La suprématie de notre monde occidental touche bientôt à sa fin. Sa chute marquera le début d'on ne sait quelle nouvelle ère chaotique avant une hégémonie remplaçante. Les révolutions se succéderont, les tyrans tomberont avant d'être remplacés dans une foire où le public applaudira naïf. Des pays imploseront ravagés par une guerre intestine sans limites.

Aussi est-il essentiel d'ici là d'apprendre à danser sur les tombes.

HARM DONE fait partie de ce mouvement qui fait de la violence absurde décomplexée, héritier d'un univers où le terrorisme s'exerce dans les institutions et dans les déserts d'Orient. La violence pour illustrer la violence. Quoi de plus simple et de cathartique finalement face à tant d'angoisses déversées sur nos yeux fatigués ?
Pas d'introduction ridiculement factice, pas de délicatesse, "Abuse/Abused" est habillé pour la guerre, en treillis bien sale pour ce qui est des riffs Thrash sortis de la vieille école (le titre éponyme), une ribambelle de flingues illustrée par le Grindcore ("Sink Again") mais les baskets de mauvais garçon des cités aux pieds pour garder la street credibilité lors de Beatdown complètement gratuits ("Sink Again", décidément sévère).

Ce Hardcore rappelle bien sûr NAILS (dans le son surtout) mais aussi CONVERGE pour ce qui est du riffing 5 étoiles (monstrueuse "Two Worlds"). Le tout est strict comme la Charia, direct comme un tir de Famas et lourd comme du mortier russe. La terreur salvatrice, celle qui repose presque après tant de saloperies supportées jour après jour. Inutile de réfléchir, inutile de s'attarder, les morceaux ne dépassent que rarement la minute trente, et ne font jamais dans la pause. Ils hurlent, ils écrasent, ils défèquent, ils sont totalement gratuits. Dans ce déluge Thrash/Grindcore/Beatdown la voix d'Alexxx vient apporter cette révolte Punk excellente, qui donne plus de crédibilité à un album de débauche.

Alors bien sûr, c'est court, bien sûr c'est répétitif, bien sûr c'est entendu. Mais bon sang que c'est strict ! HARM DONE joue bien, maîtrise son propos et tire au lance-tatanes sans réfléchir. A nous de saisir cet instant de chaos supplémentaire, noyés déjà dans l'absurdité d'une époque en ruine.