Traîner avec des Grenoblois m'amène à découvrir pas mal de formations locales plus ou moins intéressantes, démontrant, une fois n'est pas coutume, que la cité iséroise dispose d'une scène vivace. ARCHANGE n'est pas un petit nouveau puisqu'il a déjà un EP et un album sorti en 2017 à son actif. Je remarque aussi rapidement que le groupe est composé de routards, David Amore ayant déjà bien roulé sa bosse dans le milieu depuis le début des années 2000 entre NIGHTMARE et KINGCROWN. On m'a vanté les mérites de ce deuxième disque produit par Patrick Liotard et masterisé par Jacob Hansen et mis entre les mains de l'agence Dooweet pour sa promotion, ce qui m'a permis de prendre largement le temps d'apprécier ce brûlot Hard Rock.

Le quartette, largement bousculé dans ses rangs, avec les départs non négligeables de Markus Fortunato et du Don Dokken français qu'était Dan Pallas (tant physiquement que vocalement), renaît avec une nouvelle voix assez différente, mais suffisamment chargée en charisme et en versatilité pour satisfaire toutes les oreilles. L'addition d'un second guitariste va dans le sens de la production costaude et très Heavy de "Empire". Mais musicalement le terreau Hard Mélodique d'ARCHANGE n'a pas tant bougé que ça. Il serait pourtant déplacé de ne pas formaliser l'approche plus sombre et moderne de cette nouvelle mouture, qui pour le coup réussit à proposer des bons petits titres de Hard Rock équilibrés entre tradition et modernité, à l'instar d'un GOTTHARD par exemple.

Le son très aride des guitares va d'ailleurs dans ce sens (à l'image du riff de couplet monocorde de "Schizophrenic"), ainsi que l'adjonction de touches de programmation orientées électronique, même si quelques notes de piano se font entendre ici ou là. Cette approche et les choix de mixage amènent la basse en bonne place, et ça fait toujours du bien par où ça passe.

Le groupe a bien préparé sa promo en mettant en ligne une reprise du célèbre "Crazy" de SEAL, qui permet de se faire une bonne opinion de Wince Wraths, le nouveau vocaliste barbu des Grenoblois qui, au sein de lignes vocales clean et assez puissantes, a ce vibrato qui marche d'enfer pour donner des touches bluesy à l'ensemble, et autant dire que sur un album de Hard Rock c'est plutôt essentiel. Un travail de réadaptation plus que réussi, "Crazy" se fondant parfaitement au sein des dix titres de "Empire".

Mais après mon enthousiasme initial je dois avouer que quelque chose me chiffonne tout de même. On sent que certains titres ont été écrits avec une vibe assez Big Rock à l'ancienne (comme la pièce-titre avec ses "oh-oh oh-oh" ultra efficaces) et d'autres suivent l'approche plus moderne ("Smile" est une ouverture hyper classe dans le genre, avec ce changement de tempo surprenant et parfait pour mettre le refrain sur orbite). Et en sus, l'album a a été extrêmement réfléchi, faisant preuve parfois d'une sophistication inattendue (sur "Crazy" notamment), lui retirant pas mal la spontanéité nécessaire pour faire décoller un album de Hard Rock. Il n'y a bien que dans le chant que ça se ressent. En fait, tout est réglé au poil de cul près et c'est peut-être ça qui m'embête.

Pas seulement. Parce que malgré sa capacité a pondre de bons riffs, le côté calibré (du 3'30 - 4'00 pas plus) et la volonté de ne pas se laisser happer par un carcan peut-être lourd à porter, ARCHANGE se retrouve dans un entre-deux dont il peine à tirer les bénéfices. Mais c'est aussi ce qui fait la qualité de "Empire", car quand il y parvient, comme sur ladite pièce-titre, "Smile", "Under Treatment", le stonerisant "From The Dead" ou "Autopsy", et ben… ça le fait !