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2017 Lifa
 

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HEILUNG - Lifa (2017)
Par VOLTHORD le 20 Mars 2021          Consultée 1362 fois

Je l'ai sans doute très nettement sous-estimé au début, ce Einar Selvik. C'est désormais impossible de passer à côté de l'évidence : WARDRUNA a donné un souffle nouveau au Pagan Folk. Dans son sillage, le second qui aura su s'imposer sur les planches, et notamment dans la scène "associée Metal", et bien c'est HEILUNG.

Se revendiquant d'une approche historique jusqu'à parler d' "Amplified History", HEILUNG fait certes quelques efforts pour utiliser des langues anciennes, mais tient, dans son attitude et son esthétique davantage d'une projection très moderne d'une europe shamanique fantaisiste que d'une quelconque appartenance historique (non vraiment les casques en crâne de cerfs, c'est du Sauvageons de Game Of Thrones mais difficilement autre chose). Mais a minima, et sans trop rentrer déjà dans la critique, HEILUNG a pour lui une approche expérimentale, qui au départ, pour le dire gentiment, "a trouvé son public" (pire expression du monde)."Lifa" est un album live tourné au cœur du Castlefest, grand messe du Folk médiévalo-New-Age-écolo-fantasy, qui verra donc pour la toute première fois ce groupe autoproduit fouler les planches avec ses grands sabots et ses coups de lance au sol. Une fois en ligne, par un impressionnant effet d'amplification, il touchera d'abord les fans de WARDRUNA, puis un éventail plus large de curieux. À l'heure où j'écris la chronique on atteint les 5,5 millions de vues après quatre ans de mise en ligne, un record dans le Pagan/ritual Folk (en comparaison, le "Pagan Folklore" live d'OMNIA obtient quatre millions de vues en neuf ans, et OMNIA est un groupe qui a tout de même établi une notoriété importante sur une plus longue période).
Pour un truc à la base auto-produit, il faut croire que le pari du Live "direct to YouTube" a payé.

Approche expérimentale, disais-je plus haut. HEILUNG opère effectivement dans un Folk plus bruitiste que mélodique, dans une approche de chorale jouée comme un rituel à un dieu créateur non nommé, entre le tribal et le martial, mais qui ne semble pas totalement croire en ses trouze mille percussions déjà sur scène comme en plus il choisit d'y ajouter une couche électronique. Car si le rythme est central, et sera perçu comme soit hypnotique, soit juste répétitif et redondant, c'est l'approche du chant qui démarque définitivement le groupe du reste de la scène. De ce côté, s'il réactive les correspondances tribales / shamaniques de WARDRUNA, c'est pour l'ancrer dans une démarche guerrière menée par un chant de gorge métronome mi-asiatique mi-Black Metal mi-cancer de la gorge. On appellera ça le barbarophone, vu qu'il est rare de n'avoir qu'un seul chanteur en charge de ce type de vocalises et qu'il est systématiquement utilisé pour renforcer le côté "ouga bouga moi viking moi violent". Les passages "rapés" me mettent quand même réellement dans la gêne, et je me demande quand même si un Scandinave qui fait du chant diphonique tibétain habillé en shaman ne serait pas au Metal ce que le rasta blanc est au Reggae.
À méditer.
Mais ne méditons pas trop.

Au milieu de ces ouga bouga, il y a la Danoise Maria Franz, chanteuse du (bon mais inégal) groupe Pop Folk EUZEN. Cette femme est absolument incroyable. Enlevez-la du groupe et vous n'entendrez que des vieux garçons qui jouent à la guerre.
Elle peut ici laisser libre court à toute la palette de son chant (empruntant au Trad autant qu'à la Pop et au New Age), et en ajoutant une dimension à la fois émotive et mélodique à ce qui se rapportait par ailleurs à un amusant show de percussions auquel il manquait une direction. Ce ne sera donc une surprise pour personne que le titre qui pour moi ressorte du lot est ce "Othan" mené par Maria, entre supplication et imploration, entre faiblesse et toute puissance pour dix minutes où l'on retrouve dans sa voix autant l'influence de Björk que celle des "heavenly voices". Si le raclement industriel sans aucune interruption finira tout de même par fatiguer, et que le titre manque d'une réelle montée en puissance, c'est peut-être celui qui réussit le plus à traduire des émotions divergentes, entre folie nocturne et supplications incantatoires, que j'aurais voulu ressentir tout au long d'un Live puissant mais finalement très clinique.

Pourquoi aujourd'hui HEILUNG tient une place de choix sur certaines affiches de festivals (même Metal), plutôt que d'autres groupes du genre ? Sans doute que les metalleux aiment le carnaval (la raison du succès d'AVATAR également ?). Sans doute aussi qu'un show comme celui-là demeure incroyablement bien articulé car, il faut pas se mentir, les musiciens derrière le projet savent ce qu'ils font. Sans doute aussi que HEILUNG se retrouve à la confluence de différents courants Folk modernes, et condense autant l'Électro Folk scandinave dont la tête de proue est GARMARNA, l'aspect industriel, martial et hypnotisant du Neofolk, et cet enrobage WARDRUNien rituel et païen à la mode certes, mais ayant créé un véritable renouveau dans la
scène.
Tout ça, de nombreuses personnes le découvrent avec "Lifa". Pour ma part, à chaque fois que j'entends un titre de HEILUNG j'ai envie d'écouter quelque chose dans l'un des genres cités.

J'aurais sans doute aimé apprécier HEILUNG plus que ça, et je m'en veux un peu de ne tirer de cette chronique qu'une vague conclusion de type "c'est un groupe de plebs, écoutez MACHIN et MACHIN c'est vachement mieux dans la même genre"... Je me garderai donc de le faire. Ce qui semble faire frissonner certains ne m'apparaît que comme un agencement parfois malin, parfois prétentieux, souvent très longuet, de gimmicks trouvés ailleurs, mis en musique et en scène sans maladresse, mais sans l'aura incroyablement intimiste et pure que les meilleurs groupes des différents genres cités font ressentir. L'effet du live rend tout de même "Lifa" plus appréciable que l'album "Ofnir", qui m'est pour le coup simplement pénible à l'écoute.

Bien sûr, je dirais certainement pas non à un ticket de concert pour me prendre la dose de percus et le chant de Maria en pleine face. Bon, on est en 2021, on dirait non à aucun concert en vérité. Mais je veux dire, même en temps normal quoi. Vous m'avez compris. Bisous quand même ?

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   VOLTHORD

 
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- Kai Uwe Faust (chant, percussions)
- Christopher Juul (chant, percussions)
- Maria Franz (chant, percussions)
- Musiciens Additionnels:
- Jonas Lorentzen
- Juan Pino
- Alex Opazo
- Jacob Lund


1. Opening Ceremony
2. In Maidjan
3. Alfadhirhaiti
4. Carpathian Forest
5. Krigsgaldr
6. Hakkerskaldyr
7. Fylgija / Futhorck
8. Othan
9. Hamrer Hippyer



             



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