Les morts gouvernent les vivants disait Comte, et il avait on ne peut plus raison. Plus que jamais notre époque est une marche le regard en arrière. On cherche l'approbation des ancêtres, le retour vers une gloire passée. L'Amérique souhaite revenir vers son passé de cow-boy en élisant un Roosevelt à mulet. La France cherche une figure qui lui donnera une transcendance collective façon De Gaulle, et elle récoltera un autre nabot.

AU CHAMP DES MORTS distille ce sentiment tragique dans son premier EP "Le Jour Se Lève". Une musique du drama, avec force mélodies tristes et ambiance de regrets, dans ce qui apparaît comme une autre preuve que le Black Metal couplé à des mouvements plus atmosphériques peut donner une musique enivrante.

Si on pense Black Metal c'est bien évidemment parce que les blasts et les leads-tempêtes d'AU CHAMP DES MORTS ravagent sur le morceau éponyme. Le chant est classique, lui aussi, et le riff principal rappellera ce qui se fait de mieux dans le genre récemment (les leads de MGLA surtout). C'est épique, véloce, et terriblement bien exécuté. La force des mélodies rappelle également GLACIATION, dans cette impression que l'on écoute une ballade ancienne, surtout dans les tempos les plus calmes, ou les breaks doucereux distillés comme des rêves.

Mais AU CHAMP DES MORTS répond au cahier des charges du Post-Black Metal – trop certainement – lorsqu'il mêle son Black Metal à des parties plus Shoegaze, et des mid-tempos typiques de la scène (la fin du titre éponyme, avec son solo Heavy de qualité). Le second morceau de l'EP, "Le Sang, la Mort, la Chute", est totalement pris dans le moule de ce Post-Black Metal, au point qu'il pourra apparaître un brin cliché. Mid-tempo Doom, chœurs lointains, et feeling très mou, loin de l'impact de son prédécesseur, si l'on excepte une fin certes plus efficace mais convenue.

"Le Jour Se Lève" est un court EP qui montre cependant clairement ce que propose AU CHAMP DES MORTS : un Post-Black Metal beau, mais classique, loin de ce qu'a pu proposer GLACIATION surtout, plus inventif lui, mais qui donne tout de même envie de découvrir la suite, avec un premier album que j'espère aussi fougueux que le titre d'ouverture.