Steve Vai est un homme malin !
Grand musicien, businessman averti (il vend autant sa musique que son image), artiste extraverti il essaye toujours de surprendre son public sans toutefois dépasser une certaine limite (faudrait pas qu’ils arrêtent d’acheter quand même !). Quand arrive 2001 notre ami a déjà une carrière bien remplie (de ZAPPA, à P.I.L à ALCATRAZZ en passant par ROTH, WHITESNAKE et sa carrière solo). Il y a donc matière à publier, enfin un Live définitif sorte de résumé de sa carrière.

Rappelons à toutes fins utiles qu’aucun des groupes précités n’a sorti d’albums Live avec lui. La tentation est grande de faire un bon best of en concert. Néanmoins on peut imaginer que des histoires de droits et de copyright aient un peu limité notre Alien dans son projet. Que faire ? Feinter ! Quitte à faire, autant sortir des titres dont il est compositeur (au moins financièrement, il y a moins, voire pas, de dispersion des droits). Proposer un Live best of de ses titres instrumentaux : très bonne idée mais soyons honnête, rares sont les Lives instrumentaux a être super passionnants (on peut juste citer en contre-exemple le "Live In San Francisco" de Satch sorti la même année). Souvent il faut un plus pour les rendre pertinents par rapport au studio : le Live symphonique de MALMSTEEN et… celui-ci.

Qu’à ce Live de particulier ? Aucun morceau n’est connu !
En fait à chaque fois Vai va, lors de sa tournée "The Ultra Zone", faire son best of solo (hors la parenthèse "Sex And Religion" of course) et proposera également dans les capitales un morceau écrit le jour même (même si évidement réfléchi en amont) en hommage au pays. Je dis capitale car j’ai vu cette tournée en province et là évidemment pas de ça mon bon monsieur ! On a donc droit à un double album de morceaux inédits encore jamais entendus et en plus interprétés en Live. Le fan ne peut que se ruer dessus ! Je disais artiste, évidement mais aussi Buisness-Man ! Pas né de la dernière pluie le Steve ! Tournée "Ultra Zone" donc, mais toujours ce son et ces arrangements tirés de "Fire Garden" !
Alors ces morceaux tous nouveaux tous beaux ?

Bon déjà, on a tous une image de chaque pays en fonction de notre culture, de notre éducation et Vai ne fait pas exception. En gros on n’évite pas les clichés : l’accordéon sur "Being With You" associé aux fromages qui puent (La France donc !) et je ne parle même pas du texte lu par John Pustai lors de la chanson ! Le côté swinguant pour la Roumanie (avec un début très décontracté !) "Babushka". L’Italie, avec son côté Pop sentimental (on pense aux films des années 60 et la cinecitta) a bien marqué le père Steve ("Principessa").

"Blood And Glory", pour le Royaume-Uni sonne très QUEEN. En tant qu’américain notre ami a été plus marqué par les films genre Braveheart et QUEEN que au hasard Les Stones et Les Monty Python ! On évite pas non plus le gros côté jam du truc : ils discutent, s’amusent, rigolent (Vai sur scène est très drôle et anime très bien la foule) mais bon sur cd ça tombe à plat. "The Power Of Bombos" est de ce fait très fatigant à écouter. Évidement tournée "Ultra Zone" oblige notre ami passe derrière le micro et… si ce n’est pas horrible c’est tellement mieux quand il s’en éloigne ! "Light Of The Moon" par exemple, voire pire avec le morceau-titre (pauvres Slovènes !).

Quelques fois, aussi, ça tombe à plat : "Incantation" pour la Roumanie, à une note près c’est "For The Love Of God" et après c’est vraiment de la jam pure ! "The Black Forest" c’est l'Allemagne et tu sens que le pays de Goethe ne l’inspire pas tant que ça ! Tout comme la Pologne d'ailleurs ("Giant Balls Of Gold"). Détail surprenant, alors qu’il adore saupoudrer son discours musical de références à l’Asie le morceau "Burning Rain" pour le Japon est franchement light dans ce sens. Autre point surprenant aucun morceau n’est dédié aux USA ! Et la Canada est en bonus (en même temps vu le titre, "Maple Leafs" c’est mieux ainsi !). Vai ne fait pas de la World et n’est pas non plus un esthète musical au point de maîtriser chaque style de musique ethnique ! En même temps qui le pourrait ?! Seul morceau diffèrent dans l’ensemble : "Devil’s Food" déjà présent sur "Fire Garden" mais qui est ici indigent car en roue libre complète.

En gros, ce Live est un très bon coup marketing mais l’inspiration n’est pas toujours au rendez-vous ce qui rend l’ensemble assez décousu et moyennement enthousiasmant. Ceci étant dit le talent insolant de notre ami permet quand même de sauver l’ensemble et on a bien droit à notre claque guitaristique et musicale (le groupe n’est pas fait de manchots) mais ça aurait pu être tellement mieux ! Avisé qu'il est notre ami ne refera pas le coup et, en 2004 sortira un Live ("Live At The Astoria") bien plus classique... et qui se vendra bien mieux !