"To bleed is to feel"
Épitaphe sonore, murmurée par Heike Langhans dans le rôle d’Aleah Starbridge (*), cette âme de passage dont HALLATAR est le second album post-mortem.
TREES OF ETERNITY était un long poème fugace et éthéré, d’autant plus envoûtant qu’il venait d’une âme perdue à la suite d’un drame "médical" comme il en existe tant. Après la belle, voici donc la bête qui sommeillait en elle. Juha Raivio de SWALLOW THE SUN fait une nouvelle fois pénitence, à ressortir des tiroirs les poèmes et les idées d’Aleah. HALLATAR est un nuage d’idées aussi noires que sensible, marqué par une violence plus prégnante et dépressive, pourtant toujours penché vers la mélodie, la beauté simple des choses mortes.

L’excellent Tomi Joutsen est aujourd’hui le porteur de mots d’un fantôme qui décidément n’arrive pas à partir. Loin des mélodies folkeuses d’AMORPHIS, on le retrouve tous sourcils froncés, dans un univers funéraire qui lui sied à merveille.

Lourde riffaille, textes éplorés et production fine à la finlandaise, HALLATAR a peu d’originalité pour lui si ce n’est un line-up composé des bons potes qui seront là le jour de ton enterrement et l’expérience à toute épreuve estampillée SWALLOW THE SUN. Le triptyque "My Mistake", "Pieces" et "Severed Eyes" est sans doute ce que l’on retiendra de cet opus. Le premier titre impeccablement interprété par la fantastique Heike Langhans (DRACONIAN, ISON) (*) avec un Tomi Joutsen funèbre comme jamais, la seconde comme sorte de mots de fins susurrés à mi-voix, et ce "Severed Eyes", berceuse prononcée à bout de chant clair par Tomi Joutsen.

C’est finalement sur les notes plus anxiogènes d’un "The Maze" traînant un peu en longueur mais où la voix d’Aleah elle-même sera gage de réconfort.

Peut-être moins étrange à l’écoute qu’un TREES OF ETERNITY réellement habité, néanmoins limité par une Aleah plus monocorde, souvent lourdingue dans sa lourdeur ("The Maze" me paraît presque anxiogène), pas toujours des plus inspirés… On pourrait revenir sur beaucoup d’aspects de "No Stars Upon The Bridge". Mais à quoi bon, telle l’ambiguïté de son titre (l’absence de Starbridge autant que sa renaissance par la musique) HALLATAR est à la fois un hommage et un chemin de croix, des mots doux et des mots durs, une démarche à la fois obsessive et heureuse. Un deuil de tous les instants, partagé avec les inconnus qui composent l’auditoire de chapelle du Doom. Un Doom mélodique certes classique, qui gagne alors par le sérieux de son thème, et qui, quelque part, n’attend qu’à se confronter à sa réalité. Tristement, c’est lorsque le genre sort de son imagerie parfois surfaite pour survenir là où la peine est bien réelle que sa volonté pessimiste, le romantisme duquel il tire ses idées, se recrée en une force inénarrable.

Les cris étouffés de Tomi et la voix sereine et voluptueuse d’Aleah herself nous laissera sur un "Dreams Burn Down" à la conclusion touchante.

“Dreams burn down
And reason comes around
No one can fill this void I have found
For centuries it has walked with me”
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(*) Non seulement Heike semble sur ces titres être le clone vocal d’Aleah, avec un brin de puissance en plus, mais elle semble incarner un réel alter ego de la chanteuse partageant ses origines et de nombreux traits physiques. La coïncidence n’en est sans doute pas une.