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2020 1 Emergence
 

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SYMBOLIK - Emergence (2020)
Par T-RAY le 26 Octobre 2020          Consultée 2590 fois

Lorsque l'on attend dix ans pour sortir son premier album studio, et que l'on a mis presque neuf années à mûrir son style musical depuis son premier E.P, c'est que l'on s'avère particulièrement perfectionniste et que l'on entend fignoler dans le moindre détail son entrée sur la grande scène du Metal. Parce qu'un E.P, c'est bien beau mais c'est généralement trop court et trop concis pour se faire une idée définitive de ce qu'un groupe a à offrir. SYMBOLIK ne pouvait se contenter de son "Pathogenesis" de 2011, disque certes riche de six titres et de plein d'indices sur la tournure définitive qu'allait prendre la musique du quintette, mais loin d'être suffisant pour témoigner du talent et du niveau instrumental des cinq Californiens.

Aussi la formation, quasiment sans mouvement de personnel depuis sa fondation à l'exception du départ de son guitariste rythmique John Sangalang début 2020, a-t-elle pris le temps de peaufiner son "Emergence", premier ouvrage longue-durée d'une carrière que l'on espère pérenne et aussi foisonnante que ne l'est ce debut album. Certains des morceaux ici gravés trouvent leur origine dans les toutes premières années de la formation. C'est donc un groupe avec de la suite dans les idées que l'on retrouve sur le disque ci-chroniqué. Un SYMBOLIK qui a décidé de pousser les influences néoclassiques de son Death Metal à leur paroxysme et d'orner les dix morceaux de l'opus de mélodies ébouriffantes tellement nombreuses et fulgurantes qu'on ne sait littéralement plus où donner de la tête aux premières écoutes.

Oui, "Emergence" décontenance au premier abord, tant ses compositeurs et interprètes ne semblent pas vouloir ralentir le tempo et que le gratteux numéro 1, Allen Burton, ne paraît pas vouloir cesser son numéro de haute voltige. L'album donne l'impression de contenir un million de leads et de soli de guitare et d'offrir une véritable tempête de notes de synthé qu'on ne sait d'emblée à qui attribuer en lisant le line-up, le seul manieur de claviers identifié étant un Brandon "Billy The Kid" Clevenstine crédité des samples mais majoritairement concentré sur la batterie. Une batterie qui, elle non plus, ne donne pas l'impression de savoir s'arrêter de blaster. À première ouïe, SYMBOLIK apparaît donc comme une bonne bande d'hyperactifs démonstratifs.

Oui mais il y a être hyperactif et démonstratif à la mode RINGS OF SATURN, dont la musique vire souvent au grand n'importe quoi et dont les performances paraissent de plus en plus, avec le temps, tenir de la supercherie, tant et si bien que son guitariste Lucas Mann a dû mettre les points sur les i à coups de vidéos YouTube. Et il y a être hyperactif et démonstratif comme l'est SYMBOLIK, avec de solides notions de composition, certes, mais surtout une capacité à nous conduire de la première à la dernière note selon un plan bien établi et qui, en dépit des apparences, ne part absolument pas dans tous les sens. Ce n'est pas pour rien, d'ailleurs, que ce premier L.P. est un album-concept : la formation a une histoire à nous raconter, alambiquée comme sa musique mais pas sans queue ni tête, même si je ne perdrai pas de temps à vous la détailler ici.

D'ailleurs, comme dans toute bonne histoire, un album-concept a besoin de moments de respiration et si les premières écoutes de "Emergence" donnent le sentiment qu'ils sont absents, les suivantes les révèlent, disséminées au sein-même des morceaux, et c'est une fois ceux-ci remarqués, intégrés et digérés que l'on peut pleinement apprécier l'album et se laisser emporter, et plus seulement quelques morceaux pris indépendamment. Parce que, je l'avoue, moi aussi j'ai fait connaissance avec le premier album de SYMBOLIK, avant sa sortie, par ses extraits : l'impressionnant "Invoking Oblivion", bourré de plans néoclassiques exécutés avec une intensité rare, et le symphonique et plutôt Heavy "Corridors Of The Consumed"... Et j'ai été emballé avant de déchanter un tantinet une fois l'album arrivé, tant sa densité et sa luxuriance m'apparaissaient déconcertantes.

Mais c'est bien comme un tout que doit s'apprécier "Emergence". Et c'est en cessant de résister à l'exubérance de sa musique et en acceptant de se laisser prendre par la main par SYMBOLIK que l'on prend la dimension de cet album. Une dimension dramatique et majestueuse, où tout concourt à provoquer l'émotion et à faire se dresser les poils sous le juste mixage et la masterisation de Zack Ohren, qu'il s'agisse des nombreux riffs tout en tremolo picking, des arpèges multiples et des envolées solistiques d'un Burton également à la production, des mélodies et nappes de claviers signées Clevenstine, toujours présentes mais jamais envahissantes, des déferlantes de blast beats et des breaks et fills du même Clevenstine ou des vocaux très duaux du remarquable Chris Blackburn.

Ce dernier, de par son élocution mitraillette et de par la versatilité de son chant, qui passe aisément et sur une même strophe d'un growl caverneux à des screams stridents pas si loin de ceux d'un Trevor Strnad (de The BLACK DAHLIA MURDER), joue pleinement son rôle de conteur et sa façon d'interpréter les paroles fait fonction de guide dans l'histoire narrée. L'homme place ses attaques vocales avec un grand sens du rythme et de l'accentuation, conférant une dynamique claire à chaque passage hurlé et accompagnant parfaitement les parties musicales. On passe ainsi par une diversité de sentiments à l'écoute de chaque morceau. Des sentiments souvent sombres et emprunts de nostalgie mais des sentiments que la musique du groupe parvient à générer sans mal une fois qu'elle nous a happé.

Parce qu'elle finit par happer l'auditeur qui aura pris le temps de se laisser apprivoiser, oui. Lorsque la machine est lancée, on n'a plus envie de l'arrêter, même si celle-ci peut paraître un poil répétitive de temps à autre, sensation à mettre sur le compte d'un tempo majoritairement soutenu tout au long du disque. Mais comme je l'expliquais plus haut, les variations de tempi aérant l'ensemble se trouvent au cœur même des morceaux, comme "A Tyranny In Decay" le prouve. Et quel morceau que celui-ci, quelle aventure à laquelle il nous convie ! Avec ses samples façon orgue d'église, le titre nous invite à un recueillement presque religieux. L'enchaînement avec les deux compos qui le précèdent et celle qui lui succède directement constituent l'un des meilleurs démarrages d'album qu'il m'ait été donné d'entendre en 2020. Mais la suite n'est pas en reste.

En réalité, l'album ne connaît pas de véritable temps faible. Le savant dosage entre parties d'une grande vélocité et passages plus calmes mais non moins intenses au sein de chaque titre, ou presque, fait que la dynamique est sans arrêt relancée. Le meilleur exemple étant ce "Dirge Of All Creation" qui semble ne jamais cesser ses variations de tempo durant ses deux dernières minutes. "In Servitude Of Silence", lancé par des cordes synthétiques jouées pizzicato et par des notes d'un clavecin tout aussi artificiel, est peut-être le seul morceau à adopter un tempo majoritairement modéré, mais il sert de rampe de lancement idéale pour la succession de "Souls Of Deception", "Perceptions Of Reality" et "When Eternity Collapses", qui s'enchaînent presque sans temps mort pour former une sorte de triptyque dont il est difficile de s'extraire avant que la dernière note ait été jouée.

Lorsque cette dernière note résonne, à la fin de la première écoute, on en ressort comme étourdi par la compacité de ce que SYMBOLIK donne à entendre sur ce premier album. Ce n'est qu'aux lectures suivantes que le disque se dévoile pour de bon et que tout le plaisir que je viens de décrire dans cette dizaine de paragraphes bien tassée peut enfin se libérer. Et se multiplier autant de fois que l'opus compte de morceaux, voire davantage puisque chacun des titres, même écoutés à part les uns des autres quand on n'a pas le temps de s'envoyer l'album entier, dispose d'une charge émotionnelle et d'une quantité de passages ravissants, au sens propre, à même de séduire bien au-delà du public visé a priori par le genre musical auquel "Emergence" appartient.

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   T-RAY

 
   JEFF KANJI

 
   (2 chroniques)



- Chris Blackburn (vocaux)
- Allen Burton (guitare lead)
- Brandon ' Billy The Kid ' Clevenstine (batterie, samples)
- Daniel Juarez (basse)
- Taylor Whitney (guitare rythmique)


1. Augury Of Ancients
2. Invoking Oblivion
3. A Tyranny In Decay
4. Corridors Of The Consumed
5. Dirge Of All Creation
6. Coalescing The Void
7. In Servitude Of Silence
8. Souls Of Deception
9. Perceptions Of Reality
10. When Eternity Collapsed



             



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