Si j'ai attendu avec impatience la sortie de "Nitocris, The Queen With Golden Hair", je dois avouer avoir été très surpris de voir les Grenoblois d'ÂMON SETHIS commettre un EP dans la foulée, lui qui ne nous avait alors pas habitués à une telle productivité. Il faut dire qu'entre sa tournée avec DGM et le travail fourni pour sortir un album à même de rivaliser avec le back-catalogue d'ÂMON SETHIS, le groupe a accumulé un peu de matériel, ainsi "Treasures From The Sand" est un gros EP, comprenant un titre supplémentaire prévu pour "Nitocris" mais laissé de côté pour des raisons de place, une version entièrement interprétée par Julien Tournoud de "Eternal Love" (je trouve par ailleurs que le duo fonctionnait mieux), trois pistes orchestrales de titres de l'album, une version revisitée en piano-voix du classique de son premier album "Amonsethis" ainsi que trois titres live captés lors de son concert au Very Prog Festival en ouverture de DGM, mixés et masterisés par l'inénarrable Brett Caldas-Lima.

En réalité un extrait supplémentaire "Pyramidion" a été préparé, mais ÂMON SETHIS a décidé de le réserver comme bonus de la réédition de son premier album "The Prophecy". Dommage pour ceux qui le possédaient déjà (même si j'ai la chance d'avoir pu compter sur Pierre Dalban, énergique batteur sur le premier album et qui dépannait le groupe pour cette tournée, pour m'en procurer un !). Mais il n'était plus trouvable dans le commerce depuis un bon moment donc bon… Très intéressant par ailleurs d'écouter les titres chargés en trame narrative prendre vie sur scène, d'autant plus que le groupe y dévoilait en avant-première "My Sister, My Love, My Pharaoh" pas encore enregistré à ce moment-là, l'occasion de l'écouter dans une version plus crue et dénué d'orchestrations, avec des claviers plus présents. Un autre regret, que "Hope", le titre emblématique de "The Final Struggle" n'ait pas été retenu, d'autant qu'il avait été joué (j'avais par ailleurs assisté à la date suivante à Chambéry). Mais bon c'est toujours pareil, on se plaint alors qu'on pourrait n'avoir rien du tout sous la dent.

Les titres live sont, avec le premier issu des sessions de "Nitocris", de loin le principal attrait de l'EP. Car on y découvre un groupe particulièrement puissant, bien poussé par le jeu de son ancien batteur qui insuffle une pêche d'enfer au set. On y retrouve un Julien Tournoud plus débridé (non sans quelques approximations qui vont avec). En tout cas ÂMON SETHIS en live c'est très solide, et tous ces passages déclamés en langue ancienne sont un réel atout !

La version piano-voix de "Amon Sethis" (mixée par Elyes Bouchoucha de MYRATH) est intéressante, car au vu du morceau original, frondeur et agressif, il n'apparaissait pas comme un choix évident de prime abord. L'arrangement pour piano et un violoncelle fait son effet, et l'introduction sera reprise dans le cadre des versions live futures. En revanche, je dois trouver que la réinterprétation vocale ne me satisfait pas plus que ça, notamment à cause d'un accent très français assez surprenant quand on écoute l'original et même le live présent sur "Treasures From The Sand". Ce qui est tout le contraire de lu morceau Prog à tiroirs introductif, qui aurait eu un rôle important à jouer dans l'histoire de "Nitocris...", Julien Tournoud y débordant d'expressivité et de théâtralité.

Proposer des versions orchestrales est devenu une pratique assez prisée chez les groupes établis qui bénéficient des services de grands orchestrateurs et surtout, surtout, de véritables orchestres. C'est d'ailleurs selon moi une belle façon de valoriser ce travail consistant à donner vie à une œuvre d'art à vingt, trente, quarante musiciens (voire plus). Mais même si l'oreille d'Eliott Tordo a su capter la musique du groupe dans sa globalité, les orchestrations seules peinent à se suffire à elles-mêmes, là où elles fonctionnent très bien sur l'album. Le fait est qu'ÂMON SETHIS n'est pas un groupe de Metal Symphonique faisant reposer la plus grande partie de son discours sur la dimension orchestrale. Le chant et la guitare d'Olivier Billoint sont la clef de voûte du groupe et en préservent l'identité. D'autant que pour des questions de moyens, il est très courant d'avoir recours à des instruments virtuels pour émuler d'amples orchestrations ; une fois mixé avec le reste on y voit que du feu, surtout quand c'est la dimension Metal qui domine. Et là, ce n'est pas faire injure au groupe que de dire qu'il n'est pas NIGHTWISH ou DIMMU BORGIR. Et c'est un peu l'autre problème, c'est que le côté synthétique et surtout mécanique se ressent pas mal sur ces trois pistes orchestrales. C'est d'autant plus dommage qu'il s'agit de trois des meilleurs titres de l'album.

Après, comment blâmer le groupe d'avoir voulu gâter ses adeptes ? Pas certain que sa générosité paie, mais "Treasures From The Sand" est un disque bonus bien garni, qui n'a pas de réel intérêt en tant que tel, si ce n'est en complément du splendide "Nitocris, The Queen With Golden Hair". Il est sympa, mais absolument pas indispensable pour quiconque est plongé dans l'univers mystico-antique développé par ÂMON SETHIS depuis ses débuts.