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HARD ROCK  |  STUDIO

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2017 The Missing Peace
2019 Another Xmas In Hell
 

- Style : The Throbs , Zan Clan
- Membre : Brides Of Destruction, Sunbomb, Contraband
- Style + Membre : Tracii Guns, Girl, Love/hate, Hollywood Rose, Guns N' Roses, Jack Russell / Tracii Guns

L.A. GUNS - Renegades (riley's L.a. Guns) (2020)
Par GEGERS le 14 Décembre 2020          Consultée 2132 fois

Tout Los Angeles l’appelait le renégat. Lui-même aimait à se surnommer ainsi. Cela participait à construire sa légende, clamait-il à qui voulait l’entendre entre deux rasades de Jack Daniel’s au Whisky a Go Go. Renégat ? Le terme était d’ailleurs plutôt faible, presque réducteur, face à l’horreur de l’acte commis par ce bon vieux Steve Riley, dont l’affreuse tignasse brune tenait plus de la carpette mal lavée que du crin soyeux du musicien accompli. Steve donc, n’avait pas trahi sa religion, son drapeau ou même ses opinions (quoique…). Pire, le batteur avait trahi son groupe, les L.A. GUNS ! Il faut dire que ce survivant de la scène Hard Rock de la plus grande ville de la Californie, contemporain d’autres pistolets (accompagnés de roses, ceux-ci, qui rencontreront un succès légèrement supérieur), a longtemps mangé son pain noir avant de connaître un petit succès, qui s’est peu à peu étiolé pour se transformer en indifférence polie. Bataillant pour sa survie, le groupe voit près de cinquante musiciens différents se succéder en son sein (et pas seulement des batteurs), jusqu’à ce que pour de sombres histoires de droits et d’égo l’entité se scinde en deux groupes distincts, portant néanmoins tous deux le même nom, au milieu des années 2000.

D’un côté, le chanteur emblématique Phil Lewis, et de l’autre le guitariste copain d’Axl Rose, Tracii Guns. Deux salles deux ambiances, et une petite guerre froide comme le Hard Rock, grand amateur de dramaturgie, sait en créer. Si, des deux L.A. GUNS, l’un semble plus actif que l’autre, voici néanmoins qui poursuit cette délicieusement ridicule tradition de deux incarnations d’un groupe existant simultanément et sous le même nom. Ne riez pas du côté de SWEET, WISHBONE ASH, YES, GREAT WHITE, QUEENSRΫCHE et BONEY M… En 2007, l’intervention divine du manager du label Frontiers Serafino Perugino met fin à la guerre des tranchées, et voici que les deux acolytes se rabibochent pour proposer un nouvel album, "The Missing Peace", dont le jeu de mots qui sert de titre cache une musique qui n’a évidemment plus la saveur des idylles passées.

Le temps de raconter cette belle histoire, et Steve s’est resservi un Jack. Steve a les glandes sous sa tignasse noir de jais, puisqu’il a fait les frais des retrouvailles entre Tracii Guns et Phil Lewis. Exit, out, dehors, merci et bonne continuation. Mais Steve a pour lui les livres d’histoire, le fait d’avoir participé à la première incarnation du groupe, d’être co-auteur d’une bonne partie des morceaux de son répertoire, et d’avoir comme poto fidèle Kelly Nickels, bassiste sur les albums des années 80 et 90. Et puis, il a de l’aplomb. Lui aussi, il aura sa part de lumière, et tandis que Tracii Guns et Phil Lewis se font des papouilles sur disque et en live, le voici qui monte un nouveau groupe, qu’il nomme… L.A. GUNS. L’histoire est un éternel recommencement.

Steve Riley le sait, il est obligé de se survendre pour ne pas souffrir du syndrome OLIVER/DAWSON SAXON. Car quelle que soit sa légitimité et son passé, Steve est bien conscient que le pedigree d’un batteur ne compensera jamais l’identité vocale d’un groupe, une marque de fabrique vers laquelle les fans se dirigeront automatiquement. Notre perruque sombre décide donc de franchir le pas là où Tracii Guns avait fait preuve de paresse, et transforme l’essai de faire perdurer cette nouvelle formation et de la graver dans le marbre par le biais d’un album studio. L’album des renégats donc, qui entretiennent juste ce qu’il faut la confusion, reprenant en partie le logo et l’identité visuelle de la version originale du groupe pour attirer le chaland.

Mais Steve est un artiste. C’est bien là le plus important. Entouré de son vieux pote Kelly Nickels, il fait appel à Scotty Griffin, bassiste intermittent sur quelques albums des années 2000 des L.A. GUNS, pour œuvrer ici à la six-cordes. Kurt Frohlich, chanteur/guitariste qui fait ici ses débuts discographiques, complète ici un line-up désireux de laisser la confusion au vestiaire. Il est vrai qu’il n’y a ici guère de doute. La musique proposée sur "Renegades" est un Hard Rock qui respire et transpire les années 80, qui s’inscrit naturellement dans les clous posés par le groupe au passé trouble dont nous vous rabattons les oreilles depuis le début de cette chronique. De la modernité ? Non, mais de l’énergie et de la rugosité, qui suffisent à donner le change, au moins sur quelques morceaux.

Les débats ne débutent pas sous les meilleurs auspices, "Crawl" présentant un Hard Rock à l’énergie surjouée, voulant se faire entraînant mais tout de même largement bande-mou, ressemblant fort à celui pratiqué par les TYGERS OF PAN TANG sur leur dernier album en date. Et puis, remplaçant un shot de vodka par un shot d’adrénaline, Steve se reprend, et donne enfin à manger aux auditeurs gourmands, avec "Why Ask Why" qui souffle simplement d’un refrain peu percutant. Aux manettes en studio, le bassiste donne à sa musique un son rugueux et puissant, bien équilibré. On se complait donc à l’écoute de ce Hard Rock de vieux briscards, qui ont remplacé la fougue des débuts par une maîtrise des "gimmicks", et qui savent rendre leur musique efficace. Parlez-moi de "Lost Boys", de ses couplets qui cachent une lourdeur de bon aloi et un refrain, pour le coup, tout bonnement imparable. Le ton est sérieux, à l’hédonisme des premières années s’oppose ici des réflexions un peu plus poussées sur la destinée et les parcours de vie, l’absence d’amour et les incertitudes de l’existence. Cela ne nuit en aucun cas au fan, celui que l’on peut ressentir à l’écoute du groovy "Witchcraft", un des morceaux les plus percutants de l’album, ou de "Renegades", titre enlevé et de grande classe qui, par son riff direct et sans fioritures, illumine la fin de l’album.

Steve, le félon, n’évite pas quelques faux-pas qui, étant donné la concision de l’album (trente-neuf minutes) ne peuvent pas se diluer dans l’ensemble. Le riff bas du front du rapide "Don’t Wanna Know" ne le sert pas, de même que les claviers électroniques et les mélodies acoustiques mielleuses de l’insupportable "Would".
Tout Los Angeles l’appelait le renégat. Par moquerie, mais par admiration aussi. Car si le renégat ose aller contre, Steve Riley avait en plus pour lui le fait de proposer, de créer, de faire. Un album qui, certes, sent bon l’époque "I want my MTV", et qui souffre un peu d'un manque d'énergie, mais dont la construction autant que l’interprétation met en exergue le savoir-faire multi-décennal d’un artiste qui ne s’est pas laissé aveugler par la rancœur. Bien joué, Steve.

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   GEGERS

 
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- Steve Riley (batterie)
- Scotty Griffin (guitare)
- Kelly Nickels (basse)
- Kurt Frohlich (chant, guitare)


1. Crawl
2. Why Ask Why
3. Well Oiled Machine
4. Lost Boys
5. You Can't Walk Away
6. Witchcraft
7. All That You Are
8. Would
9. Renegades
10. Don't Wanna Know



             



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