AN AUTUMN FOR CRIPPLED CHILDREN sont les KORPIKLAANI du Blackgaze. Entendez par là qu'ils sortent un album par année, et que c'est loin d'être bon car toujours la même chose. Depuis "Only The Ocean Knows", le groupe s'enfonce de plus en plus dans un subtil mélange d'Aquariumgaze et d'ALCEST mal réchauffé sans originalité aucune : du grand art dans la médiocrité.

Je ne sais même pas par quoi commencer. Les riffs ? Déjà entendus des dizaines de fois. Le chant ? Inaudible et sans variation, et bien entendu mixé trop en retrait, ce qui lui ôte toute expressivité. Les claviers ? Mieux vaut en rire qu'en pleurer : kitsch, plastiques, sans âme, ils se noient dans le bruit ambiant faute d'avoir le temps de se développer. Le son semble former une purée de pois – voire même de poix, si je puis me permettre ce jeu de mots orthographique aussi vaseux que le contenu de cet album – indistincte qui ravale en son sein tout instrument qui chercherait à émerger de sa masse gluante. Oui, le Blackgaze, c'est beaucoup de delay et de reverb, un son volontairement brouillon et saturé qui évolue en nappe plutôt que de se diviser en lignes instrumentales clairement définies. Mais en toute chose il convient de trouver un juste milieu : même DEAFHEAVEN fait mieux sur "Sunbather", qui ne mettait pas la barre très haut pourtant.

Allez. Soyons honnêtes. Il y a bien un ou deux points positifs à trouver à ce disque. Un petit riff pas si mauvais sur "Farewell", c'est déjà ça de pris. Et une mélodie aux accents mélancoliques sur "Matters Of The Heart", ça fait toujours plaisir. Mais en dehors de ça, l'on erre au milieu d'un vide créatif angoissant. "The Long Goodbye" n'était déjà pas folichon, mais là… Que ce soit "Swallowed By Night's Despair" ou "This Small Space You Occupied Is So Empty Now", "I Will Never Let You Die" ou "Days Of Sleep", tous les titres sont strictement les mêmes : mêmes riffs, mêmes passages atmosphériques, même chant inarticulé… Vide, tout semble si vide sur ce disque…

L'élément le plus dérangeant reste surtout les claviers. La qualité des sons est mauvaise, on dirait de vieux presets de synthétiseur numérique des années 1990, bien cheap et sans personnalité aucune. L'autre grand problème vient de leur utilisation : n'est pas Jean-Michel Jarre qui veut, hélas ! Ils forment soit des nappes indistinctes, soit des mélodies simplistes au timbre tellement artificiel que l'on en vient à regretter l'invention de la synthèse digitale. Et c'est bien triste.

Quoi qu'il en soit, je ne puis m'empêcher d'éprouver une certaine sympathie envers AN AUTUMN FOR CRIPPLED CHILDREN. Il y a une certaine candeur, une fragilité, une sensibilité qui transparaît dans leurs compositions ; quelque chose d'à la fois niais et délicat. Leur univers musical est simpliste, peu varié, mais plein de sincérité. L'on sent bien qu'ils ont envie de parler, de transmettre leurs émotions, mais le résultat est trop maladroit pour parvenir à atteindre sa cible. Trop répétitif et pas original du tout, "Eternal" n'est rien d'autre qu'une brique de plus à l'édifice du néant artistique. Vraiment rien de plus.