Dans la série on était au bon endroit au bon moment et avec la tronche qui allait bien… mais il s’est passé un truc, même si on n’a jamais vraiment pigé, et le succès nous est passé juste à côté : je demande Y&T
YESTERDAY AND TODAY au-delà d’un nom de groupe assez naze (faut l’avouer, même s’il fait référence à un album best of des BEATLES, à la pochette immonde, pour le marché américain) bientôt raccourci en Y&T est passé à côté du succès (malgré des qualités évidentes et de bonnes opportunités : comme la première partie européenne de la tournée "For Those About To Rock" des kangourous ! Bref, le succès restera plutôt confidentiel et à la fin des 80s le groupe ne sait pas, ne peut pas se repositionner et donc splitte.

Chacun vaquera à ses occupations. Jimmy De Grasso, le dernier batteur en date de l’époque, s’en va rejoindre les SUICIDAL TENDENCIES puis MEGADETH etc… mais est quand même présent sur quatre titres de cet album (les trois premiers et "Parchman Farm"). Le chanteur-guitariste Dave Meniketti va quant à lui être tenté par l’échappée en solitaire. Meniketti qui en son temps (pas si éloigné que ça à l’époque, était loué par un grand nombre de ses pairs à San Francisco : et oui on parle des mecs d’EXODUS de TESTAMENT de METALLICA (surtout Lars d’ailleurs) etc…

L’ami Dave sait aussi varier les plaisirs en concoctant quatre instrumentaux ("Say Goodbye"/"Until The Next Time"/"Just Coastin’"/"Mister Blister") et en décapant trois reprises ("Parchman Farm"/"Loan Me A Dime"/"Man’s World"). En parlant de reprise, le titre d’ouverture en est une justement : et là c’est la claque ; le choix est peu commun, bien casse-gueule même (James BROWN par un hardos ce n’est pas un choix évident) mais la magie opère immédiatement. Une voix qui file le frisson, une guitare habitée et gorgée de feeling voilà ce qui nous attend tout au long de cet album. Le côté balade est de sortie avec "Loan Me A Dime" et évidemment avec un guitariste aussi ancré dans le feeling 70's (mais pas que, car côté technique l’ami a bien digéré les fastueuses années 80) c’est juste magique.

Sorti de manière confidentielle sur un petit label, ce disque a tout de l’album maudit mais bourré de talent. Fût-il sorti chez Virgin (au hasard, bien sûr) quelques années plus tôt comme la conversion d’un certain Irlandais au Blues cet album aurait peut-être son "Still Got The Blues" à lui, ni plus ni moins. D’ailleurs tout comme notre cher balafré ici point de son clair, c’est plutôt un Blues Rock nerveux musclé et goulûment saturé qui nous est proposé, même quand un piano s’invite ("Just Coastin’") ou que l’ensemble se fait plus blues classique ("Baby Blues").

Superbe pochette, d’un bleu tout Blues évidemment avec cette belle Les Paul. L’arrière avec la rencontre classique mais toujours classieuse de la Strat et de la Les Paul me plaît toujours autant. Cette parenthèse en solitaire continuera le temps d’un autre album, malheureusement, plus générique et sera sanctionné d’un Live avant une réactivation de Y&T.
Morceaux préférés : "Man’s World"/"Loan Me A Dime"/"Angel On My Shoulder".