Alors que certains pensaient qu'il avait fini de creuser sa tombe en 2007 ("Black Rain") et fermé le cercueil en 2010 ("Scream"), et après dix ans de silence musical (le plus gros trou dans sa discographie), qui est-ce qui repointe le bout de son museau à la (presque) surprise générale ? Et bien c'est notre Ozzy "(inter)national", que diable !

Le Prince of Darkness himself nous livre en ce début d'année 2020 son douzième album solo ! Et comme le lascar tourne depuis la fin de BLACK SABBATH en compagnie de mon Zakk, inutile de vous dire que je frétillais d'impatience à l'idée évidemment de revoir/entendre ces deux-là ENFIN ensemble sur une galette !

Douche froide… Voire glaciale…

Pas de Wylde dans le line-up… Un gamin de vingt-neuf ans derrière les manettes… Oulà, panique à bord à partir de la fiche technique… On ajoute Ali Tamposi qui a co-écrit pas mal de titres de cet album ? Elle a écrit pour Selena GOMEZ, NICKELBACK, DJ SNAKE & co… Sic...
Des guests… Oui, et c'est là que le gugusse est malin (ou son entourage !) car il recrute des noms qui me parlent sacrément : Duff (GUNS N'ROSES) à la basse et Chad Smith (RED HOT CHILLI PEPPERS) dont j'adore le jeu depuis toujours à la batterie… Mais surtout Slash (GUNS'N ROSES) à la guitare, et mon chouchou avec Zakk Wylde, à savoir Tom Morello (RAGE AGAINST THE MACHINE, AUDIOSLAVE, PROPHETS OF RAGE) ! Très, très malin une fois encore sur le papier cet assistanat à base de références !

Une fois dans le vif du sujet, il faut reconnaître que mon Ozz' n'a pas son pareil pour surprendre…
Je ne vous parle pas de sa voix : posée comme de coutume, sans trop de variation, avec ce timbre nasillard qui le définit tellement.
Après une année 2019 éprouvante côté santé, le bougre s'en sort bien, même si je suis bien conscient que les retouches postprod' sont sans aucun doute légion !
En ouvrant son album avec un "Straight To Hell" pêchu et énergique, Ozzy fait de la place à ses musiciens qui ont co-signé le morceau et cela s'entend. Un titre single par essence qui fonctionne, avec un p'tit solo "Zakk like".

Une gâterie qui est à n'en pas douter l'arbre qui cache la forêt. En effet, ce "Ordinary Man" est globalement un album composé de mid-tempos.
Un "All My Life" singeant la période "Road To Nowhere" (jusque dans ces guitares et son solo), l'intro à la "Iron Man" de BLACK SABBATH pour "Goodbye" pour un titre plus sombre et heavy, "Under The Graveyard" et ses chœurs, l'harmonica et la basse en guise d'intro sur "Eat Me", titre syncopé sur ses couplets… Et la ballade "Today Is The End" qui finit par agacer, la faute à un refrain pénible et à un son de guitare trop quelconque..

Certes "Scary Little Green Man" et la guitare de Tom Morello bougent davantage l'ensemble mais cela reste trop quelconque. Le guitariste que l'on retrouvera sur "It's A Raid", morceau qui se montre plus nerveux, speed, chaotique et Pop Punk : une sorte de sucrerie sous acide où la voix d'Ozzy est encore plus nasillarde (archi trafiquée), avec en plus la présence de Post Malone… Le rappeur que l'on retrouve sur la bonus track suivante.
C'est d'ailleurs décevant de ne pas avoir stoppé l'album sur le "Fuck You All!" car cette "chose" est en fait un titre présent sur le troisième album de Post Malone (Ozzy est un guest). Un titre RN'B pour la radio, le genre de production qui inonde le marché depuis plusieurs années.

Si Ozzy devait finalement clôturer sa carrière avec ce "Ordinary Man", il le ferait avec les honneurs…
Pourquoi ma remarque "funeste" ? Plusieurs indices mais notamment tous ces titres annonciateurs/prémonitoires peut être ? : "All My Life", "Goodbye", "Under The Graveyard", "Today Is The End", … Le sentiment que la/sa fin est proche ?

"Ordinary Man", morceau central de l'album car il s'agit d'un duo avec l'immense Elton John (et la présence de Slash au solo comme sur "Straight To Hell") place Ozzy dans sa volonté d'être considéré comme "tout le monde" (séance thérapie suite à son année 2019 plus que compliquée avec son état de santé notamment…). Une vraie réussite qui met en lumière deux grands artistes car la mayonnaise prend terriblement ici.

Ce douzième album est donc un pari réussi. Résolument moderne dans sa production et fort de "nouveautés" à l'échelle du "Prince of Darkness", il constitue un bon album, notamment par rapport à la discographie récente d'Ozzy…
Inespéré, sympathique et sans savoir s'il sera le dernier, ce "Ordinary Man" satisfera les fans et permettra peut être de laisser Ozzy retrouver un semblant du respect qu'il mérite face à sa carrière immense.

Note réelle : 3,5/5.

Top : "Straight To Hell", "Ordinary Man".