L'image du "Female Fronted Metal" est, il faut bien le dire, largement galvaudée par une cohorte de formations souvent médiocres ou passables qui a cherché à creuser le sillon des grands précurseurs des années 90 et en particulier de l'essor du Metal Symphonico/Gothique importé avec la manière par les fraîches Finlande et Hollande. Ce qu'il ne faudrait surtout pas oublier, c'est que les filles peuvent avoir autant de délicatesse que leurs balls peuvent être généreuses (heu…), et ce sont désormais toutes les tendances du Metal qui sont concernées par cette ouverture au talent féminin qui ces dernières années a largement prouvé sa valeur.

Et au royaume du Metal rapide où les mecs se coincent les roubignolles depuis trente ans, est-il réellement surprenant de voir les femmes prendre le pouvoir ? Demandez à Elisa C. Martín qui s'y distingue depuis longtemps, ou encore aux Veronica Freeman et Marta Gabriel porte-étendards d'un Heavy traditionnel frondeur… Le Power Metal est l'un des styles qu'affectionnent le plus les formations italiennes, qui disposent des femmes parmi celles que j'affectionne le plus. Ça y est la limite a été franchie... Malgré tout mon respect pour la gente féminine, le mâle hétérosexuel aura toujours des problèmes pour n'analyser que le fruit du travail que nous propose aujourd'hui KALIDIA.

Après TEMPERANCE qui a connu quelques errements en cours de route, KALIDIA est donc la seconde formation Power Metal à chant féminin que je découvre en très peu de temps (nonobstant les Brésiliens de FLOWERLEAF). Encore une fois je dois cette découverte à Stan W. Decker, ami illustrateur qui a désormais une réputation qui n'est plus à faire. Après avoir auparavant fait mes devoirs avec "Lies' Device", premier album du combo sorti en 2014, il est temps de donner mon avis sur la mixture proposée par les Italiens.

D'autant que j'ai eu parfois tendance à confondre ce "Frozen Throne" avec FROZEN CROWN, d'autres Italiens qui ont commencé à dégainer l'an dernier et qui s'apprêtent à récidiver au mois de Mars. Bref, assez de teasing. KALIDIA ne fait pas dans l'originalité… Mais alors pas du tout. Nicoletta Rossellini fait très bien le job, ne jouant pas sur une puissance démentielle mais pas sur l'emphase non plus (il y a les orchestrations plastoc pour ça, cf "Black Sails"). Ses lignes mélodiques sont soignées bien que trop souvent téléphonées, l'ouverture speed de "Frozen Throne" en étant hélas une démonstration édifiante. Après on ne peut pas dire que ce soit désagréable, et ça rentre instantanément dans la tête (facile quand vous connaissez déjà la mélodie quasi d'instinct), mais ce manque d'inventivité gangrène décidément le style depuis trop longtemps... Et puis il y a parfois une exception, comme ce "Go Beyond" qui arrive à rester par je ne sais quel miracle... Pour s'auto-pomper juste derrière avec "Amethyst" qui pourtant partait si bien...

Je me retrouve face au même problème qu'avec au hasard THAUROROD, qui s'est certes bien débrouillé avec son troisième album, mais dont l'inventivité et même la fraîcheur étaient proches du zéro. Alors certes les Italiens montrent de réels progrès par rapport à leur premier album, en y mettant une grosse énergie, ce qui permet de faire passer la pilule. Mais soyons honnêtes ; même si on passe un agréable moment, qui a, il faut reconnaître, une qualité qui est de ne pas toutes les trente secondes nous faire penser à tel ou tel artiste (même si les influences sont tout de même présentes), il y a peu de chances pour que vous ressortiez le disque de l'étagère, lui préférant au hasard un LIONSOUL ou un THY MAJESTIE, Inner Wound Recordings peinant à trouver des artistes à la personnalité bien affirmée. D'ailleurs quitte à écouter une formation Power à chanteuse, je préfère encore ressortir un MINDMAZE pour rester sur le même label, ou EX LIBRIS pour le style.

KALIDIA ne marquera pas suffisamment les esprits et héritera d'une mention honorable car le travail est bien fait, réalisé avec application, mais le niveau d'inspiration n'est pas non plus géant… Et c'est pourtant le plus important, trop de formations tendant à l'oublier décidément…