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2022 Take Up My Bones
 

- Style : Anathema, Katatonia, My Dying Bride, Paradise Lost
- Membre : Winterfylleth

ARÐ - Take Up My Bones (2022)
Par DARK BEAGLE le 14 Mai 2022          Consultée 1009 fois

Voilà un nom bien étrange. ARÐ. Avec cette petite barre dans le D que je suis trop fier d’avoir trouvé dans la liste des symboles à insérer (l’informatique et moi, ce n’est pas une longue histoire d’amour. Disons plutôt qu’elle m’a rendu obsolète). Si on me dit ARD, je pense tout de suite à la chaîne de télévision allemande, cauchemar de ma jeunesse, quand mes parents regardaient leurs émissions de Yodel le samedi soir (pour certains, ce sont les clowns. Chez moi, ce sont les Tyroliens qui provoquent l’effroi). Ou cela peut m’évoquer le ARGH si cher aux MONTY PYTHON ou à Terry Pratchett (et essentiellement à l’humour britannique), mais dit avec un défaut de prononciation. Mais vu le genre pratiqué par ce one-man band, le Doom, ce ne doit pas être ça. Bref, voilà un projet avec un nom mystérieux, de quoi commencer à entretenir une légende noire.

Derrière ces trois lettres se cache Mark Deeks, connu pour tenir les claviers chez WINTERFYLLETH depuis 2018 et pour avoir fait quelques chœurs chez DRUDKH il y a quelques années. Basé à Newcastle, il travaille sur ARÐ depuis 2019 et son premier effort, "Take Up My Bones", voit le jour dans la grisaille du mois de février de l’année 2022. Une semaine avant que Poutine n’envoie ses troupes en Ukraine. Tu parles d’un avertissement… La pochette ne respire pas franchement la joie et placer le disque sur la platine va rapidement confirmer qu’il n’y a pas erreur sur la marchandise. Bien qu’ayant l’air affable et souriant, Deeks sait y faire pour filer le bourdon.

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais quand on écoute du Doom en étant un peu malade, on a souvent l’impression que l’on est invité à assister à son propre enterrement, ce qui donne juste l’envie de mettre ses affaires au clair avec le notaire, au cas où. La musique de ARÐ m’a fait cet effet-là. Le genre de truc, tu ne t’y attends pas vraiment. Tu te trimballes un petit rhume parce que tu as fait le mariolle en sortant en petite veste et tee-shirt alors qu’il y a du vent à la con et là, bim, tu as l’impression que tu vis tes derniers instants, que la Faucheuse ne va pas tarder à frapper à ta porte pour t’annoncer que tu as terminé ton tour de manège et qu’il est temps de laisser ta place. Parce que ARÐ, ça ressemble à un requiem sous distorsion, dans un esprit très Funeral. Idéal pour un apéro entre potes.

Il y a une espèce de beauté macabre qui se dégage de l’ensemble. La lourdeur des éléments présents est presque palpable, elle en est presque étouffante. Par moments, un piano fantomatique surgit, quelques notes graves qui jaillissent pour intensifier l’aspect mortifère qui se dégage de ce disque, histoire de nous plonger encore plus dans l’angoisse d’un trépas soudain. À d’autres moments, c’est un violoncelle qui fait éclater ses cordes lugubres sur un disque qui ne l’est pas forcément. En revanche, il dégage une aura litanique qui devient une réelle force motrice, si je puis m’exprimer ainsi. En effet, le chant, jamais growlé, prend une dimension quasi liturgique qui force à l’admiration. On se laisse facilement prendre au jeu, tant l’opus est, en définitive, facile d’accès.

En revanche, ne cherchez pas ici la moindre trace d’accélération, il n’y en a point. Quand un morceau affiche gentiment ses neuf minutes, il s’agit de neuf minutes pleines, avec des couches instrumentales qui semblent s’étirer à l’infini ("Raise Then The Incorrupt Body", "Only Three Shall Know"), de quoi faire une véritable pièce maîtresse qui se nourrit de son enrobage pour gagner une profondeur non pas onirique, mais funéraire. Seule "Boughs Of Trees" peine à se montrer totalement convaincante. Il s’agit là d’un titre dépouillé de chant et, s’il se fond bien au milieu des autres morceaux, ne possède pas cette beauté macabre liée à cette voix qui vient faire le sel de cet ensemble, qui forme un tout d’une beauté fantomatique. Et au milieu, il y a ce "Boughs Of Trees" bien trop inoffensif au final pour gagner pleinement l’adhésion de l’auditeur.

"Take Up My Bones" possède ce côté monolithique propre à ce genre de projet, qui se laisse prendre dans une mélancolie développée à l’extrême, sans être non plus larmoyant. Cet album est un bel ouvrage, qui coche très bien les cases du style, un peu trop bien par moments peut-être, comme s’il était calibré. Sans parler d’apporter de la fantaisie à l’ensemble, le tout manque parfois un peu de renouvellement. ARÐ, ça ressemble un peu à une formule, savamment répétée certes, mais recyclée, encore et encore. À l’exception de l’instrumental au final, il n’est pas évident de pouvoir citer à coup sûr le morceau que l’on écoute, il y aura toujours un petit moment d’hésitation. Il n’est pas question d’amener un break Jazzy ou un solo que l’on s’attend plus à entendre dans le domaine du Black Metal, mais simplement de pouvoir diversifier ses riffs et ses ambiances pour nourrir de façon efficace les émotions créées.

Toutefois, ce LP reste appréciable. Il se dévore même lors des premières écoutes, avant de lasser plus ou moins de par son côté rébarbatif. Mark Deeks ne transforme donc pas tout à fait l’essai, mais il met en place des idées intéressantes, qu’il lui faut juste creuser pour voir plus loin et ne pas se fondre dans une masse dans laquelle il risque de disparaître s’il ne change pas quelque peu son fusil d’épaule. "Take Up My Bones" reste, pour un premier essai personnel, fort agréable à écouter et très professionnel, il mérite qu’on pose une oreille attentive dessus, même s’il ne sera probablement pas le disque de Doom le plus marquant de l’année. L’inverse voudrait dire que nous serons face à un cru assez faible dans le domaine. Pas de quoi rivaliser avec un Pommard 1959 en somme.

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- Mark Deeks (chant, guitare, basse, piano, claviers)


1. Burden Foretold
2. Take Up My Bones
3. Raise Then The Incorrupt Body
4. Boughs Of Trees
5. Banner Of The Saint
6. Only Three Shall Know



             



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