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2018 Lupus
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PROFESSOR BLACK - Sunrise (2018)
Par CITIZEN le 1er Octobre 2019          Consultée 1079 fois

Chris Black (vrai ou presque dudit Professor Black donc, vu que se surnommer d'un pseudo cool est la prérogative de tout musicien de Hard qui se respecte) fait chier ! Pour une fois que je pensais pouvoir en dire du mal, des écoutes approfondies m'ont fait ravaler ma bile. Vous noterez que je me suis retenu longtemps pour écrire ma chro tant je craignais de passer à côté de cet album, vu que c'est sans doute le plus acclamé de la trilogie sortie simultanément l'année dernière. C'est surtout le moins funky et le plus intimidant des trois, celui dont l’ambition affichée était la plus élevée, en concurrence facile avec l’album expérimental défouloir "Lvpvs" qui permet à Black de bricoler tranquillement sans que personne n’attende au tournant, et avec le ripoff de MOTÖRHEAD “I Am The Rock“ (vous remarquerez que j'ai aussi zappé la chro de celui-là vu que j’ai du mal à en dire autre chose que ce que je viens d’en dire, qui constitue pourtant tout ce que vous devez savoir en substance).

Je me retrouve donc avec ce "Sunrise" qui a tout de l’oscar bait metalleux, avec cette pochette magnifique et ce titre méga clinquant qui renvoie illico à son projet très hypé DAWNBRINGER, dont il reprend peu ou prou le travail là où l’avait laissé, c’est-à-dire en l’épurant de tout aspect Heavy Metal trop farfelu, processus déjà entamé sur les dernières releases de ce projet, l'esprit hyperactif de Black n'ayant pourtant pas jugé bon de simplifier la tâche à ses fans et de se contenter, quitte à sonner exactement dans la continuité de DAWNBRINGER, de continuer à jouer sous ce patronyme.

"Sunrise" est donc l’album sérieux, tout élément un tant soit peu fun est déchargé sur ses deux albums jumeaux et on l’aborde avec toute la gravité du monde, en rentrant dans l’espèce de Panthéon grandiose que l’Artiste s’est décidé à dropper - dans ta face le chef d’œuvre mec ! Tout est délibéré, cadré, et installe sur la longueur toute l’ambiance noire et glaciale de l’ultime EP de DAWNBRINGER, qui marquait le coup de la fin de ce projet en organisant sa propre oraison. C’est ainsi un album très actuel, qui veut s’éloigner de toute extravagance Heavy Metal, se construit primitivement, par des guitares timides et fragiles qui se cherchent à hésitent à se lever, comme un homme préhistorique effrayé par une terre hostile et non cartographiée. C’est aussi un album intéressant dans le sens où le côté pudique du son évoque l’effondrement, la renonciation, le dépouillement, des thématiques qui imprègnent complètement notre époque et qu’il est plaisant de voir s’emparer par un album plus ou moins relié au Heavy Metal et non-ancré dans des scènes plus extrêmes et plus nihilistes, là où le reste du Heavy reste enfermé dans ses clichés quel que soit le monde dans lequel il évolue et, merde, je veux dire, des groupes comme SABATON existent et ça fout les boules. Je digresse. Pour en revenir à mon idée, "Sunrise" se prête à merveille à la lecture comme une proposition de Metal anthropocénien dans ses titres ternes et aux paroles suffisamment vagues pour y mettre n'importe quoi, mais avec tout de même un soupçon de clins d’œil prophétiques sans doute involontaires, cf "In The Fire And The Rain", "No Way Back" : autant de plaintes sans échos, de désespoir sans effet.

L’album reste en même temps imprégné d’un côté naïf et ne se drape pas dans le désespoir étouffant d’un album de true Doom abyssal : pourtant c’est Chris Black aux manettes, et c’est donc difficile d’écarter l’idée qu’il se moque de nous et va abattre son jeu à tout moment : un « Oh yeah ! » et tout va partir en trombe ? De fait, pour le fan aux abois, on flaire la triche, le coup monté : "je sais que t'es pas un vrai spleeneux, je sais que tu joues dans des cover-band de MOTÖRHEAD dès que j'ai le dos tourné, sale normie va !" Mais Chris Black est aussi l’homme de la mièvrerie et d’HIGH SPIRITS, ne l’oublions pas, et c’est donc fort logiquement que cette trame de Doom se voulant sans relief se rompt pour se lancer à corps perdu dans un pathos qui lui ressemble déjà plus et qui correspond effectivement à des moments épiques.

La trame de l’album : Black ânonne des textes sans conviction, lourdement, comme en cherchant à se dégager d’un bourbier, collé à ces guitares traînantes qui elles aussi rampent imperturbablement à ras de terre, qui avalent et charrient la poussière et la misère, torpeur épuisante (citons de manière générale "Everyone Knows" qui est l'un des exemples les plus réussis de cet aspect de l'album), avec des chansons qui recommencent exactement comme elles se concluent, en une procession terne et lancinante, écrasante, à coups de roulement de tambours caverneux, et de guitare spectrale solennelle. Vous voyez le trip. L’album se réclame de BATHORY mais c’est un Doom très maussade et atmosphérique qui domine, très loin de l’exubérance triomphale et de l’assurance des albums viking de l’ermite suédois, ici l’Epicness totale n’éclos que sur quelques pistes : l'intro à la voix que j'imagine volontiers chamanique de "Gathering Stone", ou "Fall From On High" qui pour le coup assume complètement le clin d’œil à un "Hammerheart".
Besoin inconscient dans le sang du songwriter expérimenté derrière le projet de placer un moment de pure beauté rayonnante au beau milieu du brouillard dense qu’il s’est efforcé à construire, comme pour faire un pied de nez – je vous ai précipité au fond hein, ben je vous ramène de force au sommet, vous avez pas le choix - avant de vous faire replonger pour la suite et fin du disque, ou bien parce qu’en bon zicos il faut qu’il montre qu’il en a, qu’il sait faire cracher des notes de bonheur à sa guitare et parce que les expérimentations c’est bien et qu’un disque intéressant c’est bien mais qu’un fan content reste un fan qu’on caresse dans le sens du poil avec des formules habituelles. Trahison de son concept en somme, mais est-ce un crime de rompre sa propre homélie Doom, quitte à en faire quelque chose d’autre et à tout prendre de beaucoup plus intéressant ? (d’ailleurs il a vraiment un problème avec les HEY ! HEY ! HEY ! parce qu’il en case une bonne volée sur la fin de l’album, soit c’est un forçeur soit il sait vraiment pas se contrôler).

"Sunrise", c’est donc du Doom qui se décide à décoller, on sent la promesse fluette à travers la grisaille pendant tout l’album, même lorsque le parcours se fait pénible et la charge lourde, l’horizon est toujours perceptible quelque part dans le lointain, et le vrai propos se révèle lorsque Black déploie sa voix pour pousser des sortes d’appels transis qui annoncent une lumière dans la brume. Les derniers DAWNBRINGER étaient la fin, ici c’est le thème est la renaissance dans l’épreuve- "Sunrise" n’est-il pas l’aube promise par DAWNBRINGER ? La montée en puissance sur la longueur de l’album est irrésistible, et l’on se prend à penser que si l’album parait irrémédiablement fade au début c’est pour mieux nous faire décoller ensuite, parce que Black est super confiant dans ses tracks, qu’il a un plan bien réglé et que tout va se mettre en place en temps voulu et qu’il faut bien sacrifier un peu du plaisir de l’auditeur, quitte à employer des procédés super cramés ("Closer To Death" et son GOODBYE GOODBYE c'est du tire-larme ultra convenu et forcément ça marche), et quitte à ce qu’on sache plus trop s’il est dans l’expérimentation et dans l’album ultra intimiste ou bien si on est juste le banc d’essai d’une nouvelle formule imparable pour construire de toutes pièces des albums qui vont vous tirer des larmes sur la fin sans trop le mériter à coup d’insistance et de facilité, de la branlette quoi ? Parce que l’univers du personnage est fait aussi bien de hardos vomissant dans tous les coins de rades où tous les headbangers maussades vont pour se bastonner le vendredi soir que de champs vides à perte de vue et qu’on sait plus trop ce que ça peut donner. Ici, en tout cas, c'est une peinture glauque mais fort nuancée très réussie, vraiment solaire sur la fin ; à vous de voir si vous préférez ou pas ou vous laisser malmener sur toute la longueur d'un album.

Enfin, force est de reconnaître que quoi qu'il arrive, Black sait transformer la matière en Metal.
3/5 pour le fan autiste et ragix comme moi, 4/5 pour les chanceux qui pourront prendre cet album pour ce qu'il est, et apparemment c'est ainsi que la majorité l'a reçu... Veinards.

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1. Die By The Sun
2. In The Fire And The Rain
3. No Way Back
4. Gathering Stone
5. Closer To Death
6. Everyone Knows
7. Fall From On High
8. You And I



             



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