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FUNERAL DOOM  |  STUDIO

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- Style : Bell Witch, Oromet
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MOURNFUL CONGREGATION - The Incubus Of Karma (2018)
Par WËN le 12 Octobre 2018          Consultée 2525 fois

Pour les plus névrosés – et nécrosés - d’entre nous qui parcourons NIME depuis de nombreuses années déjà, nous en sommes forcément tous venus à développer, au cours de nos errances instructives, quelques affinités avec tel ou tel de ces grands anciens scribouillards passant leurs nuits tourmentées à en blanchir les sombres colonnes. À titre personnel (et parmi d’autres encore en activité, ou pas), le Mox, longtemps terré sous les ébauches des nombreux papiers qu'il n’a manqué d’enfanter entre 2002 et 2010 fut, est, et demeurera sans doute l’une de mes plumes favorites. Déjà pour ses écrits, mais aussi - car forcément, ça aide - pour nos affinités en termes de monstruosités sonores, souvent tant pachydermiques que crépusculairement tentaculaires (ESOTERIC, EVOKEN, SHAPE OF DESPAIR et autres TYRANNY sauront vous mettre sur la voie). C’est donc, vous l’imaginez bien, un challenge doublé d’un honneur tout particulier que de reprendre l’ascension de certains monuments du Funeral Doom laissés orphelins de tout orateur en charge d'en conter les effroyables et mornes exploits.

Et si l’un d’eux gronde plus que les autres, perdu là-haut, en apesanteur dans les limbes cosmiques de ses propres émois transcendantaux, c'est bien MOURNFUL CONGREGATION.

En provenance de la méridionale Adélaïde (Australie), l'endémique pachyderme, intouchable au sein même de sa propre caste, maintient ainsi son sinistre cap contre vents et marées depuis vingt-cinq années maintenant, perpétuant au sein de sa crépusculaire discographie (quatre albums avant celui-ci) une tradition mortuaire, lamentablement pavée d'une finesse toute particulière, malgré l'écrasante morosité de ses prolixes et tortueuses compositions. Depuis l'allégorique "The Book Of Kings" (2011), le quartette (embauchant au passage Tim Call, batteur chez ALDEBARAN et The HOWLING WIND et propriétaire de Parasitic Records), aura su mettre à profit ces années pour vaquer à diverses occupations tout en nous tenant en haleine le temps d'un court EP d'à peine trente minutes (sic). Là où "Concrescence Of The Sophia" (2014), l'EP en question, ne m'avait pas plus convaincu que cela ; nous ne tarderons guère à comprendre, à la contemplation ahurie des froids contours de cet "Incubus Of Karma", qu'il ne nous dévoilait que les prémices de ce disque en devenir.

Une vingtaine de secondes - à peine - de l'instrumental d'introduction suffiront pour, qu'aux premières déviances de ces guitares qui s'entrecroisent, le lien se fasse via cette même précision appliquée à broder des mélodies désespérément sublimes ("The Indwelling Ascent", la dernière partie de "Scripture Of Exaltation And Punishment"), fricotant et tricotant leur habituel Doom si mortuairement raffiné. D'emblée, nous assistons là à l'épanouissement d'un MOURNFUL CONGREGATION plus contemplatif que jamais, prompt à prendre de l'altitude pour s'interroger, nous faire nous interroger, sur nos propres et misérables conditions, tout à l'aise qu'il est à nous susurrer subtilement ses impérissables secrets, nous plongeant en état de méditation dans ce cocon si tristement tissé (le titre éponyme, "The Rubaiyat" garni de quelques orgues solennels). Nous ne saurions ainsi lui résister. D'autant plus que, malgré le poids des éternités qui semblent l’accabler, la colossale entité demeure quand même excessivement délicate dans la finesse de ses moindres arrangements, conservant intacte cette immémoriale superbe à sculpter ses harmonies à même le néant, sachant ainsi plus d'une fois toucher au sublime ("A Picture Of The Devouring Gloom Devouring The Spheres Of Being"). Le sublime… Celui-là même fantasmé par les philosophes de l'art du XIXème siècle, qui saura ici nous émouvoir à travers ces guitares venues du fond des âges, intenses, insondables et prodigieuses, semblant résonner depuis d’incommensurables éons.

L'auditeur averti qui saura s'imprégner de toutes les nuances de vide proposées par le bestiau (pour peu qu'il sache s'y abandonner totalement et lui faire confiance) ne manquera pas, au détour de ses plus obscures révélations, de constater une certaine progression dans le déroulement tortueux de cette œuvre conséquente (80 minutes, pour tout au plus de très éparses longueurs sur "The Rubaiyat") ; le propos s'épaississant de pièce en pièce, laissant les atmosphériques échos de la première moitié faire place, sur les deux titres finaux, à d'immémoriaux souvenirs d'un cosmos infini en perpétuelle expansion - à l'image de la musique de MOURNFUL CONGREGATION - qui se tordent et s'accroissent, inextricables ; viscéraux mais pourtant si extatiques à la fois. En découle une certaine chaleur dans la déshumanisation du propos, le froid stellaire environnant ne suffisant apparemment pas à étouffer cette flamme vacillante qui illumine ces instants de recueillement.

Car m'est avis que, plus que jamais, les Australiens réussissent leur pari de tisser leurs visions oniriques à partir du faible tissu de notre réalité qui, en s'ancrant au gré d'une section rythmique pragmatique, se veut un pont vers d'insoupçonnées et reculées contrées de notre esprit tout comme de notre univers. Poignant, certes, MOURNFUL CONGREGATION l’est assurément. Mais c'est ce ton si fatidique qui sait nous ébranler ici, qui lui concède cette accablante grâce toute en apesanteur. Si notre monde venait à disparaître - et nous savons tous l'inéluctabilité de la chose - cet album devrait en être le testament, une ode à la joie fanée et aux éternités gâchées…

… C'est d'ailleurs peut-être ce qui s'est déjà passé, ailleurs, en fin de compte tant cette immémoriale partition semble écrite depuis des lustres, ces ménestrels de la douce torpeur ne se faisant au final que le vecteur d'émotions universelles.

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NB : Les Rubaïyat d'Omar Khayyam sont une collection de poèmes (des quatrains), écrits en persan du XIIème siècle. Le groupe en reprend des bribes dans les textes du titre éponyme.

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- Damon Good (chant, guitare)
- Justin Hartwig (guitare)
- Ben Newsome (basse)
- Tim Call (batterie, chœurs)


1. The Indwelling Ascent
2. Whispering Spiritscapes
3. The Rubaiyat
4. The Incubus Of Karma
5. Scripture Of Exaltation And Punishment
6. A Picture Of The Devouring Gloom Devouring The Sph



             



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