N'en déplaise aux passionnés de lions, de tigres et autres jaguars : il n'existerait pas d'espèce féline plus suprême que le chat domestique. Telle était la conclusion de je ne sais plus quelle étude, qui venait affirmer, en effet, que nos mignons petits minous étaient en réalité la forme la plus évoluée de félidés ayant vécu sur cette Terre. Extrêmement adaptés à tous les environnements possibles ou presque, capables de survivre en totale autonomie, en adoptant le commensalisme ou en se contentant tout simplement de la main nourricière de leur maître, les chats sont désormais incontournables, quelles que soient les latitudes où l'être humain s'est installé. À tel point qu'ils sont devenus des animaux invasifs dans certains territoires, comme en Australie par exemple, où ils représentent une telle menace pour les espèces endémiques qu'une "déchatisation" a plusieurs fois été évoquée.

Et puis, la tradition européenne ne renvoie-t-elle pas le chat noir aux sorcières et au malheur ? N'est-il pas l'animal favori du Malin en-dehors du bouc qui l'incarne ? Alors au diable les grands fauves. Laissons-les aux TYGERS OF PAN TANG, WHITE LION et autres STEEL PANTHER. Le Heavy à Papa, le Hard à Maman et le Glam à ta sœur. Ici on parle de Death Metal et les Japonais de MAULED BY KITTENS n'ont pas choisi autre chose que ce bon vieux matou pour symbole de malfaisance. Des Asiatiques pour qui le chat n'a normalement pas le même symbolisme mais qui se font un malin plaisir à lui attribuer ce vice que nous, Occidentaux, lui reconnaissons depuis 1 500 ans au moins. Écoutez donc ces miaulements mielleux et fourbes qui ouvrent "Meow" et dites-moi dans les yeux qu'ils ne vous flanquent pas un frisson. D'effroi ou, à tout le moins, de dégoût.

D'autant que leurs vocalises sont audibles sur tout l'album et déployées dans toute leur diversité, au gré des compositions d'un Death monotone et quelquefois teinté Slam. Je dis monotone car le tempo adopté par MAULED BY KITTENS est moyen la plupart du temps et même quand le combo se décide à accélérer, il ne passe pas non plus la surmultipliée. Ça se joue à une poignée de BPM qui ne feront certainement pas la différence pour les moins accoutumés d'entre vous au Death Metal. Néanmoins, le combo nippon sait en tirer un minimum de dynamisme quand même, comme "Cuddle Bugs" le démontre, qui démarre coussinet au plancher et se love tout doucement dans le confort d'un panier moelleux et couvert du poil de l'hiver précédent.

Oui, parce qu'ils ne sont pas hyper propres non plus ces fichus mistigris, Death Metal oblige. Et encore, les poils c'est rien. Matez donc la pochette et demandez-vous si forts d'un tel régime alimentaire, ces matous-mascottes n'empestent pas la vieille charogne en plus ? Hélas, l'aspect putride qui s'en dégage ne se ressent pas vraiment dans la musique monolithique du quintette. Ce qui est dommage car, n'étant pas follement aventureux côté tempi ni remarquable sur le plan du riff - car les riffs sont ridiculement absents de ce disque tant ils paraissent interchangeables d'un morceau à l'autre - MAULED BY KITTENS aurait eu tout intérêt à jouer la carte de l'ambiance et de donner du relief à la sournoiserie qui caractérise souvent les chats, du moins ceux dont le groupe growle les tueries.

Or, en dehors des passages miaulés, qui font souvent l'objet d'une intro, d'une outro ou d'un vague passage "Atmo" avec de gros guillemets et mettent parfois mal à l'aise, l'ambiance n'est absolument pas travaillée par MAULED BY KITTENS. On peut commencer l'écoute de l'album par n'importe quel morceau du disque et laisser tourner celui-ci en boucle qu'on ne se souviendrait pas par où on y est entré. En un mot comme en cent : le Death Metal de MAULED BY KITTENS ronronne. Et paradoxalement, c'est tout ce que l'on ne voudrait pas qu'il fasse… Le son des guitares à beau être à peu près le seul élément musical digne d'intérêt, il est hélas mis au service de compositions trop semblables l'une par rapport à l'autre. Aucune ne se distingue même au bout de dix écoutes.

Heureusement que l'album est court sinon il ferait l'effet d'un somnifère. Et à cause de ces Japonais, on n'a même plus envie du réconfort d'une boule de poils sur les genoux pour le piquer, notre roupillon. Vade retro, chatana !