SCROTOCTOMY désigne, à une lettre près, l’ablation de tout ou partie du scrotum. Ni plus, ni moins. Partant de là, tout doute s'évanouit quant à la teneur du propos de ce quintette mexicain. Ajoutons à cela que les cinq compañeros jouent cette variante du Brutal Death Metal qu’est le Slam Death, et vous comprendrez bien que nous n’allons pas traiter ici de musique savante. Ni même complexe. Quoique.

En matière de Slam Death, SCROTOCTOMY sait y faire et, avec ce seul E.P. au compteur, a su se distinguer parmi les talents les plus prometteurs de cette sous-scène infâme, qui maîtrise néanmoins le second degré et l'autodérision mieux qu’aucune autre. En attendant de vous gratifier de la chronique de leur premier album, concentrons nous sur cet E.P. dont la concision s’avère idéale pour le genre musical ici pratiqué.

Après une intro qui, à l’oreille, ressemble fort à la torture infligée à Theon Greyjoy par Ramsay Snow dans la troisième saison de la série "Game Of Thrones", le son du morceau éponyme, “From Torture To Putrefaction”, déboule. En mode mid-tempo, rouleau compresseur, hyper distordu. Les vocaux extrêmement gutturaux, sans la moindre articulation, typiques du Slam, growlés par Omar Garcia s’avèrent efficaces. Au début, et plus encore à la longue.

Mais ce que la musique de SCROTOCTOMY a de plus efficace, c'est qu’elle varie, comme un véhicule de chantier peut passer subitement, visiblement, sensiblement, la vitesse supérieure malgré son poids très lourd. Les guitares sont évidemment très grasses, pèsent plusieurs tonnes, bien appuyées par une basse audible et ronflante. Et quand ça speede subitement, c’est difficilement contenable. L’alternance entre accélérations fugaces et retour aux passages lents est très performante chez SCROTOCTOMY. La batterie, pas si basique qu’elle n'en a l’air, fait le boulot : celui de marteau-pilon.

“Schizophrenic Massive Murder” commence comme le précédent, bien mid-tempo et bien lourd. Séance d’équarrissage garantie sans aucun os à la sortie. SCROTOCTOMY n’en est pas moins très musical, sur le plan rythmique. En fait, tous les instruments sont rythmiques ici. Malgré les riffs tout en chromatismes, même les guitares se distinguent particulièrement par leur rythme. Les coups de vibrato marquent les temps tout autant que la batterie.

Ce constat rythmique n’est jamais plus vrai que sur “Sadistic Holy Punishment”. Paradoxalement, c’est le morceau où, portée par les guitares, apparaît enfin un semblant de mélodie. Toujours très mineure bien entendu. Les accélérations y sont particulièrement rudes. Quant à “Devouring Mutilated Virgins”, ce titre prend le contre-pied du reste de l’E.P. Il commence rapidement pour ne ralentir qu'ensuite et redémarrer de plus belle. La batterie s’y fait plus présente car les autres instruments lui laissent (beaucoup) plus d’espace. C’est presque elle l’instrument lead, sur ce morceau. La maîtrise du rythme et du tempo de SCROTOCTOMY est une nouvelle fois évidente. Et supérieure à bon nombre de leurs congénères slammeurs.

On sort de l'écoute de ce bref mais vaillant E.P. avec une énergie inattendue, et point épuisé du tout. L’on se demande même si SCROTOCTOMY est capable de tenir la distance sur un album entier sans lasser l’auditeur. Le groupe récolte en effet le bénéfice du doute. En attendant, le temps de quatre morceaux, le challenge est relevé. ¡Felicidades, compañeros!