Et bien très cher (et ô combien fidèle) lecteur NIMEien, nous y voilà enfin !
"Mais où donc ?" me rétorqueras-tu avec un brin d’impatience non dissimulée, dévoré que tu es d’en savoir plus sur ce qui se dissimule derrière la pochette étrange de JADED STAR…

Nous en sommes tout simplement au moment fatidique tant redouté par tous les membres de la petite communauté auto-proclamée des chroniqueurs musicaux métallisant… À savoir un temps de doute… Un temps de blanc. Un temps ou l’on peut se demander ce que l’on va bien pouvoir dire et raconter sur un album en particulier ; album que l’on s’évertue alors à (ré)écouter en espérant que la fréquence provoque l’abondance mais qui s’entête à ne faire naître aucune émotion particulière (qu’elle soit positive ou négative !)… Le zéro de tension absolu du ressenti !

Si cette situation m’afflige autant qu’elle m’inquiète, c’est qu’elle est foutrement éloignée du véritable volcan d’idées et d’avis à partager qui m’habitaient et se bousculaient dans mon esprit enfiévré alors que le Grand Maître du Metal (notre grand Big Boss à nous chez NIME) me posait sa hache de guerre à double tranchant sur l’épaule pour m’adouber… m’autorisant par-delà même à oser proposer mes immondes gribouillis sur un site, que dis-je, un web-monument, dont je tétais alors goulûment le sein depuis belle lurette.

C’est donc ce fichu vide questionnant qui me tombe méchamment sur le coin de la binette aujourd’hui, au moment d’évoquer le second et dernier opus studio pondu par JADED STAR en novembre 2020 et opportunément titré "Realign". Que diable pourrais-je bien en dire ?

Je pourrais commencer par évoquer la partie la plus visible de l’iceberg, la Dame de cœur de la partie, le donjon autour duquel le reste a été construit : la jolie et persévérante chanteuse métallique, Miss Maxi Nil. Égérie grecque à la voix puissante et racée ayant marqué de son empreinte deux albums du groupe de Metal Sympho VISIONS OF ATLANTIS ("Delta" en 2011 suivi de "Ethera" en 2013), première Diva des instrumentistes d’ELYSION le temps d’une démo avant l’arrivée de la tapageuse Christianna au poste de titulaire, notre chère Maxi bourlingue également avec nombre de micro-formations ; tout ceci faisant que la donzelle commence à bien connaître la scène Metal et ceux qui comme elle, ont de la suite dans les idées.

Je pourrais alors continuer en précisant qu’une fois son joli tablier gothique à peine rendu aux zicos de VISIONS OF ATLANTIS, Maxi Nil va rapidement se trouver un nouveau chevalier servant en la personne du fougueux batteur Raphael Saini (musicien de session chez ICED HEARTH pour l’album "Plagues Of Babylon" en 2013 puis pigiste live chez VISIONS OF ATLANTIS tiens tiens…) pour monter son groupe à moi et faire enfin toute la musique qu’elle aime… ou en tous cas comme elle la conçoit. "Memories From The Future" sort ainsi en 2015 ; proposant un Metal Mélodique agressif dont l’aspect globalement lissé laisse néanmoins entrapercevoir quelques sympathiques ingrédients susceptibles de former un jour une jolie mayonnaise. À suivre donc.
Or, si l’on se réfère d’ailleurs aux bio et autres communiqués publiés sur le site officiel de JADED STAR, le groupe aurait par la suite sévi aux quatre coins de l’Europe lors de tournées triomphales en compagnie de combos aussi prestigieux qu’EPICA, DELAIN, XANDRIA ou encore MOONSPELL, ceci pour le plus grand bonheur de leurs (nombreux) fans. Oui, mais voilà… La fumée finit par retomber, la famille et autres factures vous rattrapent et l’envie parvient finalement à s’émousser. C’est dire que quand notre jolie cigale métallique reparle de remettre les couverts pour entamer une seconde offrande studio, elle se retrouve bien désappointée ; son co-fondateur de batteur allant même, le rustre, à ne pas vouloir réinvestir dans l’aventure de JADED STAR…

Mais c’est bien mal connaître la pugnacité d’une Maxi Nil ! Frontwoman enragée ayant produit le premier opus de 2015 et manifestement prête à produire le second, elle ne lâche pas l’affaire et, entourée d’un line-up intégralement renouvelé (à l’image d’une plastique partiellement remodelée par le Dieu Injections-Lifting comme l’indiquent les nombreux selfies publiés sur son compte FaceDeBouc), elle rentre de nouveau en studio pour l’enregistrement de "Realign", ce qui aboutira à la livraison de novembre 2020.

Je pourrais poursuivre en illustrant mes propos par l’image d’un indémodable Flanby (oui, c’est bien un "n", j’ai vérifié !) dont on aurait percé l’opercule après l’avoir retourné dans une assiette à dessert… Plat économico-pratique auquel nous avons tous succombé dans nos vertes années et qui colle si bien avec la musique proposée ici par JADED STAR : une petite couche liquide délectable et sucrée de lignes rythmiques massives à souhait, très convenablement portées par une solide assise basse-batterie et que l’on retrouve en dosage variable dans chaque bouchée. La matière principale reste néanmoins composée par un ensemble quelque peu aromatico-gélatineux mêlant des claviers omniprésents ou des effets récurrents (mais pas toujours opportuns), des mélodies ambitionnant d’être accrocheuses (mais pas toujours convaincantes) ainsi que des chœurs aux teintes clairement popisantes (on frôle parfois l’ambiance Chupa Chups !). JADED STAR donne clairement l’impression, comme d’autres l’ont déjà fait avant lui, de vouloir utiliser un vieux fond de sauce métallique pour concocter une musique hybride qui, sous de nombreux aspects, s’apparente plus à de la barbe à papa… Déconcertant !

Je pourrais néanmoins souligner que le son, agréable tout en étant puissant (même si le mix me semble placer la voix de la Diva un chouïa en avant…), le bon niveau certain de musiciens sans doute confrontés à un cahier des charges résolument minimaliste, sauvent quand même cet opus d’un naufrage que l’absence de tels ingrédients aurait sans doute rendu inévitable.
La reine du bal demeure dés lors la brillante Maxi Nil vers qui tous les feux convergent et dont les capacités vocales, impressionnantes il est vrai, modélisent complètement les dix titres qui arment ce "Realign" : monument élevé par et pour sa gloire ; à l’image d’un morceau comme "Children Of Chaos" dont la seconde partie sert exclusivement de terrain de jeu à notre business-diva… contrairement au malheureux guitariste dont les soli se comptent sur les deux doigts d’une main. À noter tout de même, le sympathique et unique moment qui donne l’impression que les choses décollent, en l’espèce le nerveux et mélodique "Adrian" par lequel JADED STAR fait (un peu) tomber le masque en sortant de ses ornières formatées et musicalement assez lisses… À écouter en priorité donc. Il n’en demeure pas moins que composer, enregistrer et produire un album studio (même poussif) reste un gros boulot, boulot que je respecte trop pour aller plus loin dans la critique. Sans être un mauvais album, "Realign" ne m’a franchement pas emballé. Je laisse le soin aux admirateurs du combo en général et de Maxi Nil en particulier de le défendre.

Je pourrais enfin terminer en défonçant la porte ouverte selon laquelle "Realign", production vouée au culte de notre jolie cantatrice hellène, ne constituera pas, dans le torrent des productions ambiantes, une pièce majeure dans l’histoire du Metal Mélodique. Sculpté à la nouvelle image de la donzelle, il se veut lisse et formaté pour ne retenir de ce fait que l’attention des vrais accrocs du genre… Explorateurs de nouvelles sensations ou d’aspérités, passez votre chemin !

Seul devant mon assiette à dessert dans laquelle je viens de retourner mon Flanby, je contemple le caramel napper progressivement le flan aux teintes si claires… Mon festin terminé, j’utilise mon doigt caramélisé (et redevenu enfantin !) pour dessiner un joli 2/5 sur la faïence blanche… Ouf, finalement, j’aurai des trucs à dire.


- pour le sursaut : "Adrian",
- pour le solo guitare : "Higher Than Love",
- pour le reste : C’est pas grave si t’en parles pas à tes petits enfants devant la cheminée la veille de Noël.