi cela HAMASAARI, l’univers de l’album, c’est ce joli paysage sensoriel, lisse et tout en délicatesse, riche en passages apaisants, comme l’illustre parfaitement le final qu’est "Prognosis" où viennent se mêler guitare acoustique, enchevêtrement de douces vocalises qui semblent glisser tout au long de la composition, donnant une nouvelle fois cette sensation de zénitude, de profondeur, comme si la nature, la faune et la flore, reprenaient leurs droits sur une espèce humaine hyperactive et devenue décidément trop menaçante.
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Alors HAMASAARI en concert, je n’en attendais rien et pourtant, quel plaisir de les avoir découverts. L’album est franchement bon, beau même, se savoure réellement et le Prog Moderne de HAMASAARI fait même un brin voyager. "Ineffable" contient qui plus est suffisamment de variations, de passages Metal pour que j’y revienne régulièrement (pour information, j’y reviens plus souvent que sur le dernier KLONE "Meanwhile" pourtant pas dégueu mais un poil lancinant tout de même pour ne pas dire soporifique par moments !). Et pour ne rien gâcher, la production est de qualité, claire et avec beaucoup de relief !

HAMASAARI ? Très jolie découverte !

(*) "Crumbs" est un titre qui relate l’histoire d’un vieil homme qui se sent abandonné, car en total décalage avec les générations actuelles, parce que le monde a évolué trop rapidement.

Note réelle : 3,5/5 que j’arrondis à 4/5 pour les encouragements.

Morceaux Préférés ? Les plus Metal à savoir "Different Time", "Crumbs", et "White Pinnacles".