Il y a des groupes comme ça qu'on découvre complètement par erreur, je ne parle pas de ces groupes qu'on a trouvé en surfant sur des webzines ou des sites de streaming, qui proposent des groupes en fonction de nos goûts. J'ai trouvé ALEXISONFIRE à cause de HIGH ON FIRE dont je me souvenais mal du nom, d'une faute de frappe, de l'autocorrecteur de Google. Un nouveau groupe de Rock complètement inconnu ? Je ne peux pas rester sans tester. Donc voilà, en pleine période monomaniaque Metal Prog et Power, j'écoute "Alexisonfire". Premier réflexe : poubelle, CDLM, c'est pas du Metal et ce mec qui gueule c'est ridicule, 0/10. Comprenez, je parle là d'une époque où le mot Hardcore n'avait aucune signification pour moi.

Avance rapide jusqu'à 2012 - comme dirait Jeremy McKinnon – j'aime le Metalcore à présent, ALEXISONFIRE me revient en tête, j'écoute "Alexisonfire". Nul à chier, c'est pas du Metal, c'est quoi cette pop de mes deux, et ce mec qui chante c'est ridicule, il peut pas juste growler comme tout le monde ? Là c'est juste de la connerie de ma part, de l'élitisme Metal de base.

Il m'en aura fallu du temps pour vraiment écouter ALEXISONFIRE calmement et en entier. A vrai dire, ce sont les albums suivant auxquels j'ai vraiment accroché. Ce premier jet est en réalité plein de bonnes idées, pas toujours bien finalisées ou réalisées. Cependant, tout ce qui fait que j'apprécie ALEXISONFIRE est déjà présent, ces riffs simples et accrocheurs joués sur une guitare qui sonne davantage Rock Indé que Punk ou Metal par exemple. Les accélérations/décélérations, les changements complets de thème dans un même morceau, les passages calmes, l'intrication chant clair/hurlé, tout est là. Il y a même du growl sur "The Kennedy Curse" !

ALEXISONFIRE (prononcez : Alexis on fire et pas Alex is on fire) groupe d'origine canadienne, nous présente donc sur ce premier album son interprétation personnelle du Post-Hardcore. C'est-à-dire une sorte de Rock indé sur lequel on gueule à cœur joie et dans lequel on glissera éventuellement quelques rythmes rapides tirés du Punk. On peut aussi voir régulièrement le terme Screamo utilisé pour décrire ALEXISONFIRE, mais je le trouve redondant et imprécis, pour moi le genre est inclus dans le Post-Hardcore qui est un terme suffisant puisqu'il englobe tous les dérivés du Punk Hardcore. Assez digressé sur les étiquettes, parlons plutôt des spécificités du groupe. Enfin la spécificité : j'ai nommé Dallas Green, chanteur auquel le groupe doit certainement une bonne partie de sa renommée, son timbre et ses lignes de chant marquent l'esprit et sont sans aucun doute la première chose à laquelle on accroche en écoutant. A propos d'accroche, je trouve que le premier titre de l'album ".44 Caliber Love Letter" représente littéralement l'ambiance transmise par le groupe : Dallas Green et Wade McNeil sont la partie "love letter" avec leurs mélodies accessibles et pop; les autres membres du groupe sont là pour coté "calibre 44", notamment George Pettit qui nous rappelle qu'on n'écoute pas de la Britpop en remplissant le spectre sonore de ses beuglements éraillés, ici malheureusement pas très bien intégrés aux morceaux. L'équilibre entre ces deux moitiés n'est pas parfait et certains morceaux sont moins travaillés que d'autres, mais pour un premier album c'est très prometteur.

ALEXISONFIRE fait partie dans ma tête d'une sorte de big four du Post-Hardcore moderne, avec CHIODOS, THE FALL OF TROY et DANCE GAVIN DANCE, j'ai du mal à expliquer pourquoi, certainement leur approche atypique du Rock et leur appropriation d'un genre de niche comme le Hardcore pour en faire quelque-chose de Pop et intelligent à la fois. Et ce "Alexisonfire", malgré ses défauts présente d'ores et déjà cette approche.

2,5/5.