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BLACK/SPEED/THRASH  |  STUDIO

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2020 1 666 Goats Carry My Chariot

BÜTCHER - 666 Goats Carry My Chariot (2020)
Par POSITRON le 18 Mars 2020          Consultée 2692 fois

Aujourd'hui je teste la chronique interactive : pour les besoins de ce texte je vais avoir besoin que vous vous leviez (si possible), que vous mettiez vos bras en l'air, disons à 45° au-dessus de l'horizontale, pas complètement tendus et que vous ouvriez vos mains comme si vous teniez une orange invisible entre vos doigts. Vous pouvez écarter un peu les bras, ou en avoir un plus haut que l'autre. Voilà, la paume vers le haut, c'est bien. Maintenant rejetez la tête en arrière - vous pouvez la secouer si vous êtes l'heureux détenteur d'une chevelure abondante et fournie - et répétez après-moi :

ARGGGGGGGGGGGGGGGGGGGHHHHH

Ça y est vous êtes en condition on peut commencer. BÜTCHER est un groupe belge de Black/Speed/Thrash "in service of the ancient godz of steele" influencé par tout ce qui sonne old school, féroce et cet affreux intraduisible qu'est drivé (*) entre MOTÖRHEAD et DESTRÖYER 666 en passant par SLAYER (surtout "Show No Mercy"), BATHORY (jusqu'à "Blood Fire Death"), les sud-Américains, une pincée de 2nd Wave et heu je sais pas moi, DESASTER. Mais bref ils sortent cette année, revêtus d'une superbe pochette, leur second album intitulé :

SIX
SIX
SIX
GOATS
CARRY
MY
CHARIOT

C'est-à-dire immédiatement un des meilleurs titres d'albums de l'histoire. Vous vous imaginez peut-être que je moque un peu du côté exagéré du délire trve-chèvre-maniac-ARGH total-underground-support-666 et vous auriez tort. D'une part parce que j'aime vraiment ce titre et ensuite parce qu'il est une représentation très fidèle du contenu de l'album. Si vous n'avez pas décroché ou levé les yeux au ciel à ce stade, vous pouvez être presque certains du contenu de l'album et que celui-ci vous plaira.

Et le contenu c'est évidemment du RIFF, où l'on retrouve souvent les runs caractéristiques du (Blackened) Speed – les trilles en hammer-ons par exemple –, un gros background Metal traditionnel, un chanteur qui fait des ÜRGH grognés et des aaÄÄ aigüs, un groupe qui joue comme si sa vie en dépendait et beaucoup de références, voire d'emprunts. La grande question de ce genre de disques finalement c'est, est-ce que ça marche ? Il est très facile d'être juste un peu trop quelconque ou de plagier juste un peu trop pour être honnête ou crédible.

Et j'ai envie de vous dire que je peux comprendre que ça ne marche pas pour vous. Évidemment si vous n'aimez pas le délire vous n'êtes pas concernés mais même pour des gens impliqués dans cette niche, les vrais MANIACS, je pense que ça peut coincer. Peut-être même que certaines personnes pourraient préférer leur premier album que je trouve pourtant moins fun (quoi que toujours très solide).

Chez moi par contre, vous l'aurez compris, ça fonctionne à fond par une triple combinaison :
L'attitude du groupe qui semble à la fois jouer sa vie et bien s'amuser.
Une écriture juste assez intelligente pour ne pas être lassante.
Les emprunts sont conscients et assumés.

Et il faut vraiment revenir sur ces derniers : s'ils fonctionnent c'est parce qu'ils ne glissent jamais de la catégorie clin d’œil vers la catégorie fainéantise. (**) Lorsque BÜTCHER écrit "Metallström / Face The Bütcher" – peut-être la meilleure piste – et sa double référence SLAYER/ROAD à aucun moment ils ne nous prennent pour des dupes. De même lorsque dans "45 RPM Metal" sur le pré-chorus emprunté à "Sinner" le chanteur screame "faster than a laser bullet", il n'y a aucune entourloupe, le seul moyen pour eux d'être plus explicite ce serait d'aller chez toi pour te montrer leur collection d'imports japonais de bootlegs ultra-rares de JUDAS PRIEST.

Vous allez me dire "oui ben c'est quand même chiant j'ai qu'à écouter SLAYER et JUDAS PRIEST" mais c'est là que ce joue la force de cet album, ce qui en fait dans un sens l'anti-GAMMA RAY, c'est la transformation permanente de ces éléments, réinventés par l'intelligence de l'écriture et contrairement à beaucoup de disques à emprunts, le repérage des références fait partie de l'appréciation du disque. Pour en revenir en "45 RPM Metal" qui en est un excellent exemple, il faut connaître "Sinner" pour savoir à quoi sert dans la chanson cet enchaînement d'accords, pour pouvoir être surpris de voir BÜTCHER faire avec ce riff exactement l'inverse de la chanson initiale. De même, il faut connaître les paroles de "Painkiller" pour comprendre comment la ligne est détournée.

Et puis j'insiste beaucoup sur les références mais rassurez-vous il n'y a pas que les titres rigolos et les moments clins d’œil, tout l'album témoigne vraiment d'une assimilation des forces de leurs influences, jusque dans la pièce épique placée pile au bon moment qui pourra rappeler "Trial By Fire", "Lone Wolf Winter" et même un peu "Blood Fire Death" toujours plus dans l'esprit que dans la forme.

Alors il est vrai que je passe deux pages à faire de la masturbation intellectuelle sur des gens qui écrivent sans doute bourrés dans leur garage, ça en dit beaucoup sur l'état de mon existence et sur mon appréciation sans doute disproportionnée d'un disque de retro-Metal mais vous devriez savoir à ce stade que je suis un esthète et cela me remplit de joie qu'en 2020 sorte un disque conçu pour, certes, beugler des conneries sur de la batterie qui fait TOUKATOUKA, mais avec un peu de finesse, s'il vous plaît, merci bien, je vous prie, ce sera tout.

_ _ _ _
(*) Le drive est un concept qui à ma connaissance vient du Jazz et désigne globalement la manière dont la musique semble "avancer" rythmiquement. C'est un concept différent du tempo – même si les morceaux plus lents ont souvent un drive plus faible ou détendu – où joue un rôle important le placement par rapport aux temps. Si le drive d'un morceau dépend de tous les instrumentistes, il se traduit fréquemment dans le Jazz par le swing feel de la cymbale ride qui peut être plus ou moins accentué. Si le concept n'est pas forcément aussi intéressant dans d'autres genres, on peut également l'appliquer au Metal et un exemple qui vous parlera sans doute c'est MAIDEN où les deux premiers albums ont un drive très agressif, "vers l'avant" qui va disparaître au cours des albums. Un morceau comme "Powerslave" par exemple, qui n'est pas spécialement lent ni plan-plan est moins "drivé" que certains morceaux plus lents des deux premiers albums. Petite précision quand même, c'est ce qu'on m'a enseigné mais les termes et les concepts varient tout le temps dans le Jazz, et je ne connais pas non plus assez le monde du Jazz pour savoir où ce terme est employé, par qui, et s'il revêt une signification différente ailleurs. Me tombez pas dessus merci bien.
(**) Je n'ose dire facilité parce qu'il y a quand même un peu de facilité à s'appuyer sur des recettes qui marchent... Mais les dernières décennies nous ont bien montré que cela restait quand même loin d'être évident.

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   POSITRON

 
   JOHN DUFF

 
   (2 chroniques)



- Kk Ripper (guitare)
- R Hellshrieker (chant)
- Ah Wrathchylde (basse)
- Lv Speedhämmer (batterie)


1. Inauguration Of Steele
2. Iron Bitch
3. 45 Rpm Metal
4. Metallström/face The Bütcher
5. Sentinels Of Dethe
6. 666 Goats Carry My Charriot
7. Viking Funeral
8. Brazen Serpent
9. Exaltation Of Sulphur



             



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