Si on mélange YES et TOTO ça donne : YOSO ! Voilà pour le patronyme de ce nouveau projet collaboratif signé par Frontiers. Mélanger l'univers aux couleurs naturelles de YES avec LA voix de TOTO pour beaucoup, gorgée de Soul et de feeling, quoi en attendre ?

Il faut savoir que le groupe, car c'en est un, est né sur la base de CIRCA, ce supergroupe rassemblant Alan White, Tony Kaye et Billy Sherwood, l'un des spin-offs qu'a connu la célèbre formation progressive YES au cours de sa longue et tumultueuse existence. La volonté de Billy Sherwood (de retour dans YES à l'heure où j'écris ces lignes, sur les souhaits du regretté Chris Squire), Tony Kaye (claviériste fondateur de YES qui avait quitté le groupe pour causes de conflits avec Trevor Horn) et de Bobby Kimball est de former un groupe ensemble à la suite d'une tournée commune avec CIRCA. Ce nouveau groupe dans un premier temps nommé AKA splittera malgré tout début 2011 devant les insurmontables difficultés de planning et les changements de line-up à répétition.

Toujours est-il qu'il nous reste cet album – "Elements", seul témoignage de l'association de ces talents. Ces derniers ne s'additionnent pas toujours, et si la voix de Bobby Kimball reste un atout majeur, la formule peine à prendre totalement.
Si on ressent une véritable cohérence (on a affaire à des musiciens sacrément chevronnés), cette mixture AOR a bien peu de saveur ; on a un peu l'impression d'avoir une version moins inspirée d'ASIA. En revanche d'un point de vue de musicien, les lignes de basse sont monstrueuses et l'album très bien produit. Le travail sur les soli de guitare est assez bien vu également, et certains se retiennent même plutôt bien.

Tellement cohérent qu'il en devient monolithique, "Elements" est un peu longuet, et si la pièce finale permet de retrouver la grandeur YESienne, via des arrangements de clavier et de chœurs de très bon goût, l'ensemble des morceaux donne trop souvent une impression de copié-collé qui détourne l'attention assez vite. Loin de moi l'idée de faire du bashing à la mode et j'avoue n'avoir qu'une connaissance parcellaire de l'immense œuvre de YES. Néanmoins, Tony Kaye n'est pas Rick Wakeman et il manque d'une manière générale d'une certaine flamboyance dans les compos de YOSO. Il n'y a peut-être que la pièce introductive et éponyme qui, dans un style à la TOTO tente le refrain simpliste et efficace avec des arrangements vocaux très soignés.

Ce qui dérange le plus chez YOSO finalement, c'est de ne pas avoir la patte de Luke sur les soli (le jeu de Johnny Bruhns, très technique, est pour le moins particulier) ou la luxuriance de David Paich, comme si c'était un spin-off de TOTO qui s'était monté avec l'ex chanteur de la bande, débarqué à la suite du split de 2008. En définitive, "Elements" est un album bien fait mais vraiment pas mémorable et affreusement daté.