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2019 Love Exchange Failure

WHITE WARD - Love Exchange Failure (2019)
Par ISAACRUDER le 6 Novembre 2021          Consultée 1077 fois

Comme à son habitude, le label Debemur Morti a le nez fin pour dénicher des artistes prometteurs. "Futility Report", le premier album de WHITE WARD, était déjà intrigant, bien que maladroit. Dissimulé derrière un visuel sans grand charme, mais certainement représentatif d'une volonté de déromantiser l'urbain, "Love Exchange Failure" confirme ce que WHITE WARD est capable de faire : un Black Metal d'avant-garde, racé et pris dans une beauté Jazz qui le parcourt et le transcende, sans éviter malheureusement des longueurs et des facilités.

Le Black Metal a depuis fort longtemps continué à tracer une route particulière au sein de la scène générale. Genre foncièrement antimoderne, il connait depuis plusieurs années une phase de réappropriation moderne - dirions-nous déconstruction ? - qui amène nombre de groupes à jouer avec les codes du genre. DEAFHEAVEN en avait fait les frais lorsqu'il avait sorti "Sunbather", album aux teintes roses, aux gammes majeures, baignant dans une lumière inédite. WHITE WARD s'inscrit dans ces formations avant-gardistes, mêlant aux blasts traditionnels un Jazz tendance Noir, dans la droite lignée des DALE COOPER QUARTET et autres BOHREN UND DER CLUB OF GORE. L'introduction du titre éponyme, de même que celle de l'excellent "No Cure For Pain" révèle ces inspirations. Le saxophone vibre d'une mélancolie urbaine caractéristique, soutenu par une batterie lascive. WHITE WARD reprend les codes du Dark Jazz donc, celui habité par les rues pâles de Chicago, New York ou la Nouvelle-Orléans. La production est à la hauteur des maîtres, tout en légèreté et en clarté. Le piano recouvre le saxophone d'un voile nostalgique, tandis que les balais frottent délicatement les fûts avant le blast impérial. Disons-le, lorsque WHITE WARD ose l'instrumental, il se montre brillant, en témoigne le piano funèbre qui conclut le morceau éponyme, moment de grâce triomphal après le déluge de guitares.

"Love Exchange Failure" a donc des inspirations claires, et nous citions DEAFHEAVEN plus haut non sans fondement. L'introduction tout en arpèges de "Poisonous Flowers Of Violence" pourrait sortir tout droit des idées des blackeux californiens. C'est là une problématique particulière lorsque l'on écoute WHITE WARD. Le plaisir de l'écoute est entravé par la certitude d'avoir déjà entendu ce riff, cette mélodie. L'intermusicalité existe depuis la nuit des temps me direz-vous, et cela est juste, mais WHITE WARD fait partie de ces groupes qui peinent encore à sortir de leurs influences. Il serait ainsi aisé de définir cet album comme un DEAFHEAVEN fou de DALE COOPER QUARTET. Cela ôte-t-il leurs qualités intrinsèques ? Certainement pas, d'autant que l'exécution est parfaite, mais certains coups de maître nous laissent entrevoir la possibilité d'un WHITE WARD totalement libéré de ses influences. Ainsi l'excellent "Surfaces And Depths", porté par une voix féminine grave, un saxophone fulgurant, un piano japonisant et une atmosphère de fin des temps dans une ville ruinée par les vices de la modernité. Les tentatives de créer davantage de pesanteur sont également bienvenues mais trop timides, comme dans "Dead Heart Confession", qui retombe dans les travers du groupe, soit la structure répétitive et la tendance au blast facile et invasif.

Les coups d'éclat de "Love Exchange Failure" ne masquent donc pas ses failles. C'est un album trop long, qui s'essouffle sur sa fin, trop engoncé dans des titres semi-ambiants, et pris dans des leitmotiv qui peuvent agacer. Introduction Jazz puis Black Metal, puis break Jazz, puis final épique... Il s'agira pour WHITE WARD de sortir de ce carcan structurel qui parasite cet album. De même, il serait sage de calmer les ardeurs d'une musique qui tire en longueur. Arrivés à "Uncanny Delusions", difficile de ne pas fatiguer. On y reconnait les gimmicks Jazz, malgré un chant de qualité (très influencé par ULVER) et l'on s'attend à ce saxophone qui surgira dans le brouillard d'un Metal obscur avant un riff plus agressif (cette fois-ci très mauvais). On ne peut pardonner à WHITE WARD ces facilités alors qu'il est capable d'asséner de superbes moments intimistes et de sortir du Black Metal classique et épuisant.

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   ISAACRUDER

 
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- Yurii Kazarian (guitare, chant secondaire)
- Andrii Pechatkin (basse, chant)
- Serhii Darienko (guitare)
- Evgen Karamushko (batterie)
- Dima Dudko (saxophone)
- Stanislav Bobritskiy (claviers)


1. Love Exchange Failure
2. Poisonous Flowers Of Violence
3. Dead Heart Confession
4. Shelter
5. No Cure For Pain
6. Surfaces And Depths
7. Uncanny Delusions



             



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