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HARD ROCK  |  STUDIO

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1989 Tin Machine
 

1989 Tin Machine
 

- Style : Nirvana, Queen, Sweet, The Cult

TIN MACHINE - Tin Machine (1989)
Par DARK BEAGLE le 28 Août 2022          Consultée 1374 fois

Il y a un artiste dont j’ai toujours voulu parler sur NIME. Un mec critiquable, mais que je place au-dessus de bien d'autres tant il a su se réinventer (ou faire sa girouette) durant sa carrière. Ce type, c’est David Bowie. Tout ce qu’il a fait ne tient pas du génie – à dire vrai, rares sont ses disques qui le touchent – et il a même touché le fond artistiquement parlant à plusieurs reprises. Les années 80 n’ont pas été faciles pour lui. "Scary Monsters" aura été une réussite, dans un style très New Wave/Gothique qui lui réussissait bien, mais sa signature chez EMI aura vu ses ventes exploser malgré des albums d’une faiblesse effarante, de "Let’s Dance" à "Never Let Me Down" et sa tournée qui s’ensuivit, propice à tous les excès scéniques. Sa porte d’entrée et vraisemblablement de sortie sur Nightfall, site dédié à ce sacro-saint Metal qui ne mérite aucune dérobade réside donc au projet TIN MACHINE.

Conscient que la critique le boudait, le beau David s’est mis en tête de se renouveler, de se trouver une nouvelle direction. Par certains truchements, il va rencontrer le guitariste Reeves Gabrels, avec qui l’entente sera immédiate (ce dernier jouera d’ailleurs sur des opus de Bowie des ’90). Le duo n’a pas de mal à convaincre Tony Sales, qui aura joué de la basse sur les albums berlinois d’Iggy POP (un autre qui mériterait que l’on parle de lui en ces pages par le biais des STOOGES), qui lui-même n’aura pas trop de mal à convaincre son frère Hunt de tenir les baguettes pour le groupe qui choisira le nom de TIN MACHINE par rapport à l’une de leurs premières compositions. Et pour Bowie, qui se fondait parfaitement dans cet esprit de groupe, ce n’est pas finalement le renouveau pensé, mais plutôt une vision nouvelle construite sur le passé.

Nous retrouvons en effet des traces Glam, tel qu’il était pensé au début des années 70, mais joué de façon assez pressante, avec par moments des instincts plus Punk, plus vicelards et Hard. Pour tout dire, Bowie n’avait plus été aussi Heavy depuis "Aladdin Sane", "The Man Who Sold The World" étant toujours un peu à part dans sa discographie. David va d’ailleurs se mettre un peu en retrait, bien qu’il joue de la guitare et qu’il chante. Sur la pochette du vinyle, il est d’ailleurs à l’arrière-plan. Sur celle du CD, il se trouve à la seconde place. Sur ce premier essai, il se mettra au niveau des autres musiciens, ce n’est pas lui qui va prendre toute la place, même si on l’entend assez bien. Une fois encore, sa voix reste protéiforme, elle s’adapte à chaque morceau, même si on remarque une tendance à revenir vers un chant plus agressif. Ce n’est pas ce qu’il proposait à l’époque de "Ziggy Stardust", ce n’est pas non plus le David à la voix chaude et envoûtante de "Heroes". C’est encore une autre personne.

Musicalement, TIN MACHINE est un projet un peu bâtard. La base est Rock, mais elle dévie dès que possible vers le Hard. Parfois un peu surproduit, à d’autres moments plus brut, le disque n’est pas facile à appréhender. Il ne joue pas le genre de Hard Rock qui se pratiquait à la fin des années 80, il est moins lisse, pas forcément plus énergique, on dira plutôt épileptique à certains instants. Des années plus tard, Bowie confiera avoir été conscient que ses disques des ’80 n’étaient pas très bons, et qu’il ne pouvait certainement pas faire mieux à cette époque. Ici, sans s’inventer à nouveau, mais en s’adaptant à des sonorités desquelles il a été écarté depuis un moment. Il va pas mal donner de la voix, mais les musiciens s’éclatent autour de lui. La batterie sonne plus ’70 que ’80 (du jeu plus conséquent en somme), elle est en adéquation avec la basse (entre frangins, on se comprend, demandez aux Bouchard ce qu’ils en pensent), la guitare est plutôt incisive, ça riffe plutôt bien, les soli sont agréables.

Le problème, c’est qu’il y a à boire et à manger sur ce disque, qui dure un peu moins d’une heure. Des idées marrantes, d’autres qui le sont moins, des titres qui s’impriment vite dans l’esprit, certains qui vont rapidement épuiser l’auditeur. L’absence de ligne directrice clairement définie se fait parfois sentir, avec cette manie de passer du coq à l’âne. Puisque nous sommes dans les ratés de cet album, autant mettre le doigt sur le morceau le plus pénible : "Working Class Hero". L’hommage à John Lennon est très brouillon, bruyant, énervant et perd beaucoup de la subtilité de l’originale en chemin au point où ça en devient assez pénible. D’ailleurs, de nombreux titres se vautrent dans ce travers, à l’instar de "Under The God" qui aurait mérité nettement mieux ! On notera d’ailleurs une légère tendance à la frénésie sur plusieurs passages, comme si cela était la ligne principale du cahier des charges.

La guitare de Gabrels (un lointain cousin de notre Cabrel, mais en plus agressif, ceci étant une foutue blague hein…) est parfois un peu trop bruyante, pour ne pas dire tonitruante. Ses éclats ont une contrepartie : il se montre parfois complètement pataud, voire à côté de la plaque. Mais en même temps, sans dire qu’il est visionnaire, certains assauts font penser à ce qui émergera au grand jour à Seattle quelques temps plus tard. De là à dire que David Bowie allait encore amener une nouvelle mode musicale, il n’y a qu’un pas que je me refuse de franchir. Gabrels venant des USA, il est possible qu’il soit au fait de certains mouvements underground qui l’aient influencé.

En revanche, ce disque met en avant quelques bonnes compositions, assez prometteuses. Il y a déjà "Tin Machine", aux accents Country très électrique sur lequel Bowie chante comme un possédé, "Prisoner Of Love" qui commence comme un échappé de session des vieux opus du Thin White Duke pour évoluer lentement vers quelque chose de plus moderne. L’entendre à nouveau chanter comme dans les premières mesures des années 70 est assez spécial. Pas forcément désagréable, il se veut moins chaleureux, mais toujours dans l’expression. Le furieux "Pretty Thing" est un glaviot punkisant assez banal dans la forme mais qui le fait bien, mis en jambes par un "Bus Stop" court, au rôle de tremplin parfaitement assumé.

Il y a une unité de ton au sein de ce disque. Les musiciens forment bien un groupe, ils ne sont pas un backing band à David Bowie, comme on pouvait le craindre sur le papier. Un coup d’œil rapide aux crédits le confirme, tous sont à l’écriture à plusieurs moments, même si Bowie reste omniprésent – comment aurait-il pu en être autrement ? – et gère l’ensemble sans minimiser le rôle de personne. Les interviews de l’époque trahissaient cette bonne humeur qui régnait, avec pas mal de blagues consistant à dire qu’avec un autre chanteur, le disque aurait été meilleur. L’expression de la musique de TIN MACHINE est donc collective et pas le fruit d’un seul homme et c’était certainement ce qu’il fallait à l’époque à Bowie pour se remettre en selle, ou pour au moins avoir de nouvelles perspectives pour sa carrière solo.

Il n’empêche que ce premier album est bancal et qu’il ne tient pas toutes ses promesses. Il est largement mieux que "Tonight" et "Never Let Me Down" (et que "Let’s Dance", ne nous mettons pas d’œillères), mais pour le coup la barre n’était pas placée bien haute. Il lui manque une unité de ton, cela ressemble plus à des morceaux enregistrés par une bande de potes contents de jouer ensemble. Il y aura un second disque, en 1991, sobrement intitulé "Tin Machine II" (ouais, l’originalité, voilà quoi) qui sera un poil meilleur, puis après un Live en 1992, l’aventure s’arrêtera. Je vous expliquerai pourquoi un autre jour. Voilà, j’ai pu vous parler de David Bowie sur Nightfall In Metal Earth et j’en suis content, pour ne pas dire fier. Pour ceux que ça fait chier, c’est gentil de m’avoir lu jusqu’au bout malgré tout. J’aurais préféré vous causer d’un de ses grands disques, mais à défaut de grives, hein !

Note réelle : 2,5/5.

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   DARK BEAGLE

 
  N/A



- David Bowie (chant, guitare)
- Reeves Gabrels (guitare)
- Tony Sales (basse)
- Hunt Sales (batterie)
- Kevin Armstrong (guitare, claviers)


1. Heaven's In Here
2. Tin Machine
3. Prisoner Of Love
4. Crack City
5. I Can't Read
6. Under The God
7. Amazing
8. Working Class Hero
9. Bus Stop
10. Pretty Thing
11. Video Crimes
12. Run
13. Sacrifice Yourself
14. Baby Can Dance



             



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