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DEAFHEAVEN - Ordinary Corrupt Human Love (2018)
Par LYRR le 26 Mars 2019          Consultée 1862 fois

L’espace d’un instant, j’y avais cru. J’avais cru que DEAFHEAVEN avait trouvé la voie, comme l’aurait dit en son temps Lao Tseu. Or il m’apparaît à présent que non. Il va donc falloir que je lui coupe la tête afin qu’il connaisse la vérité… (*)

Blague à part, DEAFHEAVEN est ici décevant. "New Bermuda" était un symbole d’espoir, un signe que le groupe commençait à parvenir à trouver un équilibre dans sa musique, entre Black Metal, mélodies Pop et atmosphères éthérées. Mais il semble que cela était trop beau pour durer : "Ordinary Corrupt Human Love" est mou, prévisible et réchauffé. L’on ne peut s’empêcher de ressentir une impression de formatage, de planification, là où l’on aurait aimé trouver liberté et imagination.

Sans en arriver au niveau d’AN AUTUMN FOR CRIPPLED CHILDREN pour ce qui relève de la vacuité, DEAFHEAVEN se défend bien sur cet album. Le problème vient de la lassitude que l’on ressent à force de retrouver les mêmes faiblesses au fil des titres : les chansons se suivent et se ressemblent, toutes taillées dans le même bois, sans personnalité. Le résultat est fatigant : les titres s’étalent, mais leur substance ne suffit pas à remplir de manière satisfaisante leur durée. On se retrouve à compter les secondes, les minutes, jusqu’à ce qu’enfin l’on passe à la suite. Et ça recommence. Encore et encore.

Niveau riffs, le manque d’imagination se fait cruellement ressentir. On peine à se sentir transporté vu le peu d’émotion qu’ils véhiculent, et leur sonorité acide et agressive empire la situation. Ce n’est pas "Nattens Madrigal" d’ULVER : le choix de mettre autant en avant les guitares et la distorsion dans le mix final n’est sûrement pas la meilleure idée qu’ait eue DEAFHEAVEN, le résultat donnant plus l’impression d’un mur de grésillements que d’une musique construite, mais sans avoir l’âme d’une œuvre bruitiste. Une décision donc malheureuse, en l’état : l’équilibre sonore de "New Bermuda" était bien plus fin que cela. Et si le chant n’avait jamais été le point fort du groupe, ici les hurlements de Clarke deviennent rapidement usants une fois mêlés au brouhaha ambiant des guitares, qui n’ont soit dit en passant presque plus rien de leur ascendance Black Metal dans leurs couleurs.

Il ne faut pas non plus oublier la présence d’interminables passages ambiants. Ils font partie intégrante de l’ADN du groupe : ces longues minutes souvent exemptes de véritable contenu musical ponctuent l’album en de multiples occasions, comme sur "Canary Yellow" ou "Glint", et font même parfois office de morceaux complets ("Near" et "Night People"). Autant le dire tout de suite : on s’en passerait généralement bien. Le problème vient principalement de leur durée : un interlude ambiant de cinq minutes, c’est facilement rébarbatif ; alors, à force de devoir en ingérer des pelletées, l’on finit fatalement par s’ennuyer. En outre, la présence de Chelsea Wolfe en chanteuse invitée sur "Night People" n’apporte hélas pas le sel qui lui fait tant défaut. C’est donc raté de ce côté-là.

Tous ces éléments négatifs rongent l’entièreté de l’album, à tel point que l’on en vient à oublier ses aspects positifs, comme la seconde moitié de "Worthless Animal" ou certains passages de "Honeycomb". Il n’y a pas de cœur, pas d’âme dans cette musique froide et peu imaginative. Le Post Black/Shoegaze se nourrit pourtant de la sensibilité des musiciens l’exécutant : il vit de leurs émotions, leurs inclinations, leurs faiblesses. Ici, tout est trop rigide et télégraphié pour que celles-ci puissent librement s’exprimer. "Ordinary Corrupt Human Love" rate donc sa cible, alors que "New Bermuda" annonçait tant de bonnes choses. Dommage.


(*) Pour la référence, voir les propos tenus par Didi à Tintin dans Le Lotus bleu, l’un des meilleurs albums signés Hergé !

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- Kerry Mccoy (guitare)
- George Clarke (chant)
- Daniel Tracy (batterie)
- Shiv Mehra (guitare)
- Chris Johnson (basse)


1. You Without End
2. Honeycomb
3. Canary Yellow
4. Near
5. Glint
6. Night People
7. Worthless Animal



             



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