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2022 MMXXII

YEARNING [CAN] - Mmxxii (2022)
Par ISAACRUDER le 2 Octobre 2022          Consultée 947 fois

Dix minutes.

Dix minutes, soit la durée de "MMXXII" de YEARNING. Ou serait-ce le signe de notre temps ? Dix minutes d'attention, dix minutes d'amour, dix minutes de bonheur, dix minutes de réalisation personnelle, dix minutes de rire. Dix minutes bientôt pour le Paris-Marseille dirait Bernanos, formidable ! Mais "le grand problème à résoudre sera toujours de transporter vos viandes à la vitesse de l'éclair."

L'époque moderne va vite, et plus on avance en âge plus la vie passe en un rêve fiévreux. Elle ne nous laisse aucun répit, l'époque. La modernité est affaire de vitesse, c'est Baudelaire qui l'exprimait déjà, attentif aux innovations technologiques de l'humanité fière d'elle - et à raison - mais toujours plus dévouée au règne de la Technique. Bientôt, assujettis à la vitesse-reine, matières jetables et obsolètes, nous laisserons les IA dominer nos vies pour davantage d'efficacité.

"Le temps c'est de l'argent" disent ces infâmes capitalistes, sans entrevoir la moindre beauté au passage des années. C'est parce que notre existence est mortelle qu'elle est magnifique. C'est parce que les choses, les personnes, les êtres aimés sont éphémères qu'ils sont précieux et chéris.

YEARNING assène ces vérités en dix minutes. C'est parce que son Screamo rivalise de rage, de vélocité, concentré sur la violence pure, qu'il ne peut être joué qu'en un temps record. Son souffle tragique passe en un éclair, on le voit au loin dans le ciel, météore fulgurant comme la vie d'un poète mort trop tôt. Il annonce le malheur, prophétise le déchainement des passions sauvages dans le temps réglementaire d'une époque qui refuse de s'arrêter. Le tout rappelle ORCHID bien sûr, dans ces instants sublimes où la mélodie perce le blizzard de blasts sans fin ("II" et son entrée incroyable). Les brefs moments de paix transpirent le désespoir, comme ce "IV" pratiquement Spoken Word, calme avant la tempête ravageuse qui parcourt ce disque sans concession. Difficile de ne pas retrouver un peu de TEMPEST, dans la vélocité parfois Black Metal assénée ("VII") et FRAIL HANDS, autres Canadiens incroyables, pour le caractère tragique des mélodies. Bien sûr, si la brièveté de l'essai reste au service de sa brutalité, difficile de ne pas en attendre plus, mais la fougue de YEARNING laisse entrevoir le meilleur pour la suite.

Le génial Kundera a écrit: "le degré de lenteur est directement proportionnel à l'intensité de la mémoire; le degré de la vitesse est directement proportionnel à l'intensité de l'oubli." Au coeur du XXIe siècle esclave de la Technique, de l'efficacité et de la promptitude, cherchons-nous dans la plus grande hâte à nous oublier et à nous perdre ?

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   ISAACRUDER

 
  N/A



- Alexandre (guitare)
- Jérémie (batterie)
- Nicolas (chant)
- Samuel (basse)


1. I
2. Ii
3. Iii
4. Iv
5. V
6. Vi
7. Vii



             



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