Il est rare que je tombe sur un groupe prolifique originaire de ma région natale, le Saguenay. Mais ici, j’ai eu la main heureuse avec NECRONOMICON, trio de Death Sympho, qui en est à son cinquième album depuis 1999. Je me permettrai donc un brin de chauvinisme en félicitant ces mecs, car "Advent Of The Human God" est leur deuxième skeud chez Season Of Mist. Respect.

NECRONOMICON est comparé à MORBID ANGEL, BEHEMOTH ou HATE, mais drôlement, je n'ai pas fait ce genre de lien facile. Le côté très symphonique de sa musique m'a davantage attiré que ses blastbeats ou riffs sauvages. S'il est clair que Rob, Rick et Eric jouent du Death style Europe de l'Est, leur signature est assez personnelle, notamment en raison des ambiances universelles qu'ils arrivent à conjuguer sur cet album bien produit.

Mais attention, s'il est évident que ces types ont de l'expérience dans le maniement des armes, je ne saisis pas vraiment cette conjugaison que je viens d'évoquer. Ça peut paraître paradoxal comme analyse, mais si les orchestrations sur "Advent Of The Human God" sont intéressantes et variées, c'est le manque de liant entre elles qui me fait tiquer. Je n'arrive pas à lui coller une étiquette claire, genre "moyen-orientale". C'est tout simplement impossible tellement les sonorités sont éparpillées. Et ça me dérange, même si j'ai l'esprit très ouvert.

Ça me chicote parce que NECRONOMICON est loin d'être manchot. Dans le genre, il se classe aisément dans le peloton du milieu, ce qui est déjà très bon. Le son est énorme, certaines des pattes québécoises les plus habiles ont mis leur grain de sel, dont JF Dagenais. La batterie est particulièrement réussie, Rick est un sacré poulpe ! Quant à Rob Tremblay, tête pensante et producteur, il offre une performance de qualité, sans transcender les ténors du style.

Non, ce qui accroche est vraiment au niveau du thème. Prenez la pièce-titre par exemple : on nage en plein Black-Death Sympho fin 90's, début 2000, les orchestrations modernes en plus. Bon mélange, qui ne nous met pas la puce à l'oreille quant à la direction artistique que prendra le groupe. Sur la piste suivante, on tombe dans le Death plus classique, sans trop d'artifices, ce qui tranche radicalement avec l'idée précoce qu'on s'était peut-être faite. La première instrumentale, "Okkultis Trinity" vient ensuite nous plonger dans un gros péplum antique qui met la table à "Unification Of The Four Pillars", qui pourrait être la figure de proue du disque, dans le sens qu'il condense tous les atouts de NECRONOMICON. À vous de juger ce que vous préférez chez les Québécois, moi c'est quand ils se prennent pour des conquérants ! J'aime moins quand ils chassent presque toute trace épique de leur musique, car merde, on ne peut que kiffer un truc comme "The Fjord", sur lequel on les imagine sur un vaisseau en route vers une terre inconnue, le glaive au poing !

Heureusement, ce détail, qui semble me titiller au plus haut point ne chasse pas mon enthousiasme général sur la galette. "Advent Of The Human God" s'écoute facilement, surtout si on est initié au Death pompeux, clinquant. Les amateurs d'orchestrations prendront aussi un pied énorme sur des titres comme "Alchemy Of The Avatar" ou "Advent Of The Human God". Ne boudez pas votre futur plaisir, même s'il s'avère ardu de les lier sous un leitmotiv central !

Un gros 3 qui enfle vers le 3,5.

Podium : (or) "The Fjord", (argent) "Unification Of The Four Pillars", (bronze) "Alchemy Of The Avatar".