Ces mecs sont des fous furieux…
En Juin 2015 ils ont sortis un EP bien moyen et plutôt que d'être découragés, déconfits ou abattus, on dirait que ça leur a foutu un coup de pied au cul dantesque ! Car même pas six mois plus tard, le 13 Novembre 2015, sort leur mixtape "Dead Bodies In The Lake", où cette fois-ci on observe de nettes évolutions dans la formule HO99O9.

Alors déjà sachez qu'une mixtape c'est un truc courant entre deux projets musicaux (album studio, EP…) dans le monde du Hip-Hop. En gros, il s'agit de sortir, pour faire patienter les fans et teaser la prochaine prod, une sorte de compil gratuite de chansons qui n'ont pas forcément de lien entre elles mais qui sont placées dans un ordre bien particulier (pour les enchaînements) et qui s'écoute souvent d'une traite (pas de séparation des pistes). Dans le monde du Metal on est pas très familiers avec ça, c'est pourquoi j'ai choisi de catégoriser ce skeud en EP et j'ai découpé la mixtape en pistes pour que ce soit moins le bordel à chroniquer déjà et pour que ce soit intelligible.

Ceci étant dit entrons tout de suite dans le vif du sujet avec "Twisted Metal". Le titre démarre sur une intro ou l'on écoute deux gosses parler d'une arme cachée sous un lit (ça commence bien) et qui laisse progressivement place à un bourdonnement de basse, des cris et des couplets rappés plein d'énergie négative, une pression de dingue qui n'en finit pas de monter et… Une explosion de grattes pleines de disto cradingue, une batterie massive et un refrain qui oscille entre Punk HxC et Rap à la BODY COUNT, ainsi qu'un gros final à la CIRCLE JERKS !

Ah bah tiens c'est nouveau ça ! D'habitude les morceaux sont soit à dominante Hardcore soit dominante Hip Hop, mais ici les deux styles sont admirablement bien mélangés et un forment un concentré de rage très percutant. Il semblerait qu'HO99O9 ait enfin trouvé sa propre patte.

Le tubesque "DeathKult Disciples (999 Anthem)" en est l'exemple parfait. On démarre le titre avec un hurlement, immédiatement suivi par un riff de gratte Noisy à souhait et une batterie qui martèle sa rythmique tout en étant soutenue par des grosses basses Electro distordues. Par-dessus ça on trouve divers effets synthétiques stridents ainsi que les deux affreux qui rapent et vocifèrent à tour de rôle. Une énorme baffe dans ta gueule qui donne envie de tout brûler, surtout lorsque débarque ce refrain, suivi du break où l'on entend une foule (en colère ?) samplée. Enfin le morceau se termine avec une reprise volontairement atroce des premières notes de l'hymne américain.

Dans le même genre on trouve aussi le dernier titre "From The Bottom Of The Lake", avec son intro Electro / samplée très travaillée qui débouche sur une ambiance à la GRAVEDIGGAZ mais version Indus. Ce qui est intéressant ici c'est que ce morceau est une parfaite synthèse de tous les types de chant qu'on peut trouver sur ce skeud, car c'est vraiment l'élément qui drive cette compo (l'instru étant je suppose volontairement minimaliste). Ou encore avec "Hates Crimes", qui surprend agréablement par le contraste entre le fond sonore Noise (batterie, guitare, murs de sons synthétique) et ces passages Hardcore bien lourds ou juste sauvages et le flow bien perché qui domine sur une bonne partie du titre.

Et puis on a toujours des morceaux estampillés Punk HxC pur et dur comme l'expéditif "Get A Grip", ou "Kill You" qui rapproche le groupe des D.R.I. Ainsi que des titres beaucoup plus Aggro-Trap dans l'esprit, comme l'assomant "Kill All Rats" où chaque mot vous est envoyé au visage façon uppercut, le tout appuyé par des passages où le chant est pitché à mort et où le beat vous martèle le crâne avec insistance. Ou "Floating Corpses" qui donne clairement dans une Trap écrasante au niveau musical et dans l'Horrorcore au niveau des textes. En gros pour les paroles ça oscille entre CANNIBAL CORPSE pour les références gores et SLIPKNOT pour les insultes bêtes et méchantes dans tous les sens. Ou encore "Kult Refugee" sur lequel on peut s'apercevoir que Eaddy et TheOGM ont un sacré débit et un sacré flow, sans avoir l'air d'y toucher, grâce à cette instru minimaliste inquiétante et ce beat étouffant mais qui ne prend pas toute la place dans le mix pour autant.

Quant à "Piss Bottle" elle est un peu en-dessous des autres, car même si elle porte aussi clairement la nouvelle patte d'HO99O9 elle est malheureusement frappée du syndrome ZAZIE (ben ouais : "Je suis un homme de cro-magnon. […] Je tourne en rond, je tourne en rond…"). L'idée d'une instru minimaliste à base de riffs de gratte typés Metal cette fois-ci, d'une batterie et de basses étouffantes c'était pas mal, mais encore faut-il réussir à conserver l'attention de l'auditeur qui a plutôt tendance à décrocher tellement le morceau tombe dans la monotonie.

Alors même si ce skeud est encore un peu trop hétérogène (trois tubes, une majorité de compos honnêtes et une un peu moins enthousiasmantes) pour être élu chef d'œuvre de la discographie d'HO99O9 il relève clairement le niveau par rapport à "Horrors Of 1999". C'est juste impressionnant qu'en si peu de temps le groupe ait autant bossé et amélioré sa recette.

Ça sent très bon pour la suite !