Cela commençait mystérieusement…

Une introduction mêlant claviers sur fond de bruitages guerriers laissant progressivement place à la pure distorsion roots de nos Marshall chéris. On ne savait pas trop où cela allait nous mener mais le Heavy Metal aimait depuis des temps immémoriaux mettre son auditeur dans de bonnes dispositions. Le logo assez Black Metal du groupe et cette pochette sépia martelait par un titre fort et court des ambitions guerrières ne souffrant pas le renoncement. Puis le Heavy Metal, teinté de Power se répandit, comme nous nous y attendions, avec son lot de rythmiques grasses, de double pédale et de vocaux puissants.

À ce moment-là tout semblait encore possible. On notait bien vite la présence d'un claviériste, auquel on n'imaginait mal trouver sa place auprès des Américains. En effet, plus proche de 3 INCHES OF BLOOD que de SAVATAGE, malgré quelques œillades appuyées ("Lycanthrope"), le Heavy réactionnaire de ZANDELLE n'offrit sur "Perseverance" que peu d'espace pour Josh Tuckman (que je ne prononcerai pas à la Française, afin de ne pas devenir vexant).

Il fut en réalité la clef… Celle du mal-être profond qui agitait ZANDELLE et qui le vit se fourvoyer totalement dans une musique d'un autre âge, trop artisanale et dénuée de talent pour espérer se faire une place au soleil. Les arpèges et autres grigris de clavier venaient cacher la misère en essayant de sauver les meubles (le final de "Innocence Lost") quand ce rôle n'était pas dévolu aux chœurs ("Avenger Of The Fallen", très certainement le seul titre à sauver de cette livraison 2015).

ZANDELLE n'aurait rien été sans la "Perseverance" de son leader George Tsalikis qui persiste et signe avec un cinquième album livré par le biais de Pure Steel Records à l'été 2015. Comment un groupe pratiquant un Heavy aussi générique et peu inspiré peut avoir défié toutes les lois existantes ? La notion de beau est totalement galvaudée et piétinée par ZANDELLE qui réussit l'exploit de pratiquer un style antédiluvien sans avoir de carburant à mettre dans son moteur, d'idées à aboutir, de travail sur les compositions, sur les arrangements ou les structures. La palme revient au refrain de "Innocence Lost" où une ligne de chant visiblement récupérée d'une mouture de morceau se retrouve collée sur la musique du quintette. Du coup ça ne va absolument pas ensemble. Autre exemple, la décélération gérée de manière catastrophique à la fin de "Midnight Reign", dommage, il s'agissait sans nul doute du passage le moins chiant du morceau.

Mais le point noir qui vint parachever le tableau fut l'interprétation engagée de George Tsalikis… Le vocaliste n'avait jamais été un ténor de renom par le passé, mais sur "Perseverance" il parvenait à surpasser ses élans de médiocrité, livrant son lot de faussetés sur l'ensemble des morceaux ! Ainsi, l'album qui avait déjà secoué l'auditoire par sa vacuité parvenait à se torpiller lui-même et achever les quelques irréductibles qui avaient juré de défendre le Heavy Metal à la vie à la mort.

Ce mauvais TOKYO BLADE est, il faut le reconnaître, admirable de "Perseverance". Sans la moindre évolution de son discours et de ses capacités musicales, il livre le troisième mauvais sosie de "Twilight On Humanity". En 2002, on se croyait en 1982 et c'est encore le cas en 2015.