Entre la mélodicité du très récent The HALO EFFECT ("Days Of The Lost"), la densité et l'éclectisme d'un SOILWORK ("Övergivenheten"), l'agressivité et l'approche plus directe d'un DARKANE ("Inhuman Spirits") et la vélocité d'un ARCH ENEMY ("Deceivers") dont il est question ici, nous sommes relativement bien servis en cet été 2022 en matière de Death Mélodique suédois. Bien évidemment il y en a pour tous les goûts, il y a du choix et de la diversité. Et constat important il y a surtout beaucoup de satisfactions.

ARCH ENEMY sans nous satisfaire à 100% sur ce onzième opus redresse néanmoins fortement la barre et revient à un niveau proche de "War Eternal" tout en étant un peu différent. Souvenez-vous donc en 2017 (et oui déjà cinq ans se sont écoulés, et il s’agit là du plus gros écart entre deux disques de ARCH ENEMY), "Will To Power" disque étonnamment plus accessible (qui a dit plus commercial ?) nous avait quand même laissé un goût assez amer. Et par la même occasion une certaine déception était venue donc poindre le bout de son nez au vu de la qualité relativement faible de l'album (cf. voir ma chronique dudit disque). Bien évidemment, avec ARCH ENEMY on s'attend toujours à mieux quand on regarde le passé discographique des Suédois ("Wages Of Sin", "Burning Bridges", "Anthems Of Rebellion" entre autres) et quand on voit aussi la qualité des forces en présence avec ce line-up d’exception avec notamment et faut-il encore le rappeler, la présence d'un certain Jeff Loomis (Ex-NEVERMORE). Un Jeff Loomis un peu 'transparent' sur "Will To Power" et plus présent sur "Deceivers" sans toutefois casser totalement la baraque. On pourra toujours estimer qu'il est sous-exploité chez ARCH ENEMY mais au final pas plus qu'un Kiko Loureiro chez MEGADETH !

Toujours est-il que "Deceivers" est un disque assez qualitatif qui possède un certain caractère, un brin de créativité et d’audace aussi. Déjà, soyez rassurés et même si on pourra toujours retrouver quelques gimmicks du groupe avec des mélodies parfois un peu faciles (rappelez-vous de "The Eagle Flies Alone"), "Deceivers" nous ratatine quand même bien la figure avec justement une facette Death très requinquée. En effet, un certain nombre de titres sont relativement véloces voire féroces, même explosifs à l'image de ce "Sunset Over The Empire" avec un son de basse énorme, à l’atmosphère singulière (beaucoup de relief), quelque peu futuriste aussi (apocalyptique ?) et agrémenté de guitares presque SLAYERiennes (presque jouissives !). Le morceau est d’une redoutable efficacité vous l’aurez deviné avec qui plus est quelques chœurs particulièrement guerriers et soli de très bonne facture cela va de soi. Un futur classique du groupe ! Dans le genre véloce, "Deceiver, Deceiver" à l'entrée fracassante, avec la batterie d’un Daniel Erlandsson particulièrement mis en avant (la production signée Jacob Hansen, claire et puissante nous permet d’ailleurs d'entendre très précisément les enchaînements ici réalisés) se pose là. Ce titre est juste monumental lui aussi avec une rythmique des plus rapides et est doté d'un break particulièrement jouissif (en live c'est moshpit assuré !). ARCH ENEMY frappe très fort. "The Watcher" n’est également pas en reste puisqu’il dégaine très rapidement sa virulence et sa rapidité avec le chant guttural très grave et puissant de la chère Alissa (la femme aux cheveux bleus rugit fort !). Une Alissa qui fait franchement bien le boulot vocalement. ARCH ENEMY n’en oublie pas pour autant d’y injecter des mélodies fortes pour ne pas dire infectieuses (comme bien souvent) et même de la légèreté sans que l’on puisse trouver à y redire. Si ?

Alors, dans ce cas on pourra toujours discuter de l’ouverture du mid-tempo et très mélodique "Poisoned Arrow" laquelle s’apparente presque à de la musique classique (voire à une BO de film), de l’instrumental planant (pas indispensable de mon point de vue) et à l’ambiance très feutrée qu’est "Mourning Star" lequel succède justement à la fin très ‘cinématographique’ du très sombre "Spreading Black Wings" (atmosphère assez noire - ambiance fin du monde - que l’on comprend mieux puisque ce titre est dédié à la mémoire de Lars-Göran Petrov vocaliste d’ENTOMBED, décédé en 2021) qui ne fait pourtant pas partie de mes titres préférés du disque. On pourrait également débattre longuement sur le titre d’ouverture qu’est "Handshake With Hell" (troisième single de l’album après "Deceiver, Deceiver" et "House Of Mirrors" lequel étant dans le plus pur style ARCH ENEMY avec une intro des plus mélodiques et une rythmique des plus galopantes, les éructations d’Alissa y sont aussi impressionnantes). En effet, "Handshake With Hell" idéalement positionné de mon point de vue dixit une excellente introduction, plutôt longue et forcément judicieuse pour démarrer l’album, montre surtout toute l'audace du combo suédois (il fallait oser quand même !) lorsque l’on sait toute la place que ce titre accorde au chant clair d’Alissa (et notamment sur les couplets). Et personnellement je trouve que le chant clair d’Alissa sonne divinement bien. Bien évidemment, je comprends que cela puisse un peu désappointer les fans purs et durs du groupe mais franchement, le morceau est particulièrement mélodique, énergique aussi (après l’intro, ça démarre quand même sur les chapeaux de roue non ?) et bien ficelé avec un pont tout bonnement réussi (ambiance à l’appui) et qui ne sera pas sans évoquer un groupe comme UNLEASH THE ARCHERS et notamment au niveau du chant clair et quelque peu doucereux d’Alissa. Cela tombe bien car j’aime beaucoup aussi la bande à Brittney Slayes.

Alors oui, ce "Deceivers" ne saura pas contenter tout le monde, il possède quelques maillons faibles (je trouve en effet qu’à partir de "Spreading Black Wings", l’intensité et la vélocité s’amenuisent quelque peu jusque la fin de l’album avec des titres moins marquants que sont "One Last Time" et son refrain ultra mélodique et cependant bien dans la tradition du groupe et le lancinant et lourd "Exiled From Earth" son ambiance presque inquiétante, un poil lugubre - claviers à l’appui -) mais aussi pas mal de points forts comme cette vélocité et agressivité complètement retrouvées ("Deceiver, Deceiver", "The Watcher" titres qui envoient vraiment du bois) avec qui plus est quelques très bonnes surprises, on a parlé du chant clair d’Alissa plus haut (qui ouvre indubitablement d’autres perspectives au groupe, maintenant qu'il l'assume complètement) mais il y a aussi ces éléments dignes parfois de BO cinématographiques distillant quelques atmosphères plutôt intéressantes (l’intro du sombre "In The Eye Of The Storm", la fin de "Spreading Black Wings", le début et fin de "Poisoned Arrow") et qui collent finalement bien à l’esprit du disque.

Au global, un bon album, plutôt varié mine de rien, certes pas du niveau de "Wages Of Sin" ou de "Anthems Of Rebellion" cela va de soi, mais personnellement j’y trouve largement mon compte sur pas mal de titres. Une bonne surprise !

Un bon 3,5/5 arrondi à 4/5.

Morceaux préférés : "Deceiver, Deceiver", "The Watcher", "Sunset Over The Empire", "Handshake With Hell"