La mélodie d'intro de "Glow" est presque la même que celle de "Elle Attend" par Jean-Jacques Goldman. C'est con, car il s'agit de quelques notes à peine, une belle coïncidence comme il en existe des centaines dans l'univers infini de la Musique, mais cela suffit à vous bloquer un chroniqueur. Allons, pas d'exagération, si HARTMANN fait involontairement coucou à JJG sur ce morceau modern-rock, il continue par ailleurs de proposer une musique bien plus proche de l'univers rock / AOR que de celui de l'interprète de "Elle a Fait un Bébé Toute Seule". Pour autant, et c'est une nouveauté sur ce cinquième album, Oliver Hartmann et ses acolytes naviguent dans des eaux certes rock, mais de plus en plus calmes et éloignées des velléités plus mordantes des débuts (et dont atteste la sympathique compilation "The Best Is Yet To Come" publiée en 2013).

Quatre ans après la dernière réalisation du groupe (il faut dire qu'Oliver a bien été occupé par ses participations à AVANTASIA, à Rock Meets Classic ou à Echoes, son tribute à Pink Floyd), voici donc ce "Shadows & Silhouettes" qui surprend par l'adoption de sonorités légères, parfois folk, et s'éloigne légèrement des publications passées du groupe. L'exemple le plus flagrant de cette nouvelle orientation est sans conteste le morceau étrangement choisi comme single, "When Your Mama Was A Hippie", ballade folk qui fleur en effet les 60's et le LSD, illustrée par un clip très flower-power et porté par un refrain dont les "yeah yeah yeah" et autres "na na na" auront tôt fait de vous lasser plutôt que de vous emporter dans une gigue endiablée. Si le chanceux Olivier Hartmann parvient toujours à nous séduire grâce à ce timbre de voix à la fois chaud et puissant, parfois proche de celui d'un David Coverdale, on ne peut pas dire que ce morceau soit le plus réussi du groupe. Étrange qu'il ait été choisi en porte-étendard pour cet album.

D'autant plus que certains autres morceaux, eux-aussi plus calmes qu'à l'accoutumée, se font pour leur part très réussis. C'est notamment le cas en fin d'album, où la ballade intimiste "Shadow In My Eyes" (mon esprit de chroniqueur malade y entend les lignes mélodiques de "Tendresse" des COWBOYS FRINGANTS) et la profonde "Last Goodbye", triste complainte portée par un tendre piano et une guitare larmoyante font des merveilles. Plus tôt dans l'album, la délicate "The Letting Go", qui laisse également la part belle à la guitare acoustique, s'impose également comme une indéniable réussite.

Pourtant, HARTMANN se fait encore plus convaincant en usant d'un peu de distorsion. Dans un pur style AOR, "Irresistible", "High On You" ou l'énergique "I Would Murder For You" se font des titres très réussis, qui s'inscrivent dans la droite lignée des morceaux des précédents opus, à savoir un rock à classer quelque part entre celui de Richie Kotzen et celui de Ritchie Sambora. Chanteur exceptionnel, Oliver Hartmann parvient à transmettre tous les sentiments grâce à sa voix splendide, et parvient aisément à faire de ces titres de véritables moments de bravoure.

L'album est, dans son ensemble, une indéniable réussite, et s'affirme particulièrement lorsque les ambiances sont les plus marquées et assumées. Qu'elles soient rock, folk ou inclassables (la jazzy "Jaded Heart"), celles-ci donnent à ce "Shadows & Silhouettes" une saveur unique, mais il manque ici une constance qui faisait la richesse des opus précédents. Un bon album, c'est une évidence, mais pas le meilleur du copain de Tobias Sammet.