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PUNK/POST PUNK  |  STUDIO

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1981 Hee-haw
1982 Junkyard
 

- Style : The Adicts , The Damned, Public Image Limited
- Style + Membre : Grinderman

The BIRTHDAY PARTY - Door, Door (the Boys Next Door) (1979)
Par DARK BEAGLE le 18 Novembre 2021          Consultée 1104 fois

Je vous ai déjà parlé de l’Australie, cette terre de contraste d’une beauté sauvage, mais où chaque organisme vivant semble être là pour vous tuer. Ce n’est pas pour rien que les Anglais se sont servis de cette île pour y exiler certains prisonniers jugés trop encombrants, un peu comme pour la colonisation du Nouveau Monde, mais en pire. Nous n’allons pas évoquer les aborigènes qui ont été traités pire que de la merde (cela n’empêche en rien que ce soit honteux), mais nous allons un peu parler des prisonniers. Là-bas, la peine de mort a été abolie en 1973, ce qui signifie qu’avant cette date, si vous n’aviez pas réussi à prouver votre innocence, vous pouviez terminer au bout d’une corde, à l’instar de Ned Kelly.

Prenons le gars sur la pochette de cet album, assez effrayante dans l’idée. Il semblerait que ce soit un vieux cliché d’un condamné à mort qui porte une espèce de cagoule avec une potence, qui ne fait guère de doute quant à son destin. Bref, ce gars parvient à s’enfuir, il lui reste quoi ? Le désert ? Pas top, en plus les mines d’opale peuvent s’effondrer. La nage ? Dans un marais, bonne chance. Dans l’océan… On compte moins d’attaques de requin que d’accidents liés aux kangourous en Australie, alors pourquoi pas ? Bouffer un koala pour survivre ? C’est un coup à y laisser sa peau, la viande de l’animal est toxique à cause de l’eucalyptus qu’il dévore (il dort jusqu’à vingt heures pour digérer ces foutus toxines). Puis c’est agressif un koala. Enfin, quand on le dérange. Puis terminer bouffé par une meute de dingos, merci bien. La pendaison, ça a le mérite d’être rapide quand le bourreau est un orfèvre en la matière.

Cela fait bien des digressions pour enfin parler de cet album. "Door, Door" est le premier album de The BIRTHDAY PARTY. Plus précisément, le premier de The BOYS NEXT DOORS qui changera de nom un peu après sa sortie. À cette époque, les musiciens étaient encore pour certains adolescents, certains étaient tout juste adultes et ils représentaient bien une jeunesse désœuvrée, qui avait abandonné ses études pour vivre ses convictions. Pour Nick Cave et son complice Mick Harvey, c’était de faire de la musique. De toute manière, Cave se trainait une réputation d’odieux connard prétentieux dans son école d’art et la quitter a dû plus soulager son entourage que lui-même.

Pour ces gars qui ont grandi en écoutant FREE, David BOWIE, le ALICE COOPER BAND et les légendes du Prog, la découverte du Punk allait grandement changer leur vie. Si Nick Cave avouera avoir eu une espèce de coup de foudre pour la pochette du "Raw Power" des STOOGES, le groupe qui marquera les esprits du jeune groupe sera The SAINTS, étoile australienne d’un Punk Rock somme toute bien britannique. Il faut savoir qu’à cette époque, la distribution n’était pas toujours très fiable et certains disques n’arrivaient jamais en Australie, ou longtemps après leur sortie, ce qui fait que le pays fonctionnait dans une espèce d’autarcie au niveau musical (pour vous faire une idée, le bordel que représentent les premiers albums d’AC/DC au niveau des parutions australes et des pressages européens est assez parlant).

Les BOYS NEXT DOOR vont d’abord enregistrer quelques titres, avant que le guitariste Rowland S. Howard ne vienne rejoindre les rangs et enrichir le son du groupe avec sa technique, supérieure à celle de Mick Harvey dans le domaine. D’autres morceaux seront mis en boîte quelques mois plus tard et ce premier album sort dans une espèce de semi-indifférence. Globalement, c’est moins agressif que ce que proposent les SAINTS, cela tire plus sur ce que pourraient proposer les BUZZCOCKS, mais en plus sombre, pour ne pas dire déglingué. Mais cela reste avant tout un travail de jeunesse, fait dans l’ignorance de l’évolution du Punk et qui ne sera même pas un brouillon pour la musique que développera plus tard The BIRTHDAY PARTY, beaucoup plus sombre et violente, quand les musiciens émigreront en Angleterre et découvriront un Punk bien plus radical, le Post Punk et le Ska.

Pour le moment, "Door, Door" est un disque très mitigé. Il essaye d’avoir l’attitude, mais ce n’est pas tout à fait cela. La production n’aide pas, elle est réellement pourrie. C’est le groupe qui s’en est chargé et tous étaient novices en la matière, en résulte une espèce de bordel sonore dont on parvient tout de même à distinguer les instruments, mais dont l’agressivité live a été étrangement gommée (aussi, se passer "Prayers On Fire" juste après, ça fait un choc !). Pourtant, la musique est rapide, il y a une forme de mordant dans l’interprétation parfois très chaotique des morceaux, qui possèdent un certain potentiel et qui n’auraient pas fait tâche en Angleterre en 1976 ou 1977. Mais là, nous sommes en 1979 et The BOYS NEXT DOOR sonne comme un groupe un peu ringard, qui a quelques wagons de retards sur le Punk.

Certains titres sont trépidants, comme "Roman Roman", de loin le titre le plus extrême du disque, où l’on commence à déceler les traces du nihilisme qui seront la marque de fabrique de The BIRTHDAY PARTY. En moins de deux minutes la messe est dite. "The Voice", propulsé par la basse de Tracy Pew (qui ratera le Club des 27 à une année près), est une autre bonne pioche de ce disque, dans un esprit très londonien, qui n’aurait pas dépareillé sur un disque des CLASH ou des BUZZCOCKS, tandis que "Somebody’s Watching" livre un climat assez inquiétant. Le chant de Nick Cave est très différent de celui que l’on connaît le plus. Il tend plus vers Robert Smith, en moins théâtral. Il est prompt à gueuler un peu plus également, ce qu’il ne se gênera pas de faire en live et plus tard, sur les disques de The BIRTHDAY PARTY.

Les quatre derniers morceaux évoluent vers quelque chose d’autre. La dissonance est toujours là, mais elle partage l’espace avec des mélodies plus troussées, que l’on doit majoritairement à Rowland Howard et qui va prendre l’étiquette « Post » plus que purement Punk. Cave avait (et a toujours) du mal avec ces morceaux, qui lui parlaient moins et qui s’écartaient trop ouvertement de sa vision du Punk. "I Mistake Myself" est plutôt sympa et le groupe va même sortir un single qui connaîtra une certaine réussite dans les charts australiens avec "Shivers"… qui est une ballade. Qui ne préfigure même pas ce que seront les BAD SEEDS.

The BOYS NEXT DOOR assure l’essentiel, il essaye également de propulser sa musique plus loin que les standards australiens (The SAINTS, que Cave et sa clique adorent, mais qu’ils trouvent un peu trop académique) en jouant sur les ambiances, ou en essayant d’intellectualiser l’ensemble ("Friends Of My World"). Parfois, ils vont ajouter quelques cuivres pour colorer l’ensemble, mais rien de trop ostentatoire. Le problème est que l’ensemble sonne mal et n’a pas le mordant qu’il faut, la distorsion nécessaire à provoquer un tsunami musical. D’ailleurs Nick Cave ne cachera pas sa déception en entendant le mix final de Tony Cohen (lui aussi trop tôt disparu), trop commercial selon lui. Il est clair qu’en se penchant sur la suite, il apparaît que le côté commercial n’était absolument pas recherché, tant The BIRTHDAY PARTY se montrera extrême, plus violent dans sa démarche, allant jusqu’à tâter de l’Indus en compagnie de Blixa Bargeld (EINSTÜRZENDE NEUBAUTEN, groupe à écouter au moins une fois dans sa vie, surtout les premiers albums).

"Door, Door" est un premier album qui dévoile un certain potentiel, mais qui ne l’exploite pas. Il lui manque une énergie live qui ferait que le côté Punk prendrait réellement tout l’espace sonore et se voudrait alors bien plus dangereux. Un coup d'épée dans l’eau donc. Quand Keith Glass décidera de signer The BOYS NEXT DOOR sur Missing Link, son label Punk, il leur avouera que ce premier jet, il ne l’aurait jamais sorti en l’état parce qu’il n’avait pas la force dévastatrice de Cave et compagnie sur scène et il les encouragera à partir en Angleterre pour se forger le caractère, ce qui sera certainement le meilleur et le pire conseil qu’il pouvait donner à ses jeunes protégés. Dans la capitale de la Perfide Albion, ils connaîtront un succès monstrueux sous le nom de The BIRTHDAY PARTY, divisera la scène Punk entre ceux qui les trouvaient trop violents et ceux qui adhéraient totalement à leur discours nihiliste, et surtout ils vivront dans un squat où ils se noieront dans l’enfer de la drogue, qu’ils avaient déjà commencé à tâter en Australie. Mais ça, c’est une autre histoire.

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- Nick Cave (chant)
- Mike Harvey (guitare, piano)
- Rowland S. Howard (guitare)
- Tracy Pew (basse)
- Phil Calvert (batterie)


1. The Nightwatchman
2. Brave Exhibitions
3. Friends Of My World
4. The Voice
5. Roman Roman
6. Somebody's Watching
7. After A Fashion
8. Dive Position
9. I Mistake Myself
10. Shivers



             



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