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BLACK METAL  |  STUDIO

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2022 Disgrâce
 

- Membre : Indigo Raven
- Style + Membre : Plebeian Grandstand

MOURIR - Disgrâce (2022)
Par ISAACRUDER le 21 Juillet 2022          Consultée 2386 fois

Qu'il est difficile d'exister à l'ombre des grands qui nous précédent ! Tout artiste n'existe que dans l'inspiration de ses maîtres, mais tout maître ne peut naître qu'avec une distance suffisante et une étincelle de génie. Ainsi Huysmans, s'éloignant de l'école naturaliste de son maître Zola, et rédigeant l'unique "À Rebours", à contre-courant de la littérature de son époque. Ainsi Céline qui refit de la langue littéraire un organisme vivant, réalisant le rêve de Rabelais, dont la peur était que la littérature française devienne dominée par un français artificiel, trop maniéré et détaché du peuple. Peu d'artistes finissent maîtres, c'est une évidence, et tant mieux. Beaucoup se contentent d'être des élèves de qualité, participant de l'école tout en apportant leur pierre à l'édifice. Et puis il y a les suiveurs, dévots, infâmes plagiaires dont MOURIR est une incarnation, une synthèse.

Le label Throatruiner a mis en lumière nombre d'excellents groupes comme AS WE DRAW, BIRDS IN ROW et surtout PLEBEIAN GRANDSTAND. Mais il y a toujours eu en son sein une esthétique commune, au cœur de laquelle s'encroûtent des groupes sans génie qui participent d'un formatage de masse avec en ligne de mire la veste à patchs, la capuche, le look méchant ringard, le logo illisible cliché et le son qui va avec. Il est somme toute logique d'être fasciné par une scène précise, de se conformer à une communauté, d'appartenir, donc, à une famille. Cette dernière a ses codes. Sa marginalité a ses limites. Ses dieux irradient la masse de leur lumière. Dans le cas de MOURIR, c'est PLEBEIAN GRANDSTAND, le seul et l'unique. Un cas d'école. Ces derniers font partie de cette race de seigneurs dont je parlais plus haut. Inspiré certes par les légendaires et inégalables DEATHSPELL OMEGA, ils ont su trouver leur voie dans un Black Metal plus radical encore dans sa violence, sa vélocité et son implacable rythme infernal. De leur maître ils se sont affranchis, comme Huysmans, et ont pris leur place méritée au panthéon des grands groupes pionniers.

MOURIR eux, se contentent de singer le patron en espérant la promotion.

Difficile pour moi de ne pas faire tomber le couperet sur un projet qui transpire le plagiat infect. Tout, dans ce "Disgrâce", rappelle PLEBEIAN GRANDSTAND, mais sans les riffs. Dès "La Pluie, Le Torrent, La Boue, Le Vent, La Lave", on comprend que l'on va entrer dans une usine fordiste avec des ouvriers reproduisant mécaniquement le même objet. La production déjà, certes excellente car signée Amaury Sauvé (comme PLEBEIAN GRANDSTAND), n'aide pas à se dissocier des maîtres. Puis le chant arrive et c'est la catastrophe. On sent le sieur fanatique absolu de ses idoles. Les mêmes intonations, la même propension au lâcher-prise dans des cris de désespoir. Le tout sonne forcé, trop tenté, trop dans le paraître (exception faite de "Soit", dans lequel les gutturales viennent sauver la mise). Et ces riffs Seigneur, où sont-ils ? MOURIR croit pouvoir se reposer sur l'intensité de sa musique, ou sur le caractère hypnotique d'un blast qui n'en finit pas ("En Flammes"). Mais rien ne ressort que l'ennui lorsqu'aucune lead correcte ne vient secouer l'écoute. Vous qui entrez ici abandonnez tout riff. Même "De Pisse et D'Orgueil", tout en mid-tempo en apparence plus intéressant, avec un lead final correct, répète des poncifs éculés de la scène et entraîne sur une fausse piste. Il n'y a que peu de variété dans "Disgrâce", album monochrome qui surjoue la noirceur.

C'est là certainement la leçon la plus intéressante offerte par MOURIR. Nombre de groupes de Black Metal moderne pensent que l'ambiance, la puissance, l'intransigeance suffisent dans le style. Mais n'importe quel guignol peut jouer trois accords mineurs rapidement, soutenu par un batteur solide et un chanteur-gobelin. Les musiciens de MOURIR apparaissent comme des techniciens. Sur ce point, rien à redire, ça joue, et la production sauve les meubles. Mais s'il n'y a pas de riffs, quel Black Metal reste-t-il ? Les Pères du genre en ont fait le Sacré Graal. Que serait "Freezing Moon" sans son lead légendaire ? On ne peut débarquer sur la scène avec ses accords claqués au sol qu'on répète ad nauseam en espérant subjuguer la foule. "Disgrâce" porte bien son nom, lui qui n'a aucune race, à reproduire maléfiquement le génie de son dieu, espérant obtenir une place à sa droite. Ne vous laissez pas avoir par l'artwork. Il ne s'agit nullement de Nosferatu ou d'un sombre vampire de noblesse vêtu. Il s'agit bien de Renfield, le serviteur de Dracula, qui suit son souverain comme la charogne attend le trépas de sa proie.

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   ISAACRUDER

 
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- Olivier Lolmède (guitare, chant)
- Jean Green (basse)
- Alexandre Berenguer (guitare)
- Mahell (batterie)


1. La Pluie, Le Torrent, La Boue, Le Vent, La Lave
2. Que De Chemins Minables
3. De Pisse Et D'orgueil
4. Bâtards Égarés
5. En Flammes
6. Soit



             



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