Voilà donc la suite des aventures scabreuses du trio finlandais VAINAJA, nom de l'ancienne secte rurale menée par le gourou Wilhelm Waenaa. L'excellent premier opus du groupe, "Kadotetut", était inspiré de sermons écrits par Waenaa, alors que ce "Verenvalaja" est la transcription musicale du seul ouvrage du gourou retrouvé intact. On y lit le même genre de merde habituelle sur le contrôle de l'âme, sur le blasphème, le culte de la croix, etc. De la belle mélasse malsaine qui, traduite en Doom-Death, pourra donner faim et soif. Surtout de la manière dont VAINAJA groove grave.

Un lecteur me faisait remarquer après ma chronique de "Kadotetut" que VAINAJA pouvait se rapprocher des pilleurs de tombes de HOODED MENACE, ce qui est vrai après vérification. Ce Doom accrocheur qui vrombit jusque dans les entrailles s'est d'ores et déjà établi comme un leader de la scène. Il est Finlandais lui aussi, alors avec VAINAJA, nous avons deux beaux spécimens d'ogres qui ont envie de tout écraser sur leur passage. Les deux ont le sens de la mélodie, des refrains qui restent gravés et des atmosphères dantesques.

"Verenvalaja" respecte aussi l'univers duquel son Doom a grandi, soit la campagne austère pour la forme et le contrôle démoniaque des âmes pour le fond. VAINAJA va au-delà des églises calcinées en incarnant les pyromanes de chair humaine, en revêtant le costume du gourou pour dominer sa proie. Le trio a en plus le chic d'injecter un lyrisme gothique dans sa musique quand les chœurs et les orchestrations prennent le devant de la scène. Meilleur exemple : la fin absolument magnifique de "Usva", qui s'évapore comme un brouillard argenté sur une nuée de corbeaux.

La grande force de VAINAJA se trouve là : dans l'osmose de ces éléments planants et des attaques en règle des cordes bouffies, mixés à merveille par Dan Swanö pour un petit festin de 44 minutes, soit 6 minutes de plus que sur "Kadotetut". Certes, les Finlandais ont crevé l'abcès et sont davantage confortables, gonflés d'orgueil par les critiques dithyrambiques de leur premier effort. Et jusqu'à maintenant, d'autres fleurs leur sont lancées en raison de cette continuité dans la qualité, sans facilités, sans flafla et sans calque. Le groupe se permet de bien aérer sa musique avec des passages à vide préparant à la prochaine salve.

Après de nombreux tours de piste qui passent comme une sinécure, "Verenvalaja" est le digne successeur d'une lourde pierre qui a fracassé la devanture d'un édifice vieux comme le monde. Bien du chemin a été parcouru depuis les débuts de BLACK SABBATH et le Doom moderne, s'il respecte les fondements obscurs du genre, ouvre d'intéressants chemins. VAINAJA foule le sien avec la tête bien haute et, sans rien révolutionner, arrive à garder notre attention grâce à un son cristallin puisé dans la crasse.

Je ne doute aucunement que VAINAJA soit parti pour la gloire, musicalement parlant. Mon seul souci réside dans la source d'inspiration ; les Finlandais tomberont-ils dans la redite à force de fouiller dans le passé de Waenaa ? Pire : est-ce que leur besace à idées s'asséchera au point de leur couper l'envie de jouer ?

En attendant, "Verenvalaja" vous fera headbanguer de longues heures durant.

Podium : (or) "Usva", (argent) "Risti - Sielu", (bronze) "Kultti".