Alors ? Qui va se frotter enfin à MOONSORROW ?

Le véritable mystère était bel et bien de savoir qui, car pour le « quand cela arriverait », ce n'était qu'une question de temps. Ah si, plusieurs ont essayé d'égaler le roi du Pagan Black épique, digne successeur de Quorthon, mais les remparts MOONSORROWiens ont-ils été un jour menacés à l'extrême au point qu'on songe à sa capitulation ? Non, jamais. Cela pourrait changer dans quelques années, voire quelques albums des Finlandais d'HAVUKRUUNU.

Attention fans de BATHORY, WINDIR et, bien sûr, MOONSORROW : "Kelle Surut Soi" est seulement le deuxième album du duo de combattants accrocs aux chants guerriers et aux trames homériques passionnantes. Patience… Et je ne m'attends pas à ce que vous trouviez cette offrande aux dieux aussi marquante que les premiers efforts de MOONSORROW. Cependant, il faudra vous atteler à cette plaisante tâche avec objectivité, car on détient là, dans cette cage, un digne successeur des Sorvali, narrateurs de génie.

HAVUKRUUNU sait construire des pièces martiales et maîtrise déjà la grandeur, la magie des chœurs qui font la renommée du Pagan Black. L'élément central manquant dans son arsenal, qui pourrait lui permettre de prétendre aux grands honneurs, est le volet atmosphérique finement développé qu'on adore tant chez MOONSORROW et consorts. Les Finlandais auraient intérêt à forger leur Metal plus lentement pour faire éclore leurs morceaux, sans étirer inutilement la sauce, afin de bien installer les ambiances viking et naturalistes. C'est donc à un roquet talentueux, qui n'a pas appris encore pleinement à contrôler ses ardeurs et à exploiter toutes ses aptitudes, à qui on se frotte sur "Kelle Surut Soi".

La qualité des compos nous laisse toutefois entrevoir un avenir florissant sur un horizon à court, court terme. Les notes positives pleuvant sur HAVUKRUUNU sont autant de témoins que d'encouragements dédiés à inciter les Finlandais à se dévoiler davantage. Il y a encore énormément de place à émancipation, car les attentes générées par cet opus sont éminentes. C'est là une lame à double tranchant, que les créateurs métalliques les plus ennoblis ont appris à manier. Cette arme redoutable leur paraît légère comme une plume aujourd'hui tellement ils ont raffiné leurs attaques et leur jeu de jambes. Quelques sessions d'entraînement intensives et l'affaire sera dans le sac pour le duo Stefan/Noitavalo.

Oui, car "Kelle Surut Soi" ne souffre pas de défauts gênants ou trop apparents tellement il est compact et inspiré de la gueule à la queue. Si je devais analyser à fond, je lui reprocherais une mini-déficience au niveau de la variété des rythmes, ce qui, incidemment, fait naître une musique plus monochrome… Mais quand même pas monotone ! J'ai quand même de la difficulté à établir un podium représentatif de mon appréciation, car les plages se succèdent comme un long Styx tranquille… Une qualité cette homogénéité, on ne le dira jamais assez.

C'est peut-être la première fois que vous entendez parler de HAVUKRUUNU, mais habituez-vous, car avec ce "Kelle Surut Soi", les Finlandais font voler des têtes à haute fréquence. Il était temps que les ténors du genre aient un dauphin de plus nageant dans leur bassin.

Podium : (or) "Kelle Surut Soi", (argent) "Myrskynkutsuja", (bronze) "Vainovalkeat".

Indice de violence : 3/5.