Jetons notre dévolu sur le méconnu FOREST OF SOULS, originellement signé chez Adipocere Records et souvenons-nous que METALLIAN s‘est autrefois empressé de clamer les mérites de ce "Contes Et Légendes d’Efeandayl", dont les prouesses peuvent laisser perplexe aujourd’hui. Les Parisiens évoluent dans un genre hybride se voulant original et qui développe de manière bancale un Black Metal épique, enraciné dans un Doom Metal hirsute aux consonances lyriques. Le chant lui-même oscille entre ces deux styles avec toutes les difficultés inhérentes à l’exercice. Ce recueil se veut donc une continuité du Ep "War And Poetry" (1995) qui évoluait déjà dans les mêmes eaux bourbeuses.

Autant vous dire immédiatement que tout ici est hautement éprouvant pour les sens de l’auditeur. Sa patience est tout d’abord mise à rude épreuve, par la production rebutante de l’ensemble et notamment des guitares qui sonnent étouffées et brouillonnes. En outre on ne peut pas dire que le collectif brille particulièrement dans son écriture qui se révèle le plus souvent poussive et irritante. Non pas que les auteurs soient dénués d’idées, mais il nous semble y avoir un sérieux décalage entre le résultat escompté et celui obtenu. La réalisation apparaît donc pour le moins chaotique et nous éprouvons toutes les peines à trouver une cohérence à ces morceaux aux méandres souvent nébuleux. Il faut dire que le chant de Jérôme Deres ne nous sera pas d’un grand secours. Desservie par cette mise en son affreuse, sa voix évolue du Black Metal à un registre clair atypique et théâtral. Malheureusement les vocalises qui nous sont infligées deviennent rapidement un véritable chemin de croix sur lequel nous cheminons vers le Golgotha.

Nous citerons toutefois les moments les moins défaillants, qui, à défaut de satisfaire, sauront offrir un visage plus accueillant à cet album. C’est le cas pour "Watcher’s Line", aux mélodies vocales pour une fois intéressantes et à la construction bien plus digeste, qui recèle en son sein un break d’orgue lugubre. En tirant sur les draps, "Le Marin Des Mers De L’Ouest" bonus du digipack, éveillera la curiosité et nous remémorera les combos Heavy Metal français des 80s. Signalons en fin de compte le pompier et atmosphérique "Song For The Autumn Lady", au chant féminin mélancolique qui semble illustrer un conte pour enfants.

Évitons de lister les nombreux écueils qui jonchent le parcours du combattant qui attend l’auditeur, cependant sachez que la seconde partie de la galette est encore plus abrupte. En effet, après l’abscons "A Strange Family" et le calamiteux "Two Disturbing Souls", le pompon revient à "The Time Of Broken Gates Part 2" dont l’extrême médiocrité acoustique atteint des sommets, avant que l’inutile "La Venue Du Grand Brouillard" n’ait raison de notre volonté.

En dépit de son envie de bien faire, la triste réalité a rattrapé FOREST OF SOULS qui a sans doute souffert lors de la conception de son œuvre autant que nous à son écoute. Il est évident que les défauts évoqués deviennent des obstacles importants pour la compréhension et l’appréciation de cet opus, qui rejoindra soit les étagères des irréductibles collectionneurs, soit les greniers poussiéreux.