L'épiphénomène BROTHERS OF METAL a pris tellement d'ampleur qu'AFM s'est empressé de le prendre sous son aile et de ressortir "Prophecy Of Ragnarök" en novembre 2018, pendant que nos Suédois s'affairaient à composer et enregistrer le deuxième chapitre de leurs aventures Viking. Et "Emblas Saga" aura comme son prédécesseur été pensé dans les moindres détails, avec néanmoins la pression de confirmer les espoirs placés tôt dans l'octette par la firme allemande.

Et dès l'introduction on ne pourra pas occulter le fait qu'un soin tout particulier a été accordé aux ambiances et aux arrangements. Il souffle une brise à la Howard SHORE époque "Seigneur des Anneaux" qui n'est pas pour me déplaire et qui atténue assez bien les a priori que j'ai sur la musique de BROTHERS OF METAL depuis que le tapage autour de lui a démarré. Et d'une manière générale, les Suédois ont cherché à donner de la profondeur à ce disque, un souffle grandiose qui amène les titres à ne plus simplement s'arque-bouter sur des refrains hyper évidents à reprendre bourré dans un festival. Et ça fait un bien fou. Car honnêtement, là en écrivant, le seul refrain du premier album qui me soit revenu est celui de la power-ballad "Yggdrasil". Le reste ? Je n'en sais plus rien.

Alors que sur "Emblas Saga" c'est pas la même. On n'est pas tout à fait débarrassé du côté vite écouté vite oublié, mais je dois bien reconnaître que comparé à son premier effort, ce deuxième recueil fait montre d'une toute autre ambition. La production est passée du tape-à-l'œil au compact bombastique au puissant et nuancé. Les constructions des titres sont également plus fluides, et la répartition des vocaux plus organique également. Il y a un peu moins cette approche théâtrale où chacun semble incarner un personnage. Ce sont davantage les textures, très différentes, des voix, qui semblent guider les choix artistiques, et c'est tant mieux. Un trait que partage ce "Emblas Saga" avec le "Helloween" des Avengers allemands réunifiés.

S'attardant en priorité sur des faits ou des créatures qui vont précipiter le Ragnarök, BROTHERS OF METAL s'est trouvé une matière qui se prête à la démesure et aux batailles épiques. Alors si on ne se sent pas forcément transporté sur le champ de bataille à tous les coups, certaines envolées à la fois guerrières et épiques font mouche. Le groupe ne rate pas à sa chevauchée des walkyries notamment, ni son final, et peut compter pour cela sur une Ylva Eriksson au vibrato séduisant (un peu à la Joan Baez) qui aide grandement à faire vivre à l'auditeur les épopées fantastiques des Ases en plein Ragnarök.

Le recours à une instrumentation plus léchée et diversifiée n'évite pas le cliché à la RHAPSODY quand il se la joue plus Folk (c'est le cas sur "To The Skies And Beyond"), mais une fois terminé le constat est assez clair ; en dépit des quelques titres totalement transparents, BROTHERS OF METAL a réussi à imposer ses compositions et plusieurs refrains très efficaces, particulièrement ceux qui s'attachent à répéter leur titre ("Powersnake" et "Chainbreaker", que le groupe a très judicieusement choisi de sortir en clip en début d'année), mais pas seulement. Les cinq premiers titres passent en un éclair (le premier est une introduction attention), et il y a de quoi s'amuser jusqu'au déferlement Speed de "Ride Of The Walkyries".

Ce "Emblas Saga" n'est pas une perle, mais pour un deuxième album, la marge de progression est très nette, et il m'apparaît clair que s'il continue sur sa lancée, le combo suédois pourra sans tarder rejoindre le clan des très bonnes formations du genre. Fourbissez Einherjar !