Wow ! Ils ont encore réussi…

Depuis 2014, les Finlandais n'ont sorti que du haut de gamme, ça c'est clair. À croire que le mot contre-performance n'existe pas dans leur univers gris-rose, où se côtoient guerriers de la foi et licornes enragées…

S'engouffrant désormais dans le passé obscur de sa nation, décapitations et sorcellerie incluses, INSOMNIUM prouve hors de tout doute raisonnable qu'il est un maître ès Death Mélo, doublé d'un habile créateur de crescendos qui arrive à convertir le plus offensif des sujets en une collection de merveilles labourant l'âme. Il n'est certes pas le plus bourrin ni le plus hallucinant dans la forme, mais bordel contrôle-t-il son art !

"Anno 1696" est un de ses meilleurs albums et possiblement le mieux échafaudé et le plus varié. Les deux premiers extraits, "White Christ" et "Lilian" ont attiré rapidement l'attention, car accessibles et rentre-dedans, mais ils ne représentent pas la profondeur de l'album. INSOMNIUM a joué la carte du marketing confo, réservant les meilleures surprises pour l'écoute complète de cet album forgé du Metal le plus pur.

Première bonne surprise : deux invités de marque font leur apparition en début d'album, soit Sakis Tolis de ROTTING CHRIST sur la pas-si-transcendante "White Christ". Sur la suivante par contre, on change d'univers, avec la superbe "Godforsaken", dont les saveurs forestières et pagan sont enveloppées par le timbre de Johanna Kurkela, interprète plutôt connue au royaume des Finlandais et, pour les amateurs de potins, mariée à Tuomas Holopainen de NIGHTWISH.

Bon, c'est con à dire, mais dès que ces deux plages sont passées, le fun débute pour vrai. Les fans du groupe connaissent son goût pour les envolées lyriques denses et poignantes et l'adorent pour ça. Essayez donc de ne pas frissonner en vous farcissant la montée en puissance sur "1696", l'excellente et bigarrée "Starless Paths", ou le trésor épique du skeud, "The Rapids", qui en huit minutes, mute d'une goutte d'eau à un torrent. Quant à la balade "The Unrest" et la catchy "The Witch Hunter" (quelle jolie ligne de guitare !), ils consolident un parfait équilibre dans la tracklist de "Anno 1696". Un disque qui expose les nombreuses facettes d'un quintette touché par la grâce de son expérience, plus affamé et mélodieux que jamais.

Dans un tel enchaînement de tiroirs bien huilés et spacieux, on peut aisément ranger beaucoup d'émotions. Ce terme est central dans la carrière des Finlandais et doit primer sur des aspects métalliques chers au cœur d'autres combos DM, tels que l'indice de violence et la technicité. INSOMNIUM est un romantique qui dose avant tout, un aventurier à la recherche des parcelles les plus fragiles de notre essence, qu'il fait voler en éclats avec des barrages intensifs de notes étincelantes. Oui, car si son artwork respecte les codes foncés du gothisme, il y a toujours cette belle lumière qui fuse à travers les branchages. "Lilian", "The Witch Hunter" et "The Unrest" peuvent en témoigner.

Ceux qui avaient été déçus par l'EP moyen "Argent Moon" peuvent souffler, "Anno 1696" remet les compteurs à niveau, à haut niveau. Celui que nous ne verrions baisser à l'écoute d'une naissance INSOMNIenne.

La prochaine sortie sera la dixième ! Quand même ! L'attente sera douce, avec une telle disco à s'envoyer…

Un très grand groupe.

Note : on reste dans le 9/10, 4,5/5.

Podium : (or) "Starless Paths", (argent) "The Rapids", (bronze) "Godforsaken" - The "Witch Hunter".

Indice de violence : 2/5.