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DREAD SOVEREIGN - Alchemical Warfare (2021)
Par WËN le 5 Juin 2021          Consultée 2034 fois

DREAD SOVEREIGN. Voilà typiquement l'exemple de formation qui, par sa formule - une espèce de Doom Metal abâtardi à la sauce proto-extrême de la fin des 80, ou bien est-ce l'inverse - en marge des canons contemporains du genre, ne manque d'accaparer mon attention à chacune de ses réalisations et cela, depuis huit ans déjà. Réalisations pour lesquelles, fasciné, je me sens à chaque fois obligé de débourser quelques deniers pour leur version vinyle tant, c'est vrai, ce support s'acoquine tout naturellement aux vieilles caves éclairées à la chandelle qui siéent si bien à la musique du trio, à écouter reclus, un whisky dans la pogne, isolé de la frénésie de nos métropoles modernes. Pourtant, et voilà le plus insensé de toute cette affaire, c'est que - jusqu'à présent - DREAD SOVEREIGN n'aura jamais été fabuleux sur disque, tout au plus sympathique… Alors vous comprendrez bien, aller vous expliquer le pourquoi de cet engouement relève presque de l'impossible. C'est ainsi. Peut-être son côté je-m'en-foutiste pleinement assumé y est-il pour quelque chose, aussi… Peut-être…

Car au sortir d'un album relativement décevant (car balançant ses riffs dans trop de directions différentes pour le suivre, ou pour en avoir réellement envie tout du moins), nous en venions à nous demander si les Dublinois n'en allaient pas s'en tenir bien malgré eux à cette image d'échalas maudits, n'ayant brillé le temps que d'un seul EP. En effet, en une grosse vingtaine de minutes, "Pray To The Devil In Man" (2013) semblait recenser en ses sillons tout ce que DREAD SOVEREIGN avait à nous conter, le "All Hell's Martyrs" lui emboîtant le pas l'année suivante ne s'en révélant finalement qu'une (trop) longue resucée. Tandis que son successeur, "For Doom The Bell Tolls", brièvement décrit plus haut, n'arrivait pas à pleinement convaincre non plus, nous ne donnions donc pas cher de la carcasse de notre EFFROYABLE SOUVERAIN.

Et pourtant, sans fard ni fanfare, voici que déboule cet "Alchemical Warfare" (ndlr : vous l'avez ?! ) qui pourrait bien venir nous mettre un gentil coup de pied au kvlt ! La formule n'évolue que peu, c'est un fait et ce n'est de toute façon pas ce qu'on attendait de la formation, mais les six réels titres proposés ici (j'omets volontairement les deux courts instrus qui, hormis rehausser l'ambiance crépusculaire de leurs austères larsens, n'apportent pas grand-chose) savent cette fois se montrer homogènes et je ne vais pas vous cacher que c'est par contre sur ce point précis que je les attendais, nos paumés d'Irlandèches. Mieux, exit les spirales vertigineuses et cosmiques à trop forts relents Psyché/Stoner et un peu hors de propos qu'on décelait par grosses couches pas vraiment finaudes sur "The Spines Of Saturn" de l'album précédent et qui, de mon point de vue et à cause d'autres délires du genre, nuisaient à la cohérence de ce dernier. DREAD SOVEREIGN replonge ici ses vieilles bottes fangeuses dans de sordides et crapuleux marais old-skull, et ça prend tout de suite.

J'ai bien l'impression que Nemtheanga (PRIMORDIAL, chant et basse) & Co se sortent ici un peu les doigts du fondement en se penchant davantage sur des complaintes à rapprocher de l'apathique partition d'un "Twelve Bells Toll In Salem" qui ouvrait son prédécesseur d'album. En découlent des chansons à la durée cette fois-ci plus conséquente (quatre dépassent les huit minutes), sachant faire la part belle aux longues plages lancinantes (l'intro de "Ruin Upon The Temple Mount", "Nature Is The Devil's Church", tout l'halluciné final de "She Wolves Of The Savage Season") où plus que jamais le nouveau batteur (Con Ri, CONAN) trouve davantage ses marques ("Her Master's Voice"), son kit apportant une dynamique nonchalamment rétive à toute modernité à ce vieux Heavy/Doom foutraque et cradingue. La partition, forcément hantée comme elle se doit d'un bestiaire fantastico-horrifique issu des plus viles ténèbres d'un Moyen-Âge fantasmé ("Witches bitches raging wolves, Scarlet ladies of infinite might", sorcellerie et lycanthropie pour toujours plus de foufoune), n'en demande pas moins pour nous faire naviguer en eaux passablement troubles.

Mais dans le fond, le topo demeure sensiblement le même. Au chant, Nemtheanga-eries coutumières se la partagent à des râles parfois franchement habités ("Ruin Upon The Temple Mount") et quelques refrains qui savent se faire fédérateurs ("The Great Beast We Serve" à fort renfort de "hohoho"), tandis que la section rythmique, conquérante, n'hésite jamais à dynamiser son propos ("The Great Beast We Serve", encore, ou le rugissant "Devil's Bane"). En fait, il ne sera pas rare d'y fugacement croiser les silhouettes évanescentes des VENOM, TROUBLE et autres BATHORY (cf. la reprise en bonus track) qui se tordent comme à la belle époque à travers le riffing délétère de DREAD SOVEREIGN. Pour ce coup, j'irai même jusqu'à citer MOTÖRHEAD, le temps de quelques speederies dignes de la plus possédée des Rickenbacker (les couplets de "Nature Is The Devil's Church"), sans oublier ce je-ne-sais-quoi de PRIEST-ien dans le riffing de "Devil's Bane". Derrière ces rappels Heavy bien présents et nécessaires, le trio ne saurait non plus se priver de quelques Doomeries de rigueur tout aussi palpables et là, je vous renvoie aux soudains ralentissements qui tapissent "She Wolves Of The Savage Season" (vers 7'10) et "Her Master's Voice", par exemple. "Her Master's Voice", justement, parlons-en, avec son refrain qui à chaque écoute, vient immanquablement me titiller l'hypophyse avec ses faux-airs de "Rockin' In The Free World " (Neil Young, quoi). On vous le dit, le trio profane à tout va.

Bref, vous l'aurez compris, en 2021, l'approche de DREAD SOVEREIGN se veut largement plus homogène. Fini les égarements récréatifs de "For Doom The Bell Tolls" (*), il suffit cette fois d'écarter un rideau de vieux lierre dégueulasse pour que se découvre un panel de morceaux, consciemment mûris en une bien étrange alchimie (agrémenté de l'artwork de Costin Chioreanu) et en charge de corriger les tares du précédent cru. Pas prétentieux pour la moindre obole, les Irlandais nous la jouent franche et sans artifice superflu et semblent s'être rendu compte que cet initial projet parallèle n'est pas nécessairement voué à en rester un. Et voilà peut-être le déclic tant attendu : ça fusionne, ça bouillonne et on se surprend à en reprendre quelques louches en fin d'écoute. Je ne prétends pas que cette sortie brillera au firmament des disques ayant illuminé cette année au moment d'en faire le bilan ; il y a à ce sujet encore une marge de manœuvre considérable avant de prétendre à un quelconque statut de 'masterpiece'. Néanmoins, ce cru mérite bien son 3,5/5 histoire, d'une part, de marquer la progression et un certain sursaut d'intérêt non négligeable par rapport à son précédent bâtard, mais d'autre part, car je ne suis hélas pas persuadé que DREAD SOVEREIGN puisse réellement faire mieux à l'avenir. Faites-moi mentir, les gars…

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(*) Passé deux interludes instrumentaux et une reprise de VENOM, "For Doom The Bell Tolls" ne proposait au final que trois réels morceaux, pour vingt-sept minutes (un EP dissimulé en somme). Oui, c'était quand même franchement un peu ladre …

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- Nemtheanga (chant, basse)
- Bones (guitare)
- Con Ri (batterie)


1. A Curse On Men
2. She Wolves Of The Savage Season
3. The Great Beast We Serve
4. Nature Is The Devil's Church
5. Her Master's Voice
6. Viral Tomb
7. Devil's Bane
8. Ruin Upon The Temple Mount
9. You Don't Move Me (i Don't Give A Fuck) (reprise B



             



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