Depuis maintenant une dizaine d'années, le label italien Frontiers est un peu le marché au gros du Hard Rock et du Heavy Metal mélodique. Même si le savoir-faire reste artisanal, le label produit de la musique "au mètre", proposant des sorties à un rythme effréné sans toujours tenir compte de leur qualité, parfois dangereusement faible. Au sein de l'écurie, une équipe de compositeurs de talent œuvrent d'arrache-pied pour écrire des albums interprétés par de "grands noms" du genre. Si Alessandro Del Vecchio est sans doute le plus célèbre de ces "mercenaires" de chez Frontiers, Magnus Karlsson en est un autre. Celui qui mène depuis la fin des années 2000 une belle carrière en compagnie de PRIMAL FEAR en tant que musicien de session, est également un compositeur frénétique, à qui l'on doit les albums estampillés ALLEN / LANDE, KISKE / SOMMERVILLE, ou encore PLACE VENDOME, bref, les sorties interprétées par les plus grosses têtes de gondole du label.

Puisque le Suédois semble malgré tout encore disposer de suffisamment de temps libre, le voici décidé à se construire une discographie sous son propre nom. Dans une veine Heavy mélodique, l'album "Freefall", paru en 2013, avait permis à l'artiste de rassembler plusieurs de ses idoles sur un même album, rafraîchissant et convaincant à défaut d'être original et novateur. Pour le deuxième volume de ses aventures en solo, le guitariste est allé de nouveau piocher dans son carnet d'adresses, s'adjugeant la participation de vocalistes fort prestigieux. Outre Rick Altzi, David Readman ou Tony Harnell, déjà présents sur le précédent opus, Joe Lynn Turner, Jorn Lande, Tony Martin ou encore Harry Hess viennent pousser la chansonnette sur des morceaux immédiats et calibrés pour séduire les masses.

Les conquis des sorties estampillées Frontiers seront aux anges. La musique est aventureuse et énergique, avec juste ce qu'il faut de "méchanceté" pour être qualifiée de Heavy. Les ambiances sont réduites à peau de chagrin, le guitariste leur préfère des mélodies catchy et des refrains imparables. La variété des chanteurs invités permet à l'album de se faire suffisamment varié pour retenir l'attention, d'autant plus que certaines combinaisons gagnantes nous laissent sur les fesses : Jorn Lande, comme à son habitude époustouflant de classe, fait de "Kingdom Of Rock" un hymne en puissance. Rick Altzi, qui a remplacé ce dernier chez MASTERPLAN, s'en donne à coeur joie sur "Another Life", sa voix chaude et puissante étant parfaitement taillée pour ce titre vindicatif et énergique. Jakob Samuel, chanteur des POODLES, déroule son talent sur "Out Of The Dark", tandis que la chanteuse Rebecca de la Motte séduit sans forcer sur la power-ballad "The Right Moment".

L'ensemble sonne néanmoins comme un album "générique". En effet, à force d'apposer sa patte sur de nombreuses sorties Frontiers, le guitariste en est comme dépossédé. Au lieu que les autres albums du label renvoient à son style, c'est cet album qui évoque un style "impersonnel", certes fort compétent mais qui, de par l'absence de surprise, ne parvient pas à nous faire vibrer. Les refrains, qui sont la force essentielle de l'album, parviennent à donner le change, mais si certains titres offrent un goût de "reviens-y", l'ensemble laisse comme un goût de redite. On y revient, une fois, deux fois, puis on oublie. Si Jorn LANDE n'a jamais été aussi convaincant que sur les compositions signées KARLSSON, une collaboration durable entre les deux artistes serait sans doute plus profitable que cet album impeccable sur le moment mais qui peine à tenir ses promesses sur la durée.